Une brève histoire du temps ( Du big bang aux trous noirs ), Stephen Hawking, Flammarion

Faut-il encore présenter le physicien Stephen Hawking ? Né en 1942, il a développé dès 25 ans la maladie de Charcot et pensait n’avoir que deux ou trois ans à vivre. Handicapé, il a dû subir une trachéotomie qui l’a privé de l’usage de la parole – mais il est toujours là !

Ayant récemment vu le ( très beau ) film Une merveilleuse histoire du temps ( James Marsch, 2015 ), qui relate sa vie sentimentale et professionnelle, j’ai retrouvé dans ma bibliothèque son best seller publié en 1988, que j’avais, en son temps acheté et dévoré – Une brève histoire du temps  est sorti en France en 1989..

Et je l’ai relu. Avec un plaisir multiplié.

Même si l’astronomie a fait, en trente ans, des progrès considérables ( on a découvert et répertorié plus de 3 000 exoplanètes ! ), la physique, elle, affronte les mêmes problèmes : comment concilier la relativité générale et la mécanique quantique ? Ou, pour poser la question autrement, quelle théorie unifiée pourrait « faire des quatre forces qui expliquent l’univers*… une force unique » ?

Stop ! allez-vous me rétorquer, ce débat est réservé aux spécialistes !

Pas d’accord.

Evoquons d’abord les sujets qu’aborde Stephen Hawking : au-delà du temps ( le sujet de sa thèse de doctorat et celui de son ouvrage ), l’auteur relate d’abord chronologiquement les progrès effectués dans notre vision de l’univers : la prise de conscience que :

  • la Terre est ronde, affirmation d’Aristote en… 340 avant J.-C. !

  • qu’elle tourne autour du soleil, comme les autres planètes ( Copernic, en 1514 )

  • la gravitation universelle gouverne le mouvement des astres ( Newton, en 1687 )

  • notre système solaire fait partie d’une galaxie ( Herschel, en 1785 )

  • notre univers est constitué de galaxies ( Curtis, vers 1920 )… qui s’éloignent les unes des autres ( Hubble, en 1929 )

  • espace et temps sont liés ( Einstein, théorie de la relativité générale, 1916 )

  • l’infiniment petit obéit à des lois différentes de celle de la relativité ( Feynman, Planck, Heisenberg, Dirac, vers 1930 )

Certes, arrivé à la page 100, la vulgarisation des phénomènes de la physique quantique semble une gageure ; mais le lecteur néophyte pourra au moins se familiariser avec les constituants de l’atome, protons, neutrons ( donc les quarks ), neutrons – avec les photons et les ondes… et les phénomènes qui régissent l’infiniment petit.

Préfacé par Carl Sagan, dédié à sa première épouse ( Jane ), ce livre de vulgarisation peut à mes yeux toucher un large public, y compris celui des lecteurs qui sont des novices en matière d’astronomie et qui aimeraient aborder les grands problèmes de notre temps en matière de physique.

Est-ce bien nécessaire ? Je le crois.

Je pense même que la plupart de nos comportements égoïstes, naïfs ou de courte vue viennent du fait que l’astronomie contemporaine n’occupe pas de place dans l’enseignement. Prendre conscience que notre planète est une magnifique exception – et que l’Homme ( son intelligence, sa capacité à expliquer – provisoirement - l’univers ) est un phénomène miraculeux, peut-être unique, cela permet de mesurer la fragilité de notre existence et la responsabilité qui nous incombe de tenter de la préserver, de la perpétuer…

Hélas, même « civilisé », l’Homme du XXIe siècle continue à « passer cette vie en véritable bête brute », comme le disait Sganarelle dans le Don Juan de Molière.

Quand on sait qu’aux Etats-Unis, le futur ministre de l’Education est un créationniste convaincu, je me surprends à penser que notre planète serait peut-être mieux gouvernée par des philosophes et des scientifiques comme Stephen Hawking, Axel Kahn ou Hubert Reeves, dont le dernier message est un véritable cri d’alerte pour les générations futures.

Si vous manquez d’ambition ou de temps pour vous plonger dans Une brève histoire du temps, alors consacrez du moins cinq minutes à entendre ce court enregistrement :

http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/moi-president-2017/hubert-reeves-moi-president-je-ferai-en-sorte-que-l-humanite-cesse-de-saccager-sa-planete_1966187.html

Haut de page