Le Blog de Christian Grenier, auteur jeunesse - Divers2023-09-23T13:22:14+02:00Christian Grenier - Patrick Moreauurn:md5:bcf22dadeae01ba3e41851b26d5df902DotclearDavid Circé Questions 17 18 19, pour le fanzine L’Étoile Étrangeurn:md5:045659fe62b690e857e35ecc530a3fcf2020-10-26T18:31:00+01:002020-10-26T18:31:00+01:00Christian GrenierDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>17.
Les gangsters de l’édition existent, j’en ai rencontré, quels
sont vos conseils à l’auteur naïf pour les éviter et se protéger
des dommages considérables que ceux-ci peuvent lui causer ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>Premier
conseil</strong> : proposer son manuscrit à un
véritable éditeur, qui vous proposera alors un contrat avec un
à-valoir ( une avance, qui tourne autour de 2 000 euros dans le
secteur jeunesse ) et des droits d’auteur, c'est-à-dire un
pourcentage : 5, 6, 8 ou 10% du prix de vente hors taxe de
chaque volume vendu, rarement plus hélas dans le secteur jeunesse.
Autrement dit : faites-vous publier par un éditeur qui, chaque
année, vous versera des droits en fonction des ventes et non par un
organisme qui se prétend éditeur mais vous demandera... de l’argent
pour éditer votre ouvrage !
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Lassés
par les refus répétés de leur manuscrit, l’auteur débutant peut
se laisser séduire par cette formule. Ils auront le plaisir de se
voir à la tête de 500 ou 1 000 exemplaires de leur ouvrage. Et
après en avoir fait cadeau à leurs parents et amis, ils auront bien
du mal à é couler ce qui reste, faute d’un réseau de
diffusion et de distribution. De tels organismes vous publieront,
sans aucun doute – parfois sans même relire votre texte. Un
éditeur authentique, lui, aura peut-être des exigences, vous
demandera de modifier ou d’améliorer tel passage. C’est le rôle
d’un directeur littéraire. Mais il vous paiera !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>Deuxième
conseil</strong> : une fois le contrat en main,
ne pas le signer avant de l’avoir lu en détail et prendre contact
avec un organisme ( La Charte, la S.G.D.L. ) qui lui fournira un
« contrat-type ». Ou encore confier le contrat à un ami
écrivain qui le lira et pointera d’éventuelles anomalies.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>Troisième
conseil</strong> : ne pas hésiter à modifier le
contrat en barrant certaines clauses et en changeant les chiffres. Ne
pas redouter que l’éditeur se fâche et refuse de vous publier –
s’il a accepté votre récit, c’est qu’il y tient. En revanche,
il se peut qu’il soit inflexible sur certains points, surtout si
l’auteur débute. Mais ça ne coûte rien à l’éditeur de
prévoir un <em>pourcentage progressif</em> :
passer de 7 à 8% de droits au-delà de 15 000 exemplaires,
c’est légitime. Quand un ouvrage se vend bien, la réédition
coûte moins cher qu’un premier tirage.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Enfin,
ne pas hésiter à <strong>dialoguer avec le directeur
littéraire</strong> ( ou le comptable ),
notamment s’il demande des modifications, ce qui est fréquent dans
le domaine jeunesse. Le responsable de la collection connaît son
public, ses lecteurs et les prescripteurs. Il est souvent de bon
conseil. Mais vous avez aussi le droit d’être têtu, quitte à ce
que la sortie de l’ouvrage soit remise en cause – ça m’est
arrivé !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>À
propos de Philippe Ebly</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>18.
Dans votre interview par Francis Valery dans Bifrost 7 en 1998, vous
citez Philippe Ebly comme étant avec vous l’un des rares auteurs
jeunesse spécialisé en Science-fiction jusqu’aux années 1990.
Vous vous êtes notamment croisé dans les salons littéraires, mais
avez-vous animé ensemble un atelier d’écriture, ou débattu d’un
thème de Science-fiction ou encore a-t-il adhéré à la Charte des
auteurs jeunesse ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Non,
Philippe Ebly et moi n’avons jamais assuré ensemble d’atelier
d’écriture, ni même vraiment débattu de la science-fiction.
Sauf, peut-être, au cours d’un symposium sur la SF à Bruxelles au
début des années 90.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Philippe
Ebly était d’une discrétion et d’une modestie étonnantes. Il
prenait peu la parole et ne se mettait jamais en avant. Aussi, je
n’ai jamais osé l’interroger sur sa vie personnelle – il
avait vingt-cinq ans de plus que moi et je m’en aurais voulu d’être
indiscret. Sa conception de l’écriture était simple et à
l’entendre, dépourvue de toute ambition : plaire à ses
jeunes lecteurs, les distraire, ce qui n’excluait pas de les faire
réfléchir sur les situations dans lesquelles il plaçait ses héros.
J’ai toujours ignoré ses rapports avec Hachette mais je crains
qu’il n’ait pas été très exigeant. Non, Philippe Ebly n’a
pas adhéré à La Charte. Sans doute pour de multiples raisons, la
première étant qu’il était belge. Je ne me souviens pas lui
avoir parlé de La Charte qui, dans les années 90, avait d’ailleurs
une antenne en Belgique ( et une autre à Québec, animée par Cécile
Gagnon )</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Aussi,
bien que fondateur de notre association, je n’ai jamais été
prosélyte, même quand l’adhésion à La Charte était gratuite !
L’un des articles précise, en effet, que l’auteur s’engage à
confier un double de ses contrats au secrétariat. La Charte tente en
effet d’obtenir des éditeurs non seulement les meilleures
conditions possibles, mais aussi à ce que tous les auteurs soient
traités de la même façon. Ce qui, en théorie, contraint un
nouvel auteur à modifier les ( et à augmenter les chiffres des )
conditions de son contrat, ce qu’un début hésite souvent à
faire. Cette clause a peut-être rebuté Philippe Ebly, pour des
raisons que j’ignore. Parfois, un auteur se juge si bien traité
par son éditeur qu’il préfère que ses camarades l’ignorent.
D’autres fois ( et c’est plus fréquent, je le crains ), ses
conditions sont misérables, il en a un peu honte et refuse d’en
faire part.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Plus
vraisemblablement, la modestie de Philippe Ebly est peut-être la
cause de son silence et de sa discrétion. Je précise, pour nuancer
mes propos dans ce numéro de Bifrost ( dont je n’ai même pas le
souvenir ! ) que d’autres auteurs jeunesse - peu, c’est vrai
- s’étaient spécialisés dans la SF, ne serait-ce que Christian
Léourier. Mais le plus productif ( et le plus populaire, sans doute,
quand on connaît les tirages de la Verte à l’époque ! )
était Philippe Ebly.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>19.
Lorsque le déclin de la Bibliothèque Verte s’est accéléré à
la fin des années 1980, Philippe Ebly a été « remercié »
et ses romans n’ont plus été réédités chez cet éditeur ;
est-ce que, si vous aviez été directeur de collection jeunesse
alors, vous auriez lu et réédité ses premiers romans, ou bien
auriez-vous souhaité publier de nouveaux romans, de nouveaux héros ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Répondre
à cette question est bien difficile aujourd’hui. Si <em>Folio-Junior
SF</em> avait perduré, je ne pense pas que
j’aurais tenté de rééditer les séries de Philippe Ebly - je
crois que Pierre Marchand s’y serait d’ailleurs opposé.
Pourquoi ? Déjà parce que la tranche d’âge n’était pas
la même : les lecteurs des <em>Conquérants
de l’Impossible</em>, des <em>Evadés
du Temps</em> et des <em>Patrouilleurs
de l’an 4003</em> avaient dix ans – au mieux,
ils étaient en Sixième. Et quand on lit <em><strong>Niourk
</strong></em>ou<em><strong> Journal d’un
monstre</strong></em>, on comprend que les jeunes héros
d’Ebly étaient loin de ceux de Stefan Wul ou de Richard Matheson.
Les textes de <em>Folio-Junior SF</em>
touchaient des ados, pas vraiment des enfants. Ensuite, ces ouvrages
faisaient partie d’une série, et ce n’était pas le genre de
<em>Folio-Junior</em>. Enfin (
et surtout ? ), il aurait fallu racheter les droits de ces
ouvrages à un groupe concurrent. Bref, cela aurait représenté trop
d’obstacles.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Mais
le problème se serait passé différemment si j’avais été
responsable d’une autre collection, chez un autre éditeur.
C’est d’ailleurs ce qui s’est produit – non pas pour moi,
mais pour Laurent Genefort : chez Degliame, dans la collection
<em><strong>Le Cadran Beu</strong></em>,
il a republié certains titres des séries de Philippe Ebly. Une
belle initiative ( même si les ventes n’ont pas été au
rendez-vous… mais Degliame, ce n’est pas Hachette ! ) qui
rappelle d’ailleurs son rôle, chez Bragelonne, quand Laurent a eu
l’heureuse ambition de créer la collection <em>Les
trésors de la SF</em>. Les séries de Philippe
Ebly figurent désormais en bonne place dans l’histoire de la SF
jeunesse. Nul doute que leur auteur a suscité de nombreuses
vocations, et que , faute de rééditions, un hommage à Philippe
Ebly s’impose.</p>Questions de David Circé, pour le fanzine L’Étoile Étrange (8)urn:md5:6c4024b25e8066d4e411f5fa7b4921762020-09-28T18:46:00+02:002020-09-28T18:46:00+02:00Christian GrenierDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal">16. Vous êtes
cofondateur avec Robert Bigot en 1975 de la Charte des auteurs et
illustrateurs
pour la jeunesse (qui est un syndicat d'auteur / illustrateurs, si j'ai
bien
compris en parcourant le site web). Comment cela s’est fait alors et
pourquoi
cela s'est fait alors (et pas avant ?) ?</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify">Les trois fondateurs de La Charte, en mai 1975, sont
William Camus, Pierre Pelot et moi. Robert Bigot nous a rejoints ( avec
six
autres auteurs jeunesse ) en septembre de la même année. S’il n’a jamais
été
secrétaire ou président, il est resté la fidèle mémoire de La Charte. J’ai
d’ailleurs remis ses archives à La Charte une semaine après son décès.</p>
<p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify">Au départ ( et aujourd’hui encore ) La Charte des auteurs
et des illustrateurs n’est pas un syndicat, même si elle en a la fonction.
Elle
est née à la suite d’une invitation qui a mal tourné et que j’ai souvent
relatée par le menu – voir plus loin. </p>
<p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify">Pourquoi en 1975 et pas avant ? Parce que les auteurs
jeunesse étaient peu nombreux, une vingtaine ! La plupart exerçaient
un
autre « vrai métier », ils considéraient l’écriture comme un
hobby et
n’avaient pas les exigences des professionnels. Mais voilà : dans les
années 70, la littérature jeunesse prenait un véritable essor. Avec la
création
des CDI ( en 1973 ) et du collège unique ( en 1975, réforme Haby
loi n° 75-620
), la demande des enseignants se modifia. Les auteurs d’ouvrages pour la
jeunesse furent de plus en plus sollicités pour intervenir dans les
classes,
échanger avec les jeunes lecteurs, expliquer leur pratique – voire animer
des
ateliers d’écriture. Ce qu’ils faisaient sans être rétribués.</p>
<p class="MsoNormal" style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify">Voici, extrait de mon essai <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Je suis un auteur jeunesse</em></strong>,
les conditions dans lesquelles la Charte est née…</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Juin
1975... Je me retrouve dans un train de nuit en compagnie de William
Camus, Pierre Pelot et sa femme Irma. Nous avons été invités par
un organisme, <em>Lire en
Bretagne</em>, dont
l’organisateur, Yvon Dupré, doit nous accueillir à Auray vers
quatre heures et demie du matin. Pas question de dormir, d’autant
que nous sommes ravis de nous retrouver et de papoter.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Dès
notre arrivée à la gare, le ton est donné : il fait nuit, il fait
froid et il pleut... La chaleur et la cordialité d’Yvon nous
réchauffent. Très vite, nous faisons connaissance, sympathisons,
nous tutoyons. Très organisé, Yvon nous annonce :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
J’ai loué deux voitures. Vous vous déplacerez seuls dans les
collèges. Vous trouverez sur le siège du passager le programme de
vos journées. Vous avez votre permis, bien sûr ?</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Ah non, fait Pelot. Je ne sais pas conduire. Irma non plus.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Moi, j’ai bien le permis, dit William qui a même été pilote de
course en Argentine. Mais je l’ai laissé à la maison.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Par
chance, j’ai le mien dans ma poche. Dès que nous sortons de la
gare, Yvon me désigne une Renault 5, m’en confie des clés et
déclare :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Allez d’abord à votre hôtel, l’<em>Auberge
des Ajoncs d’or</em>. Vous vous
y reposerez une heure avant de commencer vos rencontres.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Déjà,
il monte dans sa voiture avec les Pelot. Je proteste :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Je te suis, ne va pas si vite !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Oh, rassure-toi, tu as un plan dans la voiture ! A tout de suite.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Le
temps que William et moi rangions nos valises dans le coffre, que je
m’installe au volant et trouve les commandes des phares et de
l’essuie-glace, Yvon a disparu dans la pluie et la nuit.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> A
côté de moi, penché sur la carte, William entreprend de me guider
jusqu’à cette mystérieuse auberge des Ajoncs d’or...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
A la prochaine intersection, tu tournes à trois heures. Un kilomètre
plus loin, à neuf heures.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> William
n’a jamais su reconnaître sa gauche de sa droite ( cela lui a
souvent posé problème sur le plan politique ). Tandis qu’Auray
s’éloigne, la pluie redouble de fureur. Vers cinq heures moins le
quart, William me déclare enfin en relevant le nez :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Et voilà, en principe nous sommes arrivés !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Hélas
non : nous roulons sur un chemin de terre qui s’achève en impasse,
sur un champ d’artichauts. En faisant demi-tour, je m’embourbe -
et subis les critiques et sarcasmes de mon coéquipier. Enfin, nous
pouvons repartir - mais nous sommes crottés, fourbus, trempés.
