Le vieux sur la falaise, Nathalie Le Gendre, Oskar

Antoine, dont les parents viennent d’acheter un camp de camping dans une ville de Bretagne, est ( enfin ! ) en vacances avec sa petite sœur Malou.

Seulement voilà : Malou est sourde, indépendante et quelque peu surprotégée par ses parents ; Antoine vit mal le fait qu’ils soient pleins d’attention pour leur fille cadette handicapée. Bougon, il refuse d’apprendre à signer, ce qui ne facilite guère la communication…

Heureusement, Antoine s’est fait un ami de son âge, Désiré.

Un jour, Malou se lève tôt, quitte la maison et… disparaît.

Antoine et Désiré partent à sa recherche. Aurait-elle, comme la veille, été surprise par la marée – et récupérée par… « le vieux qui vit sur la falaise » ?

Le vieux, c’est Yvan Kermarrec, un homme solitaire et devenu muet qu’on soupçonne d’avoir été, il y a 20 ans, le responsable de la mort, en mer, de sa femme et de sa fille de huit ans…

En réalité, Malou a commis l’imprudence d’aller chez le vieux afin de lui donner un dessin pour le remercier de lui avoir sauvé la vie la veille. Comme il était absent, elle s’est glissée pour l’attendre et lui faire la surprise dans le coffre de son bateau de pêche, où elle s’est endormie. Sauf qu’Yvan est revenu et est parti pêcher en mer en ignorant la présence d’une passagère clandestine !

En pleine mer, quand il voit Malou sortir du coffre, il est d’autant plus mécontent et contrarié qu’il sait qu’on le jugera responsable de cette disparition – voire d’un rapt ! Et puis cette jeune sourde ressemble tant à sa fille, qu’il a perdue, et qui était elle aussi sourde…

Peu à peu, le vieux muet ( qui sait signer, lui ! ) et la jeune sourde s’apprivoisent…

C’est là une histoire simple et belle, que les collégiens les plus réticents à la lecture dévoreront d’une seule traite. Il y a beaucoup de pudeur dans les portraits : celui d’un frère aîné jaloux – et qui se jugera coupable de la disparition de sa sœur ; celui d’une fille que son handicap coupe du monde – et enfin, celui d’un homme brisé par un accident, muré dans le silence, la solitude, et rejeté par une population qui le soupçonne du pire.

Nathalie Le Gendre évite tout manichéisme. Elle nous livre un récit plein de tendresse, qui finit bien ( mais sans forcer le trait ni heurter la vraisemblance ). Et elle nous brosse le portrait d’un ado qui prend conscience, grâce à cet incident, du handicap d’une sœur qu’il a jusqu’ici rejetée pour des raisons dont il ne porte pas la responsabilité.

Lu dans son unique version, un moyen format noir ( c’est un polar ! ) dont l’illustration de couverture est particulièrement originale et réussie.

CG

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