Quant à revenir à Auray et tenter de retrouver la bonne route,
c’est une opération qui se révèle plus longue et difficile
qu’écrire un chapitre en commun...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> A
six heures du matin, ce jeudi 5 juin, la Charte n’existe pas
encore. Sans que nous le sachions, elle est déjà en train de naître
au fur et à mesure que montent notre fatigue et notre
exaspération... Car à l’aube, nous errons toujours sur les
routes, à la recherche des mystérieux Ajoncs d’or.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Quand
nous rejoignons la fameuse auberge, il est près de sept heures. Nous
avons à peine le temps de monter déposer nos bagages dans nos
chambres et d’avaler un petit déjeuner : il faut repartir sur les
routes à la recherche des collèges et lycées où William et moi,
moins d’une heure plus tard, allons devoir nous rendre pour parler
de <em><strong>Cheyennes 6112</strong></em>
devant des centaines d’élèves.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Le
soir, à bout de forces, nous retrouvons à table les Pelot assis à
côté d’autres invités. Là, nous faisons la connaissance de la
discrète Claude Cénac, auteur Magnard, de Laurent de Brunhof ( le
fils du créateur de <em><strong>Babar</strong></em>,
Jean de Brunhof ) ainsi que de la jeune Martine Lang, qui travaille
depuis peu chez Flammarion. Nous connaissons la plupart des autres
invités : Catherine Scob et son attaché de presse Charles-Henri,
Raoul Dubois, Michel Mesmin et Germaine Finifter, critiques de
littérature jeunesse ainsi que Jean Ollivier, René Moreu et sa
femme Madeleine - l’équipe de direction des Editions Vaillant.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Deux
jours durant, l’ambiance est conviviale et chaleureuse. William
joue tour à tour les pitres, les séducteurs, les provocateurs et
les Peaux-Rouges-maltraités-par-les-Blancs-oppresseurs.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> C’est
le vendredi soir, je crois, que les choses se gâtent. Notamment au
dessert, quand Yvon se lève et déclare :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Chers amis, j’ai le plaisir de vous annoncer que nous prenons votre
chambre financièrement en charge. Mais pour les repas, il serait
souhaitable que vous régliez la note tout de suite...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Un
silence gêné s’installe. Docile, je sors mon porte-monnaie.
William me jette alors à voix très haute :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Christian, tu paies pour moi ? Tu sais qu’en animation je n’ai
jamais un sou puisque...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Il
ralentit le débit et achève en articulant avec soin :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
D’habitude, nous sommes toujours pris en charge.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Plus
direct, Pelot déclare à notre hôte :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Eh, Yvon, tu aurais pu nous prévenir !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Encouragé,
William se lève et pointe Yvon du pouce :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
J’ai même l’impression que tu nous prends pour des poires ! Je
résume : ton organisation nous invite pendant trois jours. Tu nous
fais voyager de nuit et rencontrer des centaines de gamins. Et ce
soir, tu nous apprends que nous devons faire face à nos repas ! Tu
ne veux pas aussi qu’on paie le voyage ?</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Justement, avoue Yvon avec embarras. Pour vous le rembourser, ça va
poser problème. Peut-être que vos éditeurs ?...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Cette
fois, c’est au tour de Catherine Scob de pâlir.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Viens, Christian ! me dit William. Ramasse ton argent. On fait nos
bagages et on repart.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Difficile
: la SNCF vient d’entamer une grève-surprise, nous condamnant à
rester ( à nos frais ! ) aux Ajoncs d’or.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Nous
privant volontairement de dessert - c’est dire combien la situation
semble grave - William et moi emboîtons le pas aux Pelot qui,
solidaires, regagnent leur chambre. Nous les y suivons. Là, assis
tous quatre sur le lit, nous faisons le point. Déjà, notre décision
est prise : nous ne verserons pas un sou et ne quitterons pas les
lieux avant que le trajet nous soit remboursé. Et pour éviter
désormais de telles mauvaises surprises, nous improvisons un code
déontologique auquel devront obéir ceux qui nous solliciteront :
ils devront par écrit s’engager à rembourser notre voyage, à
assurer notre hébergement...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Et à nous payer ! ajoute William, excédé. Après tout, ces
interventions méritent salaire ! Pelot et moi, nous ne vivons que de
notre plume, c’est du temps que nous ne consacrons pas à notre
écriture. Quant à toi, Christian, ce sont tes jours de repos que tu
sacrifies car tu pourrais les passer en famille !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Revendicatif
et financier, le débat dévie tout naturellement vers le problème
des à valoir et des droits d’auteur. Jusqu’ici, aucun de nous
n’avait eu la curiosité de mettre à plat nos contrats.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Quoi ? répond Pelot à Camus, chez <em>Rouge
& Or</em>, pour un <em>Grand
Angle,</em> on te donne huit mille
francs et dix pour cent ? Moi, on m’a toujours proposé quatre
mille francs d’à valoir et six pour cents de droits ! Et toi,
Christian ?</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Cinq mille francs et sept pour cent.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Incroyable
: on nous a fait des conditions différentes pour un ouvrage publié
dans la même collection ! Et on nous a glissé à l’oreille le
même discours prudent :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Vous êtes l’auteur le plus favorisé de la maison ! Surtout, ne
parlez de ces chiffres à personne...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Justement,
j’ai très envie d’en parler à tout le monde !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Nous devons nous communiquer nos contrats. Et nous aligner désormais
sur le plus intéressant.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
C’est à dire sur le mien, dit William qui, malicieusement ajoute :
c’est normal que mes conditions soient exceptionnelles : de nous
trois, je suis le meilleur ! Dans une collection pour adultes, j’ai
même publié un best seller.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">-
Et alors ? grogne Pelot. Tu penses qu’un auteur adulte est meilleur
qu’un auteur jeunesse ? Moi, j’écris des romans de SF au Fleuve
Noir, je vais en sortir un chez Robert Laffont. Je ne vois pas en
quoi mon travail serait plus soigné ou plus respectable !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Du
coup, la conversation roule sur les différences existant entre la
littérature adulte et jeunesse. Comme nous publions dans ces deux
domaines, nous tentons d’en cerner les limites littéraires. Si
c’est, à mes yeux, l’aspect le plus passionnant, c’est aussi
le plus difficile... et le moins urgent.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> Mais
ce soir-là, grâce à l’incident provoqué par Yvon Dupré, ce
mouvement qui ne s’appelle pas encore la Charte est né : nous
prenons rendez-vous pour ameuter en septembre le plus grand nombre
d’auteurs. Afin de créer avec eux une association qui abordera les
problèmes spécifiques aux auteurs jeunesse...</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><mark>Quelques
précisions : en septembre, nous n’étions que sept. Et
quarante en 1982, quand La Charte est devenue une association Loi de
1901 et que leurs membres m’ont élu président. Aujourd’hui, en
2019, La Charte compte 1400 adhérents – et certains auteurs ou
illustrateurs jeunesse n’en font pas partie, c’est dire que la
situation a évolué !</mark></p>Le Code et la Diva, Christian Grenier, Le Rouergueurn:md5:5e106443131698cb03d644781643750c2020-06-16T18:44:00+02:002020-09-19T10:20:47+02:00Christian GrenierDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/couv_GF/306_le_code_et_la_diva_2020.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">Non, je n’ai pas la
prétention de
faire ici la critique de mon ouvrage !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">Toutefois, mon webmaster
me
suggère vivement… d’informer mes lecteurs de la sortie de mon thriller
au moyen
du blog hebdomadaire.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><br />
Le plus simple me semble d’en livrer ici quelques extraits
significatifs.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">Avec le résumé du prologue
de 4
pages :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style: normal"> </em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">En 2009, Gérard Gémeaux, 68 ans,
chef
de l’entreprise JFT, ouvre un compte bancaire en bitcoins, une
monnaie
virtuelle qu’un ami à lui vient de créer. Ce dernier lui conseille
d’imaginer
un code secret long et complexe qu’il ne divulguera jamais, pas même
à ses
fils.</em></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">L’action commence 11 ans plus
tard</em>.</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center;mso-line-height-alt: 24.0pt;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 309.6pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt" align="center"><span style="font-size:26.0pt;letter-spacing:-.15pt"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center;line-height:24.0pt; tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 309.6pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt" align="center"><span style="font-size:18.0pt;letter-spacing:-.15pt">1<sup>er</sup>
mouvement : <em style="mso-bidi-font-style:normal">andante</em> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center;line-height:24.0pt; tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 309.6pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt" align="center"><span style="font-size:18.0pt;letter-spacing:-.15pt"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center;line-height:24.0pt; mso-hyphenate:none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt" align="center"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:18.0pt;letter-spacing: -.15pt">HÉRITIERS</span></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="mso-line-height-alt:24.0pt;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 309.6pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:26.0pt"> </span></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Mon père est mort.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Depuis
une
semaine, c’était la première pensée de Rémi quand il s’éveillait. Ce
matin-là, dans le Boeing qui le ramenait à Paris s’y ajoutait l’amer
regret : <em style="mso-bidi-font-style:normal">et j’ai raté son
incinération</em>.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Elle
avait
eu lieu la veille, au Père Lachaise, alors que Rémi, bloqué à La
Réunion,
attendait que s’achève la grève des contrôleurs aériens.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
releva
son siège et inclina sa tablette pour y poser l’un des plateaux
qu’apportait l’hôtesse. Un haut-parleur annonça :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Bonjour ! Nous sommes le mardi 20 octobre 2020. Nous atterrirons à
7H35
comme prévu. Il fait 14° au sol à Orly…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Sa
voisine,
déjà réveillée (elle lisait <em style="mso-bidi-font-style:normal">Le
Figaro
</em>de la veille) saisit le plateau qu’elle posa devant lui. Il la
remercia même si, dès le décollage, il s’était montré réservé et
peu
disert avec cette jeune femme qui cherchait à lier connaissance. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
avait
d’autres soucis en tête…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
s’était
rendu à La Réunion pour céder devant notaire son Domaine de la rivière
bleue et ses trente bungalows à Margot, avec laquelle il avait rompu. À
peine
arrivé là-bas, il avait reçu un appel de Bohuslav : en se rendant
chez
Robert, son fils aîné, Gérard s’était crashé contre l’un des platanes
qui bordent
le canal de Girinville. Sa colonne vertébrale avait été touchée.
Défiguré, la
mâchoire en loques, il avait bredouillé le prénom de Rémi pendant son
transfert
à Bichat. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Reviens le plus vite possible,
Rémi !</em>
l’avait supplié Bohuslav. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Margot
était
parvenue à échanger son billet avec celui d’une locataire d’un
bungalow ; mais entre-temps, Gérard Gémeaux avait succombé à ses
blessures. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Pour
couronner
le tout, une grève des contrôleurs aériens avait entraîné
l’annulation de tous les vols au départ de La Réunion, empêchant Rémi
d’organiser les obsèques. La grève se prolongeant, il avait chargé Bohu
de les
assurer. Faire appel à Robert – ou plutôt Bob, comme il exigeait
désormais
qu’on le surnomme ? C’était exclu, voilà des années que l’aîné s’était
fâché
avec son père.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Au
téléphone,
le Tchèque avait paru dévasté par le chagrin. Gérard et lui
s’étaient connus au collège, en sixième. Le jeune Slave venait d’arriver
à
Paris, en proie à du harcèlement et des quolibets. Gérard l’avait pris
sous son
aile ainsi qu’un jeune Marocain, Mohamed (dit Mo) qui, une fois JFT coté
en
bourse, deviendrait son fidèle chauffeur.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Restait
un
mystère : le SMS laconique que Gérard avait adressé à Bob la veille
de
son accident... Pourquoi voulait-il se rendre chez son fils aîné ?
Envisageait-il enfin de se réconcilier avec lui ? Interrogé, Bohu
n’avait
aucune réponse à cette question.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Vous êtes le fils de Gérard Gémeaux ? lui demanda sa voisine en
interrompant
ses ruminations.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Devant
sa
mine interloquée, elle lui désigna le journal.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Son décès a été annoncé. Et hier, j’ai entendu votre nom à l’appel des
passagers. Vous lui ressemblez, on vous l’a dit ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Elle
pointa
de l’index la photo jointe à l’article. Il approuva en soupirant.
Encouragée, elle chuchota avec un sourire attristé :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Toutes mes condoléances. Dites-moi, votre père était bien la
dix-neuvième
fortune de France ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non : la trente-neuvième, mademoiselle. Vous avez mal lu.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
sècheresse
du ton la dissuada de poursuivre. Être le fils d’un riche homme
d’affaires rendait certaines femmes très intéressées. Et Rémi n’était
pas
pressé de remplacer Margot.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
songeait
à la tentative d’intrusion dans l’appartement de son père qui
avait eu lieu cinq heures après son décès… alors que personne n’était au
courant - sauf le SAMU, son frère et Bohu. Quelqu’un s’était introduit
sur la
terrasse (en escaladant sans doute le balcon d’un appartement voisin) et
avait
fracturé le volet. L’alarme l’avait fait fuir et alerté les voisins.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Un
hasard ?
Il n’y croyait pas. (…)</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Son
esprit
se remit à vagabonder du côté de Girinville où vivait Bob. Comment
pouvait-on perdre le contrôle de son véhicule à cet endroit où la
route,
longeant le canal, était rectiligne ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
dernière
fois qu’une réconciliation avait été esquissée, c’était au cours du 75<sup>ème</sup>
anniversaire de leur père, un somptueux repas aux <em style="mso-bidi-font-style: normal">Misters de Paris</em>, le restaurant que Bohu avait ouvert près de la
mairie du XVIIIème – la communauté gay avait adopté le lieu, les
serveurs y
étaient des boys accortes et stylés. Gérard avait invité ses deux fils à
dîner.
Contre toute attente, Robert était venu. Mais il n’avait pas desserré
les
dents. Au dessert, leur père avait commis une erreur : leur faire
entendre
un morceau de musique étrange et solennel, un poème en allemand chanté
par une
cantatrice : <em style="mso-bidi-font-style:normal">O Mensch, gib
acht !</em> J’aimerais qu’on diffuse ça pendant mon enterrement,
leur
avait-il confié. Robert avait ricané et il était parti sans écouter la
fin. Depuis, il
n’avait plus fait signe à son père.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">L’atterrissage
du
Boeing arracha Rémi à ses réflexions. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">L’avion
n’était
pas encore arrêté que la plupart des passagers s’étaient levés, y
compris sa voisine qui le priait de l’aider à sortir son bagage. Elle
lui
tendit la main pour un au-revoir furtif plein d’espoir... </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
lui
fit signe d’avancer, comme à vingt autres passagers avant de se lever
pour
s’engager dans la travée. Il grimaça en dépliant ses jambes : douze
heures de vol,
c’était beaucoup, même en classe premium, surtout quand on mesurait un
mètre
quatre-vingt-cinq. Il se sentit soudain très fatigué…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">À
quarante-deux ans, après quoi courait-il ? Cherchait-il à imiter
son
père ? Le rattraper ? Le dépasser ? Que voulait-il se
prouver à
lui-même ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Gérard
Gémeaux,
lui, avait su s’arrêter : une fois veuf, il s’était séparé de ses
propriétés pour se réfugier dans le quartier de son enfance. À deux pas
du
restaurant où le Tchèque, à quatre-vingts ans, continuait de travailler…
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Dans
le
hall, Rémi fut l’un des premiers à pouvoir récupérer sa valise, ce qui
lui
permit d’échapper à sa voisine de vol. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Une
fois
le dernier portail franchi, il se dirigeait vers la file d’attente des
taxis quand il eut la surprise d’apercevoir Bohuslav. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ils
tombèrent
dans les bras l’un de l’autre.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je suis si content de te retrouver, mon petit.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">L’ami
d’enfance
de son père avait le front dégarni, des poches sous les yeux et de
nouvelles rides au coin des lèvres. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Sa
longue
moustache en guidon de vélo, d’ordinaire triomphante, semblait en deuil.
Bohu avait toujours été un athlète qui savait encaisser les coups – et
Dieu
sait si, en tant que gay, il en avait subis. Rémi n’était jamais parvenu
à le
tutoyer. Il lui parut vieilli, usé, même si son costume clair (un peu
trop
clair pour la saison), restait impeccable. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Vous avez mauvaise mine. Vous semblez épuisé.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Oui. J’ai dû affronter pas mal de formalités. Et ce n’est pas ton frère
qui
aurait pu s’en charger. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je sais. D’ailleurs papa ne l’aurait pas voulu. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Bon, je te passe le relais. Eh,
laisse-moi au moins ton bagage à main !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Refuser
l’aurait
vexé. Le Tchèque entraîna Rémi dans le parking souterrain et l’invita
à monter dans une C3 Citroën.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
La même que celle qu’avait loué ton père, soupira-t-il.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Comme
la
plupart des Parisiens, Bohu n’avait plus de voiture. Au besoin, il en
louait
une chez <em style="mso-bidi-font-style:normal">Locacli</em>, porte de
Clignancourt, à deux stations de métro de son restaurant. Il lui désigna
le
joli cahier gris ourlé d’argent posé sur le siège passager.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Les condoléances de ceux qui ont assisté à l’incinération hier.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tout s’est bien passé ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Oui. J’ai obéi aux instructions que Gérard m’avait laissées…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ces
instructions,
c’était une feuille imprimée que Bohu avait insérée dans le
cahier. Rémi possédait la même, son père la lui avait confiée dix ans
auparavant. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
y
jeta un nouveau coup d’œil : </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt"><em style="mso-bidi-font-style:normal">L’idéal serait une crémation au
père
Lachaise. On trouvera sur mon bureau une petite clé USB blanche dont
la
bande-son contient les musiques destinées à être diffusées pendant la
cérémonie. L’urne
contenant mes cendres sera placée près du cercueil de mon épouse
Aline.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et de ton côté, à La Réunion, poursuivit Bohu. Margot ?...</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Elle va bien. Elle s’est trouvé un nouveau compagnon. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Déjà ! (…) Votre liaison a bien duré trois ans ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Trois ans et demi. Mais c’est ma faute, Bohu : je m’attache à des
femmes
trop jeunes.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
Tchèque,
lui, avait vécu en couple avec un homme décédé depuis une quinzaine
d’années. Quarante-cinq ans de fidélité. Peu d’hétéros pouvaient en
compter
autant. Depuis la disparition de son compagnon, il ne s’était plus
jamais
affiché avec un autre homme. Il restait muet sur sa vie privée.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et tu lui as cédé ton terrain, et les bungalows ? Un peu maso,
non ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
sourit.
Il avait toujours été un gentil. Une question d’éducation, il n’y
pouvait
rien. Souvent, il en était meurtri et il en voulait à ses parents -
surtout à
sa mère qui lui avait enseigné une morale catholique : tendre
l’autre
joue, présenter des excuses à ceux qui lui marchaient sur les pieds.
C’était
devenu un réflexe, il en était irrité. Il se jurait de veiller à devenir
vindicatif mais le naturel reprenait le dessus.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je reste actionnaire, Bohu. Et intéressé aux bénéfices. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Son
psy
lui avait expliqué que dans un couple existaient souvent un dominant et
un
dominé. Le dominé, il le savait, ce serait toujours lui. C’était Margot
qui
avait rompu. Il avait refusé de se battre. Il savait le combat perdu. Il
s’en
remettrait, il avait l’habitude… </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Tandis
que
la C3 s’engageait avec difficulté, au pas, sur un périph engorgé, il
révéla
à l’improviste :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
J’envisage de vendre aussi mon domaine des Trois Rivières, en
Guadeloupe. Je
garderai celui des Landes, j’y suis domicilié.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Cette
décision,
il venait de la prendre. Oui, il voyageait beaucoup, beaucoup trop, lui
reprochait son père qui déplorait les tonnes de carburant produites par
les
charters de touristes : deux millions de personnes volent en
permanence
au-dessus de la Terre, lui avait-il appris un jour.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Longtemps,
Gérard
avait espéré que son fils cadet deviendrait un artiste. Un peintre ou un
écrivain. Rémi avait choisi une autre voie. D’une certaine façon, lui
aussi avait
fait fortune. Alors pourquoi, à force de vouloir bien gagner sa vie,
avait-il
peu à peu l’impression de la perdre ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Jette un coup d’œil sur le cahier de condoléances, on a tout le
temps !
lui conseilla le Tchèque en désignant le panneau lumineux qui
affichait : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Porte de
Clignancourt 24 minutes</em>.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
parcourut
les commentaires ; élogieux et brefs, ils n’avaient rien
d’original. En marge, leurs auteurs avaient laissé leur signature
(souvent
illisible), parfois leur nom et leur prénom. Plus rarement une adresse
mail ou
un numéro de portable. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Neuf
fois
sur dix, Rémi n’aurait pas pu mettre un visage sous le nom du
signataire.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Beaucoup de monde, à la crémation ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Une centaine de personnes. Peut-être un peu plus.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Robert était là ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Oui. Nous nous sommes salués. Je l’ai perdu de vue pendant la cérémonie.
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Parlez-m’en, Bohuslav. Il y a eu des discours ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Quatre ou cinq, entre chaque extrait musical.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est vrai, papa avait tout prévu. Vous avez trouvé la clé USB ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Sur son bureau, près du carnet d’adresses. C’est moi qui ai accueilli
les
participants. J’ai remercié nommément d’être venus ceux que je
connaissais.
J’ai lu un bref hommage à ton père et invité ceux qui le souhaitaient à
venir
me rejoindre au micro pour parler de Gérard.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Quels sont ceux qui l’ont fait ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
D’abord Cazenave. Puis Mériaux, le plus vieil actionnaire. Il
semblait
bouleversé ; il a versé des torrents de larmes. Niogret a pris
aussi la
parole, il a lu un texte en vers de mirliton. Très mauvais. Plus
personne ne
s’est manifesté et il a fallu enchaîner deux ou trois morceaux. Pendant
l’un
d’eux, une inconnue nous a fait face pour chanter sur la musique.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Elle a chanté ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Oui, un lied en allemand. Très au point. Impressionnant. À la fin de sa
prestation, les participants ont applaudi. Moi aussi. Et ça n’a choqué
personne. J’imagine que Gérard aurait été ravi.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
soupira
; aujourd’hui, on applaudissait pendant les enterrements. Après tout,
en Guadeloupe, voilà bien longtemps qu’on accompagnait le cercueil en
fanfare.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Cette femme, vous la connaissez ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non. Enfin... il se peut qu’elle ait accompagné ton père une ou deux
fois, dans
mon restaurant, il y a cinq ou six ans. Mais je vois passer tant de
gens !
Un peu plus tard, entre les deux derniers morceaux, Lasoufrière a voulu
prendre
la parole. Il
a improvisé, c’était touchant mais interminable. J’ai dû l’interrompre.
Une
heure vingt s’était écoulée et la moitié des gens étaient partis. À la
fin de
la cérémonie, j’ai serré pas mal de mains... difficile de me souvenir de
tous
ceux avec qui j’ai échangé. Ça n’en finissait pas. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Pas grave. Et puis je dispose de ce cahier. Il me permettra de répondre
aux
condoléances.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
L’urgence, c’est de te rendre à la gendarmerie de Boisseux. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je sais. Un commandant m’a appelé plusieurs fois. Je dois y récupérer
les
affaires de papa. Sa pochette, son téléphone... (…) Et Carl, vous l’avez
vu ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Oui. Je l’ai aperçu de loin, au Père Lachaise, à l’extérieur. Ton frère
s’est
éclipsé très vite avec lui. Et c’est très bien ainsi. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Carl
hébergeait
Robert dans un pavillon qu’il squattait. Voilà des années que Bob
était sous l’emprise de ce petit malfrat. Au grand désespoir de Gérard…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et la tentative de cambriolage de l’appartement ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Sans
quitter
la route des yeux, le conducteur hocha la tête.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu soupçonnes Carl et ton frère, n’est-ce pas ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Avant
qu’il
puisse répliquer, Bohu révéla :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Moi aussi. Mais le mercredi 14, à 20 heures, au moment où l’on tentait
de
forcer le volet de la baie vitrée, nos deux lascars se trouvaient à la
gendarmerie de Boisseux. Ils y avaient été convoqués. Un alibi en
béton !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
C3
était enfin parvenue porte de Clignancourt.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Au fait, les cendres de papa ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
L’urne est toujours là-bas. J’ai pensé que tu serais content de la
déposer
toi-même à côté du cercueil de ta mère. Pour l’ouverture du caveau,
il
faudra prendre rendez-vous, tu t’en chargeras ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bohuslav
laissa
le véhicule chez <em style="mso-bidi-font-style:normal">Locacli</em>. Il
voulut entraîner Rémi vers le métro.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Écoutez, je préférerais marcher. La rue Ramey n’est pas si loin. Et j’ai
une
valise à roulettes. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
était
étonné d’être aussi satisfait de retrouver la ville. À dix ans, il
haïssait la foule. Toujours, il s’était promis de vivre au vert.
Seulement
voilà : la Guadeloupe, les Landes et La Réunion étaient de plus en
plus
fréquentées. Et se frayer un passage parmi les vacanciers sur une plage
ou sous
des pins lui semblait incongru, presque indécent. Ici, boulevard Ornano,
il
n’était pas choqué d’être cerné de passants, de voitures, de bâtiments.
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ils
contournèrent
la mairie et parvinrent au croisement des rues Ramey,
Ferdinand-Flocon, Marcadet et Eugène-Sue. Le restaurant était là, toutes
lumières allumées malgré l’heure matinale.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu entres boire un café, manger un ou deux croissants ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non, on nous a servi un petit déjeuner dans l’avion. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Viens donc dans l’arrière-cuisine. J’ai les vêtements de Gérard. Ils
sont dans
un état… tu veux les récupérer ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je n’y tiens pas, Bohuslav. Faites-en ce que vous voudrez. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Bon. J’ai sa montre, son alliance, sa carte Vitale… j’ai récupéré tout
ça à
l’hôpital. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
les
sortit de sa poche. La montre était très ordinaire. Un jour, son père
lui
avait déclaré : une montre est là pour donner l’heure, pas pour
montrer au
premier venu qui te la demande que tu paies l’I.S.F..</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
J’aimerais rejoindre son appartement. Vous avez les clés ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Comme tu voudras. Les voilà.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Dès
qu’il
les eut en main, une peur irraisonnée le saisit. Cette passation de
pouvoir était brutale, inattendue. Un sentiment jailli de la petite
enfance,
l’impression de ne pas être prêt.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ces clés, je vous en confierai un double. Je veux que vous puissiez
continuer à
entrer dans cet appartement. Bohuslav... vous voulez bien m’accompagner
jusque-là ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ils
n’eurent
que cent mètres à faire. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Au
bas
de l’immeuble, alors que le Tchèque tapait un chiffre sur le digicode,
une
voix familière les héla.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Salut ! On vous attendait.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">C’était
Robert.
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
portait
son vieux blouson d’aviateur, une horreur que son frère
affectionnait
depuis toujours. Deux pas en retrait se tenait Carl, comme en embuscade.
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
lança
joyeusement :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Vous allez bien depuis hier, mister Griocek ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bohuslav
ne
semblait pas ravi.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Vous nous guettiez depuis quand ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Robert
avait
saisi son frère aux épaules et il le serrait contre lui, dans un geste
d’affection inhabituel. Négligeant de saluer le Tchèque, il désigna le
bistrot
qui faisait face à l’impasse.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je savais que vous viendriez tous les deux ici. Rémi m’avait transmis
l’heure
de son arrivée à Orly. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu aurais pu aussi bien m’attendre à l’aéroport, Bob !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je me doutais que le vieux copain de Gégé s’en chargerait. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Carl
n’avait
pas bougé. Son costume clair sans cravate ne parvenait pas à dissimuler
son allure de mauvais garçon. Peut-être à cause de sa coupe de cheveux
négligée, de son dos voûté et de ce sourire supérieur qui ne quittait
pas son
visage buriné. Si Bohuslav ne lui accorda pas un seul regard, Rémi se
força à
aller lui serrer la main.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Vous allez bien, Carl ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ouais, c’est cool.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Entre-temps,
la
porte de l’immeuble s’était ouverte. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
Tchèque
fit signe à Rémi d’entrer. Mais Robert le devança. Furieux, Bohuslav
lui barra la route de son bras. Bob n’insista pas mais il grogna
doucement :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Là, mec, va y avoir un problème.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Prenant
son
frère à témoin, il ajouta :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu veux monter dans l’appartement de Gégé ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Bien sûr. Là-haut, il y a des choses à faire. Ne serait-ce que répondre
à ceux
qui se sont rendus à l’incinération. Au fait, Bohuslav, le carnet
d’adresses
?...</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je l’ai remis à sa place. Sur le bureau. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Papa a toujours laissé les clés de son appartement à Bohu, expliqua
Rémi. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je sais. Mais ça, c’était hier. Ce matin, t’es là. Et les clés,
maintenant, tu
les as.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">C’était
vrai :
il les tenait à la main.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et l’appart, il est à nous. À nous deux. Moi, j’ai le droit d’y
pénétrer. Au
même titre que toi. Mais pas lui. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Pour
la
première fois, Robert et Bohuslav s’affrontèrent du regard. Ce dernier
capitula en contenant visiblement sa fureur.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je te laisse, Rémi. Si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
Tchèque
poussa du pied le bagage dans le vestibule et recula d’un pas. Carl en
profita pour avancer jusqu’au seuil.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et lui ? fit alors Bohu d’une voix égale sans esquisser un geste.
Dis-moi,
Bob, il a le droit de t’accompagner, lui ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Pendant
une
seconde de flottement, on n’entendit plus que le ronflement des voitures
dans la rue Ramey, toute proche. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Carl ? jeta enfin Rémi. Tu vas nous lâcher les baskets. Et nous
laisser
gentiment entrer dans l’appartement. Seuls.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Comme
l’autre
grimaçait, Bob finit par approuver :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
OK, on fait comme ça, les gars. Carl ? Retourne au bistrot. Et
attends-moi
là-bas.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center;line-height:24.0pt; mso-hyphenate:none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt" align="center">*</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Quand
la
porte du vestibule se referma sur eux, Rémi fut soulagé. Les frères
prirent
l’ascenseur ; ils n’échangèrent pas un mot jusqu’au huitième et
dernier
étage. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
palier,
illuminé par une verrière, était impeccable, à l’image de cet immeuble
dont Bohuslav avait présidé à l’édification. C’était l’une des rares
constructions récentes de ce quartier de Montmartre, protégé par
l’architecte
des bâtiments de France.<span style="mso-spacerun:yes"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">À
côté de l’appartement de Gérard Gémeaux se trouvait un deux pièces
occupé par
un couple de retraités. Rémi les savait absents pendant la moitié de
l’année.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Qu’est-ce que t’attends ? fit Bob.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
se
décida à ouvrir la porte – blindée, munie de trois serrures. Cet
appartement, il le connaissait. Il avait pourtant l’impression de violer
un
tombeau.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Robert
entra
le premier. Au même instant, une horloge toute proche sonna, égrenant
lentement neuf coups. Comme pour saluer leur arrivée,<span style="mso-spacerun:yes">
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Incroyable ! jeta Bob en désignant le carillon Henri II sur le mur
du
vestibule. Cette mocheté est toujours là ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
n’avait
pas tort : l’objet, incongru, n’aurait pas coté vingt euros en
brocante. Mais il avait appartenu à la grand-mère de leur père et il ne
s’en
était jamais séparé.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
ouvrit
la fenêtre vitrée de la pendule et appuya sur un interrupteur.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est quoi ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
L’alarme. Avant de sortir de l’appartement, tu la mets en fonction. Tu
as
trente secondes pour sortir. Quand tu entres, tu as trente secondes pour
la
neutraliser. Le dispositif complet se trouve dans le placard. Le
trousseau a
aussi un biper qui permet de désarmer l’alarme. Mais je ne m’y fie pas,
la pile
peut tomber en panne.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
OK, tout ça, c’est bon à savoir.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
avisa,
entre le carillon et le fameux placard, un panneau de bois garni de
plusieurs trousseaux. Il s’empara du premier, identifiable grâce au
biper gris
identique à celui du trousseau de Rémi.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est le double des clés de l’appart, non ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
À première vue, oui.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu vois un inconvénient à ce que je le garde ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Son
frère
avait raison : il disposait des mêmes droits que lui. En même
temps,
il repensa à l’effraction de l’avant-veille. Dont ni Bob ni Carl ne
pouvaient
être les auteurs. Résigné, il déposa valise et bagage à main dans le
vestibule
et maugréa :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu es vraiment pressé.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ouais. Et contrarié que ce foutu pédé ait pu entrer ici avant nous.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
En l’absence de papa, Bohuslav venait comme il le voulait. Carl t’a
confié
sûrement confié ses clés, non ? Tu vis toujours avec lui ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Pas avec, mec ! On n’est pas des tantouzes. Carl m’héberge dans son
pavillon, c’est un pote, voilà tout.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
faillit
protester, ce pavillon n’est même pas le sien ! Mais il changea de
sujet. Avec Bob, la dispute n’était jamais loin.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Qu’est-ce que tu redoutes, Robert ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Pardi, qu’il ait pu accéder au compte bitcoin ! D’ailleurs,
il a
encore des actions dans la société, non ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est ridicule.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Pas
une
seconde il n’imaginait que Bohuslav ait eu des visées sur l’argent de
son
plus vieil ami.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
D’après toi, qui en possède le code d’accès ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Cette
question,
Rémi ne se l’était encore jamais posée. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
À mon avis personne. Personne d’autre que papa.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
On est d’accord. Et il est mort. Ce qui signifie que la voie est libre.
Il ne
t’a pas confié le code ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu sais bien que non. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Son
frère
ne semblait pas mettre sa parole en doute.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ce code, Gégé l’a forcément noté quelque part. Ici. Dans son appart. À
côté de
son ordinateur.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Allons, il devait le connaître par cœur !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Impossible.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
certitude
de son frère l’ébranla.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Attends, Bob… quand tu te connectes sur un compte bancaire ou sur ta
messagerie, tu ne connais pas ton mot de passe ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non, pas toujours. Chaque mois, plein de sites me demandent de le
modifier. En
glissant ici ou là une majuscule, un chiffre, un point virgule ou des
guillemets. Alors je finis par me mélanger les pinceaux. Faut bien que
je note
quelque part à qui ou à quoi correspond mon nouveau password ! Pour le
compte
en bitcoins, la clé d’accès est longue. Compliquée. Tordue. Impossible
de s’en
souvenir. Il a fallu que Gégé la note, crois-moi.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Eh… comment peux-tu savoir tout ça ? Tu possèdes déjà un compte
bitcoins ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non. Mais j’aimerais bien. Et tant qu’à faire, je prendrais volontiers
le
relais de celui de pa... de Gégé. Avec toi, bien sûr.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Dans
la
pénombre, les frères s’affrontèrent en silence. Ici, dans ce vestibule
ne
filtrait que la vague clarté du séjour voisin, dont l’unique
porte-fenêtre
était fermée par un volet roulant. Celui que des intrus avaient tenté de
forcer
six jours auparavant.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Avant qu’on aille plus loin, reprit Bob, j’aimerais que ce soit clair
entre
nous. Jusqu’ici, j’ai eu une vie de merde.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
s’interrompit,
attendant une réplique du genre, mais ça tu l’as bien cherché.
Rémi ne réagit pas, il ne voulait plus tomber dans ce piège.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu vois, j’aimerais qu’on reparte à égalité. Même si le vieux m’a
défavorisé.
Il me détestait.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non, Bob. Tu te trompes. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Maman, elle, m’aimait. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ce
souvenir
brutal fut murmuré à mi-voix. Un silence. Puis :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Surtout quand j’étais petit...</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Aline
avait
eu un rôle dans le méchant destin de leur fils aîné : après l’avoir
chouchouté, cajolé, elle l’avait délaissé six ans plus tard, quand son
second
fils - lui, Rémi - était né. De ce combat souterrain, il était sorti
vainqueur.
Sans effort, ignorant du conflit qui l’avait transformé malgré lui en
ennemi aux yeux de son aîné : perdant buté et dépité, ce
dernier
s’était enfoncé dans la défaite avec un plaisir masochiste. Aujourd’hui,
il
allait avoir cinquante ans et <em style="mso-bidi-font-style:normal">toute
une
vie bien ratée</em>, comme l’avait titré autrefois Pierre
Autin-Grenier.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Bob ? Je ne crois pas que papa t’a déshérité.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Attends... tu ne <em>crois</em> pas ? Qu’est-ce que t’entends par
là ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Il a laissé un testament chez son notaire.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Quoi ? Tu le savais et...</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je n’en savais rien ! C’est Trébuchet qui m’a appelé et me l’a
appris, il
y a trois jours.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Trébuchet ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
L’expert-comptable de papa – enfin, de JFT.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
laissa
échapper un ricanement.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est bien ça : Gégé laisse un testament et ses enfants sont même
pas au
courant ! On parie qu’il abandonne sa fortune aux restos du
cœur ? Ou
aux apprentis d’Auteuil ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Non, il n’a pas pu faire ça.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Rappelle-toi : quand on était ados, Gégé nous a dit qu’il nous
ferait pas
de cadeau ! Il jugeait l’héritage injuste ! </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Exact.
Rémi
se souvenait que leur père répétait en public : <em style="mso-bidi-font-style: normal">de quel droit les enfants disposent-ils des biens que leurs parents ont
si durement acquis pendant leur vie ?</em> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Devenu
homme
d’affaires, il avait gardé des principes de gauche. Pire :
utopistes.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Il a dû s’arranger pour me déshériter !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Inutile de gamberger, Bob. On va prendre rendez-vous chez le notaire. On
sera
vite fixés.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Autre chose. Rassure-moi : Gégé était domicilié en France ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Oui. Tu sais bien qu’il vivait ici. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
La propriété de Neuilly ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Il s’en est séparé depuis belle lurette.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et sa petite maison au Maroc ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Il l’a vendue à la maman de Mo, tu ne t’en souviens pas ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Son fidèle chauffeur. C’est vrai : ce bougnoule a bien su
l’exploiter, lui
aussi ! Gégé lui a fait un vrai cadeau.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Pourquoi toutes ces questions ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Parce que si t’es domicilié à l’étranger, c’est le moyen de contourner
la loi française
si tu veux déshériter tes enfants. Tu te rappelles, la succession de
Johnny ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Excédé,
Rémi
soupira, voilà une demi-heure qu’ils débattaient dans le vestibule. Il
prit son frère par l’épaule et l’entraîna dans le grand séjour où Robert
jeta
son blouson d’aviateur sur le canapé avant de renchérir :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
En tout cas, pour le compte bitcoin, on fera le partage cinquante
cinquante.
Quoi qu’il arrive. T’es d’accord ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
On n’en est pas là, Bob. Si ça se trouve...</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Stop ! Regarde-moi dans les yeux.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">C’était
un
jeu datant de leur petite enfance. Jusque là, aucun d’eux n’avait
triché. En
un éclair, dans les traits prématurément vieillis de son frère, il
entrevit le
jeune adulte qu’il avait connu, à l’expression fraîche et bienveillante.
Un
aîné prêt à guider un petit frère mal dégrossi, timide et peu sûr de
lui.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Répète après moi : je suis d’accord, que ce soit toi ou moi qui
déniche le
mot de passe et quel que soit le contenu de ce foutu testament, on
partage ce
que contient le compte bitcoin.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt">À cet
instant,
il pressentit que Bob en savait plus que lui. Et il devina qu’accéder à
ce
compte n’était pas gagné. Si leur père avait gardé le code en mémoire
sans le
noter quelque part, l’argent serait perdu. Pour eux. Mais sans doute pas
pour
la banque virtuelle. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"> </em></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">(Pour craquer le code, Carl
propose aux deux frères de faire appel à une hackeuse surnommée
La Mouche.
</em></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Extrait du chapitre 3) :</em></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
ouvrit
le fichier, sous Word, qui contenait une seule page et sur une seule
ligne, la mention : N.I.V. Bank Ok&!w9/*jX.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ça confirme, grommela-t-il. C’est bien son identifiant. Reste le mot de
passe…
où l’a-t-il fourré ? Peut-être sur l’un des fichiers des autres
comptes
bancaires.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ouvert,
chacun
des fichiers révéla l’historique et les dernières évaluations des biens
de leur père. Sans surprise. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
fichier
<em style="mso-bidi-font-style:normal">Testament</em> proprement dit, lui
aussi sous Word, commençait par : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Voici
mes
dernières volontés. Si je me trouve, par accident ou par maladie, dans
un
état de souffrance tel que…</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
lut
la suite à mi-voix. Quand il arriva à :<em style="mso-bidi-font-style: normal"> Jugeant que le décès entraîne la disparition du corps… </em>son frère
l’interrompit.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est la copie du document que papa nous avait remis, à Bohuslav et à
moi. Le
compte bitcoin n’y est pas mentionné.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
explora
rapidement le contenu des autres fichiers. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
plus
important, <em style="mso-bidi-font-style:normal">Musique</em> comportait
des
centaines d’œuvres enregistrées, classées là aussi par ordre
alphabétique
d’auteur. Rien dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">Vidéo</em>.
Rien dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">Jeux</em>.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
revint
à l’accueil, il ne cachait pas sa contrariété.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
deuxième
sous-dossier de <em style="mso-bidi-font-style:normal">Documents</em>
avait été baptisé <em style="mso-bidi-font-style:normal">Journal</em> <em style="mso-bidi-font-style:normal">intime.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
l’ouvrit.
Vingt-cinq fichiers Word apparurent, baptisés : <em style="mso-bidi-font-style:normal">année
1996, 1997</em>… jusqu’à <em style="mso-bidi-font-style:normal">année
2020</em>. Bob ouvrit le fichier <em style="mso-bidi-font-style:normal">année
2009</em> et il fit une recherche
sur le mot <em style="mso-bidi-font-style:normal">bitcoin</em>. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">À
la date du 22 février, l’auteur avait simplement noté : <em style="mso-bidi-font-style:normal">j’ai
créé un compte en bitcoins</em>. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Laconique.
Pas
question de la moindre clé. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
entreprit
une nouvelle recherche sur six mots : <em style="mso-bidi-font-style: normal">bitcoin, clé, mot de passe, password, compte</em> et <em style="mso-bidi-font-style:normal">code</em>.
Ils trouvèrent des dizaines
d’occurrences mais l’information n’était jamais accompagnée de chiffres
ou des
signes caractéristiques d’un mot de passe. Le rédacteur se contentait de
préciser : <em style="mso-bidi-font-style:normal">j’ai alimenté le
compte bitcoin</em>.
Ou : <em style="mso-bidi-font-style:normal">dépôt sur le compte B</em>.
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
recherche
sur le mot <em style="mso-bidi-font-style:normal">Retrait</em> ne donna
rien.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Il n’aurait jamais rien retiré ? demanda Rémi.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Faut croire.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
se
remit à explorer le journal intime.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Si le vieux a caché son code là-dedans, faudra des semaines pour le
dénicher !
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Rien ne prouve qu’il l’ait fait. À mon avis, papa l’a rangé dans un lieu
plus
sûr. Ou alors il le connaissait par cœur.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Impossible, confirma Carl qui était resté silencieux et se tenait un
mètre
derrière eux.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Impossible ? Et pourquoi ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ce code d’accès peut comporter jusqu’à 80 caractères. On est loin des
cinq
lettres d’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Aline</em> ! Tu as
vu
combien de temps La Mouche a mis pour craquer le code d’accès à l’ordi ?
C’est
à la portée du premier bidouilleur venu !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
80 caractères ? Tu es sûr ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Certain. T’es pas obligé d’en utiliser la totalité. Mais la
plupart des clients le font. Ils vont pas se contenter d’une clé à cinq
chiffres ou à huit lettres, trop de risques. D’ailleurs, ça serait
refusé par
les mineurs de la blockchain.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
réalisa
que Carl et Bob en savaient beaucoup plus que lui sur cette crypto
monnaie. Il joua les candides :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Mémoriser 80 caractères, ce n’est pas si compliqué. Ca peut être le
début d’un
poème. Une expression. Ou un dicton : <em style="mso-bidi-font-style:normal">on
a
souvent besoin d’un plus petit que soi… Percé jusques au fond du cœur
d’une
atteinte imprévue aussi bien que mortelle…</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Trop facile à décoder, assura Carl. Si une phrase a un sens, ou si elle
correspond à un extrait enregistré sur le Net, le code est aussitôt
craqué. Pas
vrai, La Mouche ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Depuis
le
canapé, l’interpellée approuva. Avant de préciser :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ton pote a quand même raison : le procédé classique, c’est une
phrase de
référence. Qu’on interrompt de chiffres ou de signes particuliers :
virgule, points, majuscules... À partir de <em style="mso-bidi-font-style:normal">comme
le
temps passe</em>, on peut créer le code : <em style="mso-bidi-font-style: normal">co7m.Me-l etEm4p&aSse</em>. Mais le plus sûr, ça reste un
enchaînement incohérent.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Montre-lui, La Mouche.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Elle
gagna
l’ordinateur et inscrivit, sans doute au hasard :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">1jG%oFQ3!4m$hiit&mVJ}YsxtCBH~MK4u9qghy</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Avant
de
préciser :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ici, on n’a que 38 caractères. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu doubles ce genre de truc, ajouta Carl. Et tu essaies de mémoriser ça…
bon
courage ! Le plus simple et le plus rapide, c’est de le noter
quelque
part sur ton ordi. Et de faire un copier-coller quand tu te connectes
sur ton
compte. Tiens, je l’imprime.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Trois
secondes
plus tard, une feuille A4 jaillissait et Rémi examinait la ligne
continue de caractères… C’était évident, mieux valait noter ce type de
clé.
L’enregistrer. Le garder à portée de main. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">D’instinct,
il
saisit le plumier.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Il y avait deux clés USB ici, ce matin ! Où sont-elles ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ici, dit Carl en les tirant de sa poche. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Quoi ? Eh, mais de quel droit…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je les ai prises tout à l’heure mais je te les aurais rendues,
mec !
Faudra vérifier ce qu’il y a dessus, of course !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Écoute, Carl…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
On se dispute et on discute dans le vide, coupa Bob. Tu te connectes sur
la
N.I.V. bank, identifiant : Ok&!w9/*jX, La Mouche ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ok&!w9/*jX. C’est fait.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Aussitôt
s’afficha
sur l’écran :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:center;line-height:24.0pt; mso-hyphenate:none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt" align="center"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Password ?</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
On y est. Vas-y, La Mouche. À toi de jouer.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
hackeuse
commença par vider sa deuxième canette de bière… et à décapsuler la
dernière. Sans
doute en prévision d’un temps de travail indéterminé.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Puis
elle
relia sa boîte magique à l’ordinateur. De petites lampes témoin
clignotèrent. Elle se mit à taper sur son clavier à une telle vitesse
qu’il
était impossible de la suivre. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Une
minute
s’écoula. Puis deux. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Carl
s’impatientait.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Alors ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ça travaille. Mais l’attaque par force brute est inopérante, au bout de
dix
échecs, il y a une heure d’attente. On va essayer de contourner la
difficulté
mais…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu sais ce qu’on t’a promis, La Mouche ? Bob et moi, on est
d’accord : si tu débloques le compte, on double la mise.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
hackeuse
haussa les épaules, une façon de dire que ça ne changeait rien à son
problème. Ce qu’elle traduisit par :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ça risque de prendre du temps. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Elle
retira
ses lunettes et soupira. Mauvais signe. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Beaucoup de temps, ajouta-t-elle avant d’entamer sa canette.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu précises ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
À ce rythme, un siècle ou deux.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu rigoles ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ben non. Il y a des milliards de milliards de possibilités. Et mon engin
est au
max de ses performances.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Carl
serra
les dents, contenant son impatience. Ou sa fureur.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Y a pas un matériel plus efficace ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Si. Un ordinateur quantique à 128 qubits. Ou le <em style="mso-bidi-font-style: normal">D-Wave</em>. Avec ses 2000 qubits, on craque tout ce qu’on veut.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et t’as pas ça chez toi ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Difficile, il coûte 15 millions de dollars. Et seules les entreprises de
cybersécurité ont le droit de se le procurer. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Bob
désigna
l’écran.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu peux déterminer la date de la dernière connexion ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
recherche
prit quelques secondes.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Voilà. Le 30 septembre. Il y a trois semaines.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ça correspond, murmura Carl avant que Bob ne suggère :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Et si Gégé s’était connecté hors de chez lui ? </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Pareil, assura La Mouche. La dernière fois qu’on a ouvert le compte
Ok&!w9/*jX,
c’était le 30 septembre, à 11H14. Garanti.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je vais vérifier sur son journal intime.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Carl
fit
signe à la hackeuse de se lever. Il examina le texte rédigé fin
septembre
où avait été sommairement noté : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Dépôt
sur
le C.B.. </em>Puis la mention laconique : <em style="mso-bidi-font-style: normal">Déjeuner MdP.</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Personne n’a touché au compte depuis cette date, en conclut-il. Pas de
lézard,
le compte est bon !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
rit
de son propre trait d’humour et se déconnecta. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Le
portable
de Rémi bourdonna. Il s’écarta du groupe pour répondre. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Monsieur Rémi Gémeaux ? C’est la gendarmerie de Boisseux. Vous êtes
à
Paris ? Vous pourriez passer dans nos locaux ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Aucun problème. Demain ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ecoutez, nous avons là une personne qui veut s’entretenir avec vous.
Vous
auriez une heure à lui consacrer, en fin d’après-midi ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je vais essayer. De qui s’agit-il ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
y
eut un bref silence - ou plutôt, au loin, une conversation à mi-voix.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Quelqu’un de la Brigade Criminelle.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Ce
fut
à son tour d’accuser le coup. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
C’est bon. J’essaierai d’être là avant 18 heures.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Du nouveau ? demanda son frère dès qu’il eut raccroché.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Eh, les mecs, je peux avoir de la bière ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
hackeuse
tendait à bout de bras sa canette vide, la troisième et dernière.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
J’y vais, dit Bob. Je descends.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je te suis, ajouta Carl en sortant son paquet de cigarettes.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Rémi
faillit
partir lui aussi. Mais il ne voulait pas laisser la hackeuse seule dans
l’appartement. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Dès
que
les deux hommes eurent claqué la porte, il demanda :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
La Mouche ? Comment Carl a-t-il pu découvrir que la clé du compte
comporte<span style="mso-spacerun:yes"> </span>80
caractères ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Elle
haussa
les épaules.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Pas compliqué. Suffit de créer un compte. D’y verser des bitcoins. Puis
essayer
d’en retirer. On te demande alors de taper ton code perso. Avec 80
caractères
maximum.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Tu peux connaître la somme qui figure sur le compte ? demanda-t-il
en
désignant l’écran.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Négatif. Pour le savoir, il faut entrer dedans. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">Il
décida
de jouer franc-jeu :</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Mon frère prétend connaître le total. À un poil près. D’après toi,
comment
a-t-il fait ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">La
hackeuse
fronça les sourcils, ce qui fit cliquer les épingles en argent qu’ils
supportaient.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Je sais pas. Mais si tu crèches à deux pas, c’est pas très compliqué
d’installer un mouchard sur l’ordi de ton voisin en utilisant le même
réseau
wifi. Ici, il y en a six ou sept, ajouta-t-elle en désignant à la fois
l’écran
et les immeubles d’en face. Faut aussi disposer du matériel. Et d’un
certain
savoir-faire. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Attends, tu as parlé d’un mouchard ?</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;line-height:24.0pt;mso-hyphenate: none;tab-stops:0cm 28.8pt 64.8pt 100.8pt 136.8pt 172.8pt 208.8pt 244.8pt 280.8pt 316.8pt 352.8pt 388.8pt 396.0pt">-
Ouais. Un logiciel espion qui te permettra de récupérer certaines
données.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Vous voulez accéder à d’autres extraits ? Allez sur <a href="https://www.noosfere.org/grenier/Accueil.asp">l’éditorial de
mon site</a>, vous les aurez d’un
clic, via <em style="mso-bidi-font-style: normal">Google Livres</em>.</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Vous voulez lire l'ouvrage intégral? Demandez-le à votre libraire préféré !</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><br /></strong></p>Questions de David Circé, pour le fanzine L’Étoile Étrange (7)urn:md5:74f38ad694cf83afd2b38e80c9a71d1c2020-04-27T18:43:00+02:002020-04-27T18:43:00+02:00Christian GrenierDivers <img width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" alt="" src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" />
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">13. Vous évoquiez à propos de Pif Gadget un « cœur de
cible ». Quel était le portrait-robot du lecteur vers 1985, et savez-vous si
cela a changé depuis ?</span></strong></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Dans les années 80, le
lecteur type était un garçon de dix ans. Avec des marges variables. Et le
lectorat a changé, évidemment – le <em style="mso-bidi-font-style:normal">Pif</em>
<em style="mso-bidi-font-style:normal">Gadget</em> d’origine a d’ailleurs
disparu ! Quand Jean
Ollivier m’a appelé pour entrer dans l’équipe, en 1985,
l’hebdomadaire plafonnait à 300 000 exemplaires alors qu’il se vendait
encore à 700 000 exemplaires douze ans auparavant (des chiffres qui font
rêver aujourd’hui ! Et mon héros <em style="mso-bidi-font-style:normal">Argyr</em>
n’a pas réussi à faire remonter les ventes !</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Les filles lisaient parfois <em style="mso-bidi-font-style:normal">Pif</em>. Les plus jeunes ne s’intéressaient
qu’aux BD et consultaient rarement les infos ou les pavés de texte. En 1985,
notre fils Sylvain avait 17 ans, il était en philo. Et selon son
humeur, il passait allègrement de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Placid et Muzo</em></strong> à la <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Critique</em></strong><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"> de
la raison pure</em></strong>. Je me souviens aussi des problèmes qu’avaient Roger
Lécureux et André Chéret (le scénariste et le dessinateur de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Rahan</em></strong>)
qui, pour la version algérienne de Pif (eh oui, il était vendu dans les pays
d’expression française !) devaient notamment rhabiller les personnages
trop peu vêtus - pour l’Afrique du Nord ou les pays de tradition
musulmane ! On peut en sourire ou s’en offusquer – mais Malraux, sur les
timbres, a perdu sa cigarette ; et Lucky Luke a troqué son mégot pour un
brin d’herbe…</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Aujourd’hui, le lectorat
s’est élargi ; bien des tabous (dessins, langage, etc.) se sont effacés…
ou ont changé. Le manga, la civilisation japonaise, Reiser et Zep (dont les
aventures de <em style="mso-bidi-font-style:normal">Titeuf</em> étaient destinées
aux adultes !) sont passés par là. D’ailleurs, en cinquante ans, la BD, domaine réservé aux
enfants, a gagné le public adulte. Un public qui, aujourd’hui, peut lire une BD
ou un manga dans le métro sans rougir (même si lire est devenu rare dans les
transports en commun !) Dans les années 70, ce n’était pas le cas :
il fallait voir le sourire goguenard des voyageurs qui me voyaient ouvrir une
Bibliothèque Verte… alors qu’eux-mêmes lisaient <em style="mso-bidi-font-style: normal">Point de vue & Images du monde</em> – autrement dit <em style="mso-bidi-font-style:normal">Gala</em> !</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">14. Ce profil de jeune lecteur est-il différent selon
l’éditeur ou la production de dessin animé ? De quels facteurs dépend-il ?
Ses parents ? Son niveau de lecture supposé ? Je pense aux Clubs des Cinq
des années 1970 où les personnages principaux maîtrisaient le subjonctif à
toutes les pages, et - à l’opposé - aux romans actuels pour les 10-14 ans qui
sont écrits au présent de narration et au passé composé !</span></strong></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Dans mes réponses à la
question 12, je crois (et je crains d’) avoir déjà répondu : le bon
profil, c’est la
tendance. Les parents ? Seuls les plus soucieux de
l’avenir de leur enfant ont le souci du bon choix. Ils s’intéressent à ce que
leur enfant lit et/ou voit. Ils exercent donc un contrôle et peuvent (en
dialoguant !) affiner et approfondir les lectures et les films ou séries
auxquels ils permettent à leurs enfants d’accéder.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Le <em style="mso-bidi-font-style: normal">niveau de lecture des enfants</em> ?<span style="mso-spacerun:yes"> </span>Il est de plus en plus flou. Et la question,
si on l’approfondit, peut nous entraîner très loin. Pour faire simple, disons
que ce n’est pas parce qu’on sait lire qu’on lit. Et qu’on comprend. Beaucoup
de parents, qui hésitent à acheter tel ou tel de mes livres et consultent l’âge
conseillé indiqué au dos par l’éditeur (<em style="mso-bidi-font-style:normal">12
ans et +, à partir de 7 ans</em>, etc.) m’affirment : <em style="mso-bidi-font-style: normal">Oh, Il (ou elle) a déjà lu tout Harry Potter !</em> Soit. Mais
comment l’a-t-il lu ? Qu’en a-t-il retenu ? Ma voisine (elle a 70 ans
et lit <em style="mso-bidi-font-style:normal">Sud-Ouest</em> tous les jours) n’a
jamais pu lire mon <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">OrdinaTueur</em>, </strong>accessible théoriquement aux12 ans et +. L’ouvrage lui tombe des mains. Et je connais des
enfants de CM2 (ils ont 10 ans) qui non seulement l’ont lu, mais ont dévoré mes
12 <em style="mso-bidi-font-style:normal">Enquêtes de Logicielle</em>… et ils ont
tout compris ! En revanche, je sais que certains ados de 15 ans, en 3<sup>ème</sup>,
n’iront pas au bout de la page 3. Le lectorat s’est diversifié et les habitudes
de lecture ont changé.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Le lecteur de Jules Verne de
1875 (un jeune bourgeois de 14 ans – l’école restait réservée à une élite)
ingurgitait sans mal les 600 pages de <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">20 000 lieues sous les mers</em></strong> – y
compris les interminables digressions et descriptions sous-marines des
holothuries ! A l’époque, il n’y avait pas la télé et les jeunes étaient
gourmands d’informations, surtout celles qui concernaient la géographie,
l’astronomie, l’Afrique (quasi inconnue) et toutes les sciences. Aujourd’hui,
avec son smartphone, un ado accède à des centaines de chaînes de télé et à des
milliards d’informations sur Internet. Le problème, c’est que ses centres
d’intérêt ont changé !</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Hachette a réédité des
versions « simplifiées » du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Club
des 5</em> (qui pourtant passait il y a 50 ans pour le degré zéro de la
lecture !) De nombreux éditeurs, aujourd’hui demandent en effet que le
récit soit rédigé au présent et à la première personne. Objectif : que le
jeune lecteur soit plongé dans l’action et qu’il ait l’impression de vivre
l’histoire. Comme si ces consignes suffisaient à rendre le récit attrayant !
Certains auteurs, aussi, utilisent dans leurs récits le langage des cours de
récré, quitte à être vulgaire, voire grossier – ou à utiliser des termes <em style="mso-bidi-font-style:normal">tendance</em> qui, dans trois ans, auront
disparu des conversations. Là, j’ai un doute : le vrai lecteur est-il
sensible à ce langage et à ces situations ? Est-il si content de
retrouver, écrits, ces termes réservés à l’oral et aux copains ? Pas sûr.
Je suis même certain que les jeunes qui utilisent ce langage… ne lisent pas, ou
fort peu. Et que les jeunes qui lisent ont d’autres exigences, et sont parfois
choqués de trouver dans un récit les termes qu’ils utilisent ou entendent entre
eux. </span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">En même temps, l’écriture
des auteurs évolue sans qu’ils s’en rendent compte : que leur ouvrage soit
destiné aux adultes ou aux enfants, les descriptions se font plus rares, les
dialogues plus incisifs et rapides ; et l’action avance plus vite
qu’autrefois, sous l’influence des images, de la télé… et des publicités. </span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">15. Vous avez été directeur de collection et vous en connaissez.
Quel est leur objectif ? Réussir une collection ? Maintenir le niveau
? Qu'est-ce qui facilite les choses, qu'est-ce qui peut faire obstacle ?</span></strong></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Dans ce domaine aussi, les
choses ont changé. Je suis devenu responsable de <em style="mso-bidi-font-style: normal">Folio-Junior SF</em> en… 24 heures. Impensable aujourd’hui. Le patron du
secteur jeunesse,
Pierre Marchand, m’a fait confiance sans me connaître. Quand
je lui ai demandé quel serait « mon comité de lecture », il a éclaté
de rire : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Ton comité de lecture ?
C’est toi ! Tu lis et tu choisis, sans rien demander à personne. Et si je
me trompe ? </em>ai-je risqué<em style="mso-bidi-font-style:normal">. Alors
on te vire !</em> a-t-il rétorqué – et il ne plaisantait pas. </span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Mes objectifs étaient
clairs : publier des recueils de nouvelles sur un thème particulier :
la nature, la voiture, les extraterrestres, les voyages temporels… Et aussi des
romans. À destination d’un public précis : les collégiens. Voilà quinze
ans que j’enseignais le français en collège et que je connaissais (comme disait
Jauss) <em style="mso-bidi-font-style:normal">l’horizon d’attente</em> des jeunes
lecteurs… et des professeurs. Je pouvais puiser dans le fonds <em style="mso-bidi-font-style:normal">Gallimard, Denoël</em> ou <em style="mso-bidi-font-style:normal">Mercure de France</em> (c’était le même
groupe – eh oui, c’est le <em style="mso-bidi-font-style:normal">Mercure</em> qui
avait traduit et publié <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">La
Guerre</em></strong><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"> des mondes</em></strong> de Wells ! mais
aussi solliciter des inédits chez mes camarades de la SF – ceux qui écrivaient pour
les adultes (Andrevon, Jeury, …) comme les auteurs jeunesse.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Le fait d’être seul juge
simplifiait mes choix. J’avais, c’est vrai, dix ans d’expérience chez Rageot
comme lecteur, correcteur et… rewriter. Le niveau ? Quand vous publiez
Bradbury, Matheson et Heinlein, les textes qui les côtoient doivent être à la
hauteur ! Qu’ils possèdent des qualités propres à séduire autant le
lecteur novice que l’enseignant. Pas simple. J’ai d’ailleurs commis des
erreurs, par exemple en publiant <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Le bréviaire des robots</em></strong> de Stanislas
Lem, qui s’est peu vendu. L’ado français des années 80 était peu sensible à
l’humour polonais ! Quand j’en ai pris conscience, Pierre Marchand a
haussé les épaules : - Pas grave, tu as ressorti <strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Niourk</em></strong>, ça compense largement !
Et <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Niourk</em></strong>
ne nous a rien coûté ! Et puis ton dernier inédit (<strong style="mso-bidi-font-weight: normal">Le tyran d’Axilane</strong> de Michel Grimaud) a décroché le Grand Prix de la SF (en 1983).</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Je sais que les enseignants
ont trouvé leur compte dans mes recueils de nouvelles, même si les ventes sont
restées modestes : 15 000 exemplaires par an en moyenne – un chiffre
que beaucoup d’éditeurs envieraient aujourd’hui ! </span></p>
<p>
<span style="font-size:14.0pt;font-family:"Times New Roman",serif;mso-fareast-font-family: "Times New Roman";mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language: AR-SA">L’obstacle ? C’est la concurrence ! Et de façon inattendue,
c’est chez Gallimard qu’elle a surgi. Avec <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Le Livre dont vous êtes le héros</em></strong>,
dont Christine Baker (qui découvrirait Harry Potter en 1997) a racheté les
droits. Bientôt, il se vendait autant de volumes de cette nouvelle série en un
mois que les miens en un an. Le livre-jeu a tué ma collection – mais
contrairement à ce dont m’avait menacé Pierre Marchand, il m’a demandé de
prendre le relais des Folio-Junior <em style="mso-bidi-font-style:normal">Et si
c’était par la fin que tout commençait</em>. </span></p>Questions de David Circé, pour le fanzine L’Étoile Étrange ( 6 )urn:md5:efdcf79ba3525a4433ecd3f519b9ad752020-03-16T19:08:00+01:002020-03-16T19:08:00+01:00Christian GrenierDivers <img width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" alt="" src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" />
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">12. En 1972, vous signez chez Magnard le guide <em style="mso-bidi-font-style:normal">Jeunesse et Science-fiction</em>. Quel est
alors l’état de la Science-fiction pour la jeunesse, par rapport :</span></strong></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">* à l’époque de Jules Verne et aux thèmes qu’il aborde
</span></strong></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">* aux exigences des éditeurs, des parents - voire des
lecteurs ?</span></strong></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">La SF</span><span style="font-size: 14.0pt"> pour la jeunesse, en 1970 ? Elle n’existait quasiment pas. Oui,
j’évoque 1970 car c’est l’année où Louis Magnard m’a commandé ce petit essai.
Pas étonnant puisque Roger Magnard (le père de Louis), avait créé en 1945 la
première collection de SF en France : <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Sciences et Aventures</em></strong>. Elle avait
été dirigée par Pierre Devaux qui venait de mourir. </span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Avec un tel titre, il était
difficile de ne pas offrir aux lecteurs une bibliographie… actualisée, si
possible. D’office, j’ai écarté la
BD et Jules Verne. La
BD, parce que l’intégrer était complexe, les magazines et les
albums étaient déjà très nombreux sans parler du fait que la BD, de tout temps, a jonglé
avec la SF, depuis
<em style="mso-bidi-font-style:normal">Zig et Puce</em> et <em style="mso-bidi-font-style: normal">Babar</em> en passant par <em style="mso-bidi-font-style:normal">Bibi
Fricotin</em> et <em style="mso-bidi-font-style:normal">Les pieds nickelés</em>.
Les héros classiques (<em style="mso-bidi-font-style:normal">Mickey, Tintin,
Spirou</em>, etc.) y ont fait souvent incursion. Quant à <em style="mso-bidi-font-style: normal">Valérian</em> et <em style="mso-bidi-font-style:normal">Yoko Tsuno</em>,
c’est à partir de 1970 qu’ils allaient s’imposer. Et Jules Verne, pourquoi
l’exclure ? Parce qu’il aurait fallu effectuer (et justifier) un choix
parmi ses 62 <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Voyages extraordinaires</em>, </strong>dont la plupart, contrairement à ce
qu’on croit, ne relèvent pas de la
SF – le cas Jules Verne mériterait un ouvrage à lui seul.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">J’ai mon essai sous les
yeux. La bibliographie qui la clôt comporte 60 ouvrages. Seuls 26 sont publiés
dans des collections <em style="mso-bidi-font-style:normal">jeunesse</em> dont
voici le détail :</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">Magnard</span></strong><span style="font-size:14.0pt"> :
7 titres, souvent réédités dans la collection <em style="mso-bidi-font-style: normal">Sciences</em><em style="mso-bidi-font-style:normal"> et
Aventures</em></span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">Rageot</span></strong><span style="font-size:14.0pt"> :
6 titres, les premiers de la nouvelle collection <em style="mso-bidi-font-style: normal">Jeunesse-poche Anticipation</em> (la première collection de poche pour
la jeunesse)</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt">Robert Laffont</span></strong><span style="font-size:14.0pt"> :
6 titres, de l’anticipation proche, tous dans la (première) « collection
pour jeunes adultes » <em style="mso-bidi-font-style:normal">Plein Vent</em>,
dirigée par André Massepain.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Et les autres ? Un seul
titre : en <em style="mso-bidi-font-style:normal">GP Rouge & Or</em>,
dans la <em style="mso-bidi-font-style: normal">Verte</em> d’Hachette, à <em style="mso-bidi-font-style:normal">La Farandole</em>,
chez <em style="mso-bidi-font-style:normal">Spes, Mame, Delagrave</em> et <em style="mso-bidi-font-style:normal">Gründ</em> (un recueil «d’ <em style="mso-bidi-font-style:normal">histoires extraordinaires</em> » - des
nouvelles ou des extraits de romans )</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Les 34 autres titres sont donc
en principe destinés aux adultes. Comment les ai-je sélectionnés ? De
façon arbitraire, certes. Mais parce que mes élèves (des collégiens) les
lisaient facilement et avec plaisir. Je les ai évidemment puisés dans les
premières collections de SF : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Le Rayon
Fantastique, Anticipation (Fleuve Noir), Présence du Futur</em> – mais aussi
chez <em style="mso-bidi-font-style:normal">OPTA, Marabout</em>, etc. Après avoir
créé chez Gallimard la série <em style="mso-bidi-font-style: normal">Folio-Junior</em><em style="mso-bidi-font-style:normal">
SF</em>, j’ai d’ailleurs réédité dans ma collection plusieurs
de ces romans : <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal">Niourk, Le Bréviaire des robots, L’invention du Professeur Costigan…</em></strong></span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">On le voit : il y a 50
ans, la « SF
pour la jeunesse » était très réduite ! Bien davantage qu’au début du
XXème siècle où les auteurs « post-vernien » (dont les romans
touchaient tous les publics) étaient nombreux : Arnould Galopin, Capitaine
Danrit, Maurice Renard, Gustave Le Rouge, Octave Belliard – j’en passe !
Dans les années 70, la situation s’est vite améliorée, à l’image de la SF en général qui (si j’ai
bonne mémoire) comptait en 1978 (et en France) 36 collections de SF destinées
aux adultes ! En 1969, on n’en comptait que trois (avec certes, les
publications OPTA et <em style="mso-bidi-font-style:normal">Galaxie Bis</em>).
C’est en novembre 69 que Gérard Klein a créé la série <em style="mso-bidi-font-style: normal">Ailleurs</em><em style="mso-bidi-font-style:normal"> et
demain.</em><span style="mso-spacerun:yes"> </span>A peine mon essai était-il
sorti (en novembre 71) qu’il m’adressait une longue lettre et un paquet – en
1972, nous ne nous connaissions pas. Dans son courrier, (il imaginait avoir
affaire à un vieil universitaire… j’étais un prof de 26 ans !) il me
félicitait pour mon travail, me livrait des précisions, et me reprochait (fort
gentiment !) de ne pas avoir fait mention de sa collection. Il m’en
adressait les premiers exemplaires. Mais il m’aurait été impossible de
conseiller à de jeunes lecteurs <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Le Vagabond</em></strong> de Fritz Leiber, le très
gros <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">En
Terre étrangère</em></strong> de Robert Heinlein… et encore moins <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Ose</em></strong>
de Philip José Farmer ! Gérard et moi, nous nous sommes rencontrés peu
après, invités à intervenir ensemble dans la bibliothèque municipale de
Saint Ouen.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">En jeunesse sont nés à la
fin des années 70 <em style="mso-bidi-font-style:normal">Travelling sur le Futur</em>
(chez Duculot ) et <em style="mso-bidi-font-style:normal">L’âge des Etoiles</em>
chez Robert Laffont, collection d’ailleurs dirigée par Gérard Klein ) – puis <em style="mso-bidi-font-style:normal">Folio-Junior SF</em> en 1981.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Les romans de SF pour la
jeunesse ont surtout fait leur apparition au sein de collections classiques –
comme par exemple les séries de Philippe Ebly dans la <em style="mso-bidi-font-style: normal">Bibliothèque</em> <em style="mso-bidi-font-style:normal">Verte</em>
de chez Hachette (<em style="mso-bidi-font-style:normal">Les conquérants de
l’impossible, Les évadés du Temps</em>…) ou encore dans la collection <em style="mso-bidi-font-style:normal">Grand Angle</em> chez G.P.
Rouge & Or</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Aujourd’hui, c’est toujours
le cas : s’il existe des collections de SF pour la jeunesse, on trouve des
titres de SF ici et là, dans des collections jeunesse généralistes – voire même
dans le domaine de l’album. Ce qui est nouveau. Parce que la SF jeunesse s’est surtout
épanouie pour le public des « jeunes adultes ».</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Les thèmes
abordés aujourd’hui ? Ils sont aussi riches et variés que dans la SF traditionnelle ! On y
trouve de la hard science, du cyberpunk, du steampunk… peut-être parce que les
auteurs de SF pour adultes n’hésitent plus (depuis les années 70 !) à
écrire pour le jeune public, de Jean-Pierre Andrevon à Jean-Marc Ligny en
passant par Pierre Bordage. Il faut dire que Pierre Pelot, Christian Léourier, Michel Grimaud (et
d’autres !) leur avaient ouvert la voie.</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Plusieurs remarques en guise
de nuance – et de réponse à la question concernant <strong style="mso-bidi-font-weight: normal">les exigences des éditeurs</strong>. </span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Leur objectif ? C’est
de vendre. À cet égard, les dystopies américaines font davantage recette que la
hard science à la
française. Et après l’engouement pour les trilogies, il faut
aussi savoir que les ventes d’ouvrages de <em style="mso-bidi-font-style:normal">fantasy</em>
dépassent aujourd’hui de très loin celles des romans de… « vraie
SF ». Or, on met souvent SF et fantasy dans le même sac, peut-être parce
que de nombreux auteurs de SF se sont (pour des raisons… de marché ? )
recyclés dans la fantasy.
Eh oui, il faut bien vivre… et plaire à un public qui préfère
l’imaginaire et l’évasion aux visions scientifico-futuristes plus réalistes…
Mon thriller technologique <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal">Cinq degrés de trop</em></strong> se vend
mal : il y est question d’un futur probable et de la fin de l’humanité, ce
n’est pas très vendeur ! On veut bien des romans catastrophe, à condition
qu’il y ait des survivants. Mais en 2019, l’anticipation la plus vraisemblable,
c’est la disparition de toutes les espèces à l’horizon de deux ou trois
siècles. Vous n’auriez pas quelque chose de plus optimiste et distrayant,
monsieur le libraire ?</span></p>
<p style="mso-margin-top-alt:auto;mso-margin-bottom-alt:auto; text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt">Vous évoquez aussi <strong style="mso-bidi-font-weight:normal">les exigences des parents et celles des
lecteurs</strong>.</span></p>
<p>
<span style="font-size:14.0pt;font-family:"Times New Roman",serif;mso-fareast-font-family: "Times New Roman";mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language: AR-SA">Hum ! Les parents ont de moins en moins d’exigences. Quand ils achètent
un livre à un enfant de 7 ou 8 ans, ils lui disent : <em style="mso-bidi-font-style: normal">Bon… celui-ci, tu le liras, hein ?</em> Dès l’arrivée au collège,
les parents se font plus discrets. Leurs exigences, c’est que leur enfant
troque de temps en temps son smartphone pour un livre. Et là, c’est l’ado qui
choisit. Souvent moins en fonction de ses propres goûts que de <em style="mso-bidi-font-style:normal">ce qu’il faut avoir lu pour ne pas passer
pour un plouc auprès des copains.</em> Afin de s’intégrer au groupe. Les
exigences de l’éditeur ? Sa priorité, c’est (sur)vivre. J’ai souvent
entendu l’un d’eux me confier : <em style="mso-bidi-font-style:normal">j’ai lu
ton texte, c’est magnifique. Mais je ne peux pas publier ça, je ne le vendrai
pas.</em> L’éditeur est aujourd’hui dépendant des contrôleurs financiers qui
veulent publier non pas des ouvrages de qualité, mais ce qu’ils croient, eux (les
contrôleurs financiers, qui sont à l’écoute des commerciaux, des chiffres et
des statistiques), que <em style="mso-bidi-font-style:normal">ça plaira</em> et que<em style="mso-bidi-font-style:normal">
ça va se vende</em>.</span></p>Questions de David Circé, pour le fanzine L’Étoile Étrange ( 5 )urn:md5:ce38df8326541f76513dc47ed584618a2020-02-03T19:01:00+01:002020-02-03T19:01:00+01:00Christian GrenierDivers <img width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" alt="" src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" />
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>9.
Pouvez-vous nous recommander des salons de Science-fiction français
ou d’autres évènements (littéraires, BD) que vous connaissez
bien ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">En
premier lieu, <em><strong>Les Utopiales</strong></em>,
le <em>Festival international de SF de Nantes</em>.
Il a lieu chaque année au Palais des Congrès et rassemble un grand
nombre d’auteurs de tous les pays. On y projette des films, on y
rencontre des écrivains, on assiste à de nombreux débats… J’ai
assisté et participé à sa création – j’y reviendrai.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Ensuite,
<em><strong>Les Imaginales</strong></em>
d’Epinal, une manifestation qui ratisse large puisqu’on y trouve
( euh… au fond comme à Nantes, désormais ! ) autant d’heroic
fantasy que de SF avec, là encore, une pléiade d’auteurs, des
ventes-signatures, des débats – cette fois dans un cadre plus
discret et aéré.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Enfin,
<em><strong>Scientilivre</strong></em>,
le <em>salon de la SF et du livre scientifique</em>.
Il a lieu chaque troisième week-end à l’<em>Agora</em>
de Labège, dans la banlieue de Toulouse, où vivent une grande
partie des ingénieurs d’<em>Airbus</em>
et d’<em>Ariane</em>, à deux
pas de la Cité de l’espace. Là encore : conférences de
scientifiques de tous horizons : océanographes, climatologues,
géologues, astrophysiciens… A deux reprises, le philosophe des
sciences Michel Serre a été l’invité d’honneur. Il y a des
vente-signatures d’écrivains scientifiques ou de SF - et de
nombreux ateliers destinés au jeune public. <em><strong>Scientilivre</strong></em>
a été créé il y a 19 ans et est géré par l’association
<em>Délires d’Encre</em>
dont euh.. je fais partie depuis 17 ans ! Ce qui explique que je
sois toujours présent là-bas.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Bien
sûr, il existe de nombreuses manifestations : la convention
nationale de SF, <em>annuelle, qui a lieu dans une
ville différente à chaque fois</em> – <em>et
cette année, en 2020, elle aura lieu en août,
à Orléans !</em> me fait remarquer Patrick
Moreau, mon webmaster. Il y a bien d’autres salons de SF comme
<em><strong>Entres les mondes,</strong></em>
à Aurillac. <em>Quant à la convention mondiale
de SF</em> ( me fait toujours remarquer Patrick
Moreau – merci pour ce rappel, Patrick ! ), <em>son
principe de base c'est qu'il y a très peu d'invités (2 ou 3) et </em>que
<em>les auteurs ( anglo-saxons ) qui y viennent
ont l'habitude de payer leur venue (ou leur éditeur !).</em></p>
<p>Dresser la liste de
toutes ces manifestations serait vain.</p>
<p>Et dans le domaine des salons généralistes ( Le
<em>Salon du livre de jeunesse</em>
de Montreuil ou/et le <em>Salon du livre de Paris</em>,
Porte de Versailles), il faut aller au moins une fois dans sa vie à
la <em><strong>Foire aux livres</strong></em>
de Brive et au salon <em><strong>Etonnants Voyageurs</strong></em>
de Saint Malo ! Je n’ai encore jamais été au <em>Salon
de la BD</em> d’Angoulême.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm; page-break-before: always">
<strong>10. Pouvez-vous nous raconter l’un de vos meilleurs
souvenirs de ces rencontres ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">J’en
ai plusieurs ! Presque tous concernent <em><strong>Les
Utopiales</strong></em> qui, au départ, s’appelaient
tout simplement <em><strong>Utopia</strong></em>.
Comme le dit <em>Wikipedia</em>
( et j’ignore comment cela a fini par se savoir ! ) c’est
moi qui avait eu l’idée de ce nom lors de sa création, en 1997,
par Bruno della Chiesa – dans le salon de notre maison
périgourdine, mais oui ! Les premières éditions eurent lieu
au Futuroscope de Poitiers. J’en étais le parrain et le premier
invité était… Jack Vance. Lorsque ce salon changea de nom ( la
chaîne de cinéma <em>Utopia</em>
nous y contraignit ! ) et fut transposé à Nantes, je fis un
petit discours d’inauguration. Après quoi je rejoignis le public
car aussitôt que j’eus quitté la scène, on diffusa <em><strong>La
Jetée</strong></em>, le fameux classique de Chris
Marker. Dans l’obscurité, je sentis une main se poser sur mon
épaule et une voix m’affirmer, avec un accent américain
prononcé :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">-
J’ai beaucoup apprécié tout ce que vous avez dit. C’était
magnifique. Je vous félicite.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">-
Merci. Mais… qui êtes-vous ?</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">-
Oh, Un petit auteur américain. Vous ne me connaissez sûrement pas.
Je m’appelle David Brin.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">J’étais
stupéfait. Et ravi. J’avais évidemment lu <em><strong>La
chose au cœur du monde, Message de l’univers</strong></em>
et d’autres ouvrages de David Brin. Mon fils, Sylvain, était un
fan absolu. <em><strong>Au cœur de la comète</strong></em>
( co-écrit avec Gregory Benford ) était son livre de chevet. Du
coup, David et moi avons sympathisé et signé nos livres côte à
côte pendant toute la durée de la manifestation. Il nous a même
invités, ma femme et moi, à San Diego… mais nous n’y sommes
jamais allés.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">L’année
suivante, l’invité d’honneur était Robert Silverberg. Et comme
nous prenions notre petit déjeuner côte à côte dans le <em>Novotel</em>
qui jouxte la cité des congrès, je me suis présenté ( malgré mon
anglais basique ) en lui précisant que je l’avais publié chez
Gallimard, dans ma petite collection <em>Folio
Junior SF</em>, en 1981 ; un recueil, <em><strong>L’homme
qui n’oubliait jamais,</strong></em> qui contenait sa
nouvelle au titre éponyme. Il a souri, froncé les sourcils et
précisé :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">-
1981 ? Non. Gallimard m’a envoyé votre recueil. C’est en
janvier 1982 qu’il est sorti.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Là
encore, j’ai été bluffé: c’est lui, Robert Silverberg,
« <em>l’homme qui n’oubliait jamais</em> ».
Il a la mémoire totale, un vrai phénomène !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>11.
Avez-vous déjà participé à une Convention Mondiale de la
Science-fiction ? (Worldcon) Pouvez-vous nous raconter une anecdote à
ce sujet ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Je
n’ai jamais participé à une convention mondiale. </p>QUESTIONS DE DAVID CIRCÉ pour le fanzine L’Étoile Étrange ( 4 )urn:md5:7c84a8b04bffee7feade980050d6fdfc2019-12-30T18:56:00+01:002019-12-30T18:56:00+01:00Patrick MoreauDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p><p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>7.
On présente souvent la science-fiction comme prémonitoire, mais
dans les faits, nombreuses sont les inventions mises en scène et
leurs conséquences qui existaient déjà à l’époque. Et
réciproquement beaucoup d’inventions ou la manière imaginaire
dont ces inventions sont utilisées, sont ensuite reconstruites dans
la réalité :</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>*
le communicateur et la tablette de </strong><em><strong>Star
Trek (</strong></em><strong> la série originale ) qui
deviennent les téléphones cellulaires des années 1990 et les
tablettes des années 2000…</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>*
le tableau de bord du vaisseau de Valérian qui devient le tableau de
bord d’une voiture Renault – mais aussi très récemment, </strong>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>*
la Chine qui transpose à l’échelle de sa population l’épisode
</strong><em><strong>chute libre</strong></em><strong> de
la série </strong><em><strong>Black Mirror</strong></em><strong>
(saison 3 épisode 1), en notant socialement tout le monde et en
punissant ceux qui n’ont pas une note suffisamment bonne à leur
goût. </strong>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>D'où
ma question : Est-il si difficile que cela pour un auteur de
Science-fiction d’imaginer un monde meilleur, et par là d'inspirer
un monde meilleur ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Le
glissement sémantique de votre question me pose problème car je ne
suis pas certain que de telles innovations soient forcément
positives ! Dans <em><strong>Le complot ordrien</strong></em>
( in <em>Travelling sur le Futur</em>,
Duculot, 1980 ), j’ai imaginé une France socialiste, dans laquelle
mon héros se plaignait de la lenteur de l’application des
nouvelles lois ( hum, Mitterrand est arrivé peu après ). J’ai
aussi évoqué le complot d’un parti d’extrême droite qui
prenait le pouvoir – c’était très optimiste puisque la même
extrême droite, aujourd’hui, pourrait bien accéder au pouvoir…
par les urnes ! Dans ce même roman, fumer devenait asocial et
les enfants handicapés étaient intégrés dans les classes… on y
viendrait peu après.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Mais
pour répondre à votre question…<em>imaginer ou
inspirer un monde meilleur</em>, difficile ?
Non. Il m’est souvent arrivé de le faire. Ce qui en revanche est
difficile, c’est de séduire le lecteur avec un roman qui relève
de l’utopie. Les grands succès de la SF, on le sait, sont des
dystopies ou des « romans catastrophe » : <em><strong>La
guerre des mondes, Brave New World, 1984</strong></em>...
Plutôt qu’imaginer un monde meilleur, la SF préfère explorer les
conséquences négatives d’une invention ou d’une hypothèse.
Pour filer la métaphore, disons qu’elle préfère montrer les sens
interdits plutôt que les itinéraires conseillés.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">L’une
de mes « <em>Minute du vieux schnock</em> »
( c’est le nom du billet d’humeur de mon blog ) s’intitulait :
<em><strong>La SF ne sert à rien</strong></em> !
En effet, les avertissements qu’elle nous a laissés, nous les
avons négligés. Tous les pièges qu’elle dénonçait, nous y
sommes tombés ! <em>Big Brother</em> ?
Il s’appelle Google, GAFA et cookies. Aujourd’hui, les caméras
de surveillance fleurissent un peu partout. Et on les réclame !
En 1953, avec <em><strong>Fahrenheit 451</strong></em>,
Bradbury imaginait une société dans laquelle la lecture et les
livres étaient interdits. Aujourd’hui, c’est pire : plus
besoin d’interdire les livres, les jeunes générations s’en
passent volontiers !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Où
sont les utopies aujourd’hui ? En écrire est très acrobatique
puisque par définition, dans les utopies, il n’y a aucun problème,
tout se passe bien ! A noter que les utopies d’autrefois ( je
pense à l’<em><strong>Utopia</strong></em>
de Thomas More ou au <em><strong>Voyage en Icarie</strong></em>
de Cabet ) sont devenues des dystopies aux yeux des lecteurs de 2020.
Thomas More imaginait ( en 1516 ! ) une société où la
propriété n’existait pas. Et Cabet, des heures réservées à des
exercices physiques communs ou à des repas pris ensemble. Une
société égalitaire et collectiviste ? Quelle horreur !
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Eh
oui : la frontière utopie-dystopie est fragile, fluctuante. Son
illustration littéraire la plus éclatante ? <em><strong>Les
dépossédés</strong></em>, d’Ursula Le Guin – un
bijou !
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Ma
seule véritable utopie, c’est <em><strong>Ecoland</strong></em>
( Rageot, 2003 ), l’un de mes romans les moins vendus. Je l’ai
écrit en 1984. Il y était question d’une micro-société en
évolution permanente qui vivait en autarcie. Avec des éoliennes et
du gaz de compost. Une société sans pétrole. Une agriculture sans
pesticide avec le retour des coccinelles et du cheval. Un monde
autogestionnaire qui ne consommait pas de viande ( j’en passe… )
Refus de la plupart des éditeurs qui jugeaient cette société
proche d’une secte de babacools et un retour en arrière. Oui,
j’étais un « soixante-huitard attardé ». Je note que
la plupart des propositions que je faisais sont recommandées et
adoptées aujourd’hui. Un mode de vie qui devrait être le modèle
planétaire si l’humanité voulait survivre. Mais elle préfère
fermer les yeux, s’entêter dans une économie de marché et un
mode de consommation effréné qui entraînent la planète vers un
suicide programmé. On vient de lancer un supertanker qui ( fake
news ? ) consomme paraît-il autant que… 60 millions
d’automobiles ! Et on prétend vouloir réduire le CO2 ?</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm; page-break-before: always">
<strong>8. Beaucoup d'annonces récentes sur la conquête
spatiale doivent forcément vous faire rêver, puisque avec le retour
de la guerre froide, et les annonces de conquêtes de Mars et de la
Lune par la Chine et l'Inde, les USA nous promettent à nouveau des
vols interplanétaires. Elon Musk a assuré pour sa part que le
vaisseau de transport orbital et interplanétaire serait prêt pour
2019 (également pour concurrencer les avions de ligne) et que
forcément, la concurrence lui emboiterait le pas. Que pensez-vous de
ce réveil soudain technologique, qui arrive en même temps que les
voitures volantes et les robots qui marchent, courent, sautent pour
de vrai tandis que James Cameron envisagerait de tourner la trilogie
Mars la Rouge / la Bleue / la Verte ... sur Mars, la vraie, avec des
drones? </strong>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Ces
annonces ne me font pas forcement rêver, non. Pourquoi ? Parce
que je pense que ces annonces risquent fort de ne pas être
concrétisées. Dans l’une de ses lettres, Michel Jeury m’a un
jour écrit cette jolie phrase : <em>ah,
comme le futur était beau avant que l’an 2000 n’arrive !</em>
Une formule que j’approuve à 100 %.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Ce
que j’en pense ? Sincèrement – et je vais décevoir le plus
grand nombre, je le sais : je crois que ces projets ambitieux
concerneront une minorité et que leur application pratique n’est
pas pour demain – si elle survient. Ah, si : les taxis volants
( annoncés pour 2025) et autres drones-livreurs-de-marchandises
préconisés par <em>Amazon</em>.
La voiture autonome ? Peut-être. Mais en développant mes
convictions, je vais vous paraître réaliste ou pessimiste…</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Soyons
clair : il existe une SF proche de l’anticipation qui imagine
des futurs proches et vraisemblables. Et une SF qui joue davantage
avec l’impossible qu’avec les possibles. Nous savons tous ( même
si nous acceptons avec joie ces SI majuscules ) que la machine à
explorer le temps est un rêve. Comme le sont le transmetteur de
matière et les voyages stellaires – les obstacles scientifiques
sont gigantesques – voire infranchissables ! Et s’il est
facile de <em>plier l’espace-temps</em>
ou de passer dans le <em>subespace</em>
en appuyant sur un bouton, le réaliser, c’est une autre paire de
manche.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Dans
l’un de mes premiers romans, <em><strong>Sabotage sur
la planète rouge</strong></em> ( 1972 ), j’imaginais
que la première expédition habitée sur Mars aurait lieu en …
2045.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Stupéfaction
et rires de mes jeunes lecteurs, qui avaient assisté aux sept
missions Apollo : <em>Mais m’sieur, on s’ra
sur Mars bien avant l’an 2 000 !</em>
J’expliquais alors que l’expédition martienne, sauf mise au
point peu probable d’un mode de propulsion révolutionnaire,
c’était huit mois de voyage aller, huit mois sur place et huit
mois pour le retour. Avec une série de problèmes complexes, le
premier étant la survie d’un équipage pendant les trajets… et
sur place : absence de pesanteur, ondes dangereuses, provisions
de survie ( nourriture, eau recyclée, phytotron, transport d’un
matériel de plusieurs tonnes, etc. ) Bref, 2045 me semblait un délai
raisonnable. Et la date de la première mission ne cesse de reculer,
même si des milliers de volontaires se sont déjà proposés ( si
j’en crois Elon Musk ) pour un voyage aller sans garantie de
retour.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Le
tourisme spatial ? Il est déjà au point. Reste à trouver des
clients prêts à payer 50 ou 100 000 dollars pour un tour de la
Terre en une heure et demie – sans parler du CO2 produit qui fera
hurler les écologistes, à l’heure où l’on commence à
comprendre que le tourisme ordinaire cause de gros dégâts –
gageons que des lois finiront par le réduire.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Les
deux ou trois décennies à venir vont, je le crains, remettre les
pendules à l’heure. Faire prendre conscience ( comme ce fut le cas
au début des années 70, où le <em>space opera</em>
a peu à peu laissé la place aux problèmes terriens et terrestres !
) que <strong>la priorité, c’est la survie de notre
propre espèce</strong>. Et reléguer la conquête de
Mars à un luxe inutile et très ( trop ) coûteux.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Ah…
James Cameron ! J’en pense le plus grand bien. J’aurais pu
ajouter <em><strong>Abyss</strong></em> à
la liste de mes films préférés. Et comment renier <em><strong>Avatar</strong></em>
dont le synopsis est un copier-coller de mon roman <em><strong>Le
Montreur d’étincelles</strong></em> ( 1978, Robert
Laffont ) – que James Cameron n’a sans doute jamais lu, il
n’est pas traduit en anglais ! Mais tourner sur place la (
superbe ) trilogie de Kim Stanley Robinson ? C’est un rêve !
Quitte à être provocateur jusqu’au bout, je crains que l’Homme,
contrairement à ma prévision de 2045… ne mette jamais le pied sur
Mars.</p>
</p>QUESTIONS DE DAVID CIRCÉ pour le fanzine L’Étoile Étrange ( 3 )urn:md5:9ce39086535c817ffc587c485e91800e2019-12-09T18:52:00+01:002019-12-09T18:52:00+01:00Patrick MoreauDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>5.
Est-ce qu’on peut imaginer une intégrale de vos nouvelles, ou tout
au moins une réédition de tous les récits difficiles à
retrouver ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Ce
n’est pas à l’ordre du jour, car mes nouvelles sont très
dispersées : </p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
certaines sont sorties dans des magazines ( <em>Jeunes
Années, Gullivore, Encre Vive, Mégascope, Superscope, cahiers de
vacances Nathan, J’aime lire, D. Lire. Les Aventuriers</em>…
j’en passe ! )
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
D’autres ont été rassemblées dans un recueil dont je suis le
seul auteur : <em><strong>Futurs antérieurs,
Virtuel attention danger, Allers simples pour le futur, Contes et
récits de la conquête du ciel et de l’espace</strong></em>
- sans parler des textes courts rassemblés par deux dans les recueil
SEDRAP : <em><strong>La Joconde en exil, Le
gouffre du diable, Les Robinsons de la Galaxie…</strong></em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
Les dernières font partie d’un recueil dans lequel plusieurs
auteurs sont présents. C’est le cas de nombreuses nouvelles
sorties dans la série <em><strong>15 histoires de</strong></em>
( <em><strong>SF, cirque, vacances, aventures, 15 SOS</strong></em>,
etc. ) chez Gautier Languereau. Il y a aussi chez Mango<em><strong>
Les visages de l’humain</strong></em>, <em><strong>Graines
de Futurs</strong></em> et des recueils divers à
L’Atalante comme <em><strong>Utopiae</strong></em><ins><strong>,</strong></ins>
etc.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Une
intégrale ne serait possible que dans deux cas :
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
qu’un éditeur décide de la réaliser… ce qui l’obligerait à
négocier la réédition de tous les textes qui sont encore en
circulation. Car un grand nombre de mes nouvelles sont rééditées.
La dernière en date, c’est <em><strong>Je suis la
vigie et je crie</strong></em>, sortie dans un recueil
collectif chez Thierry Magnier ( <em><strong>Nouvelles
Vertes</strong></em> ), rachetée par Hatier pour faire
partie d’un recueil ( <em><strong>Nouvelles de notre
planète ) </strong></em>dans la collection <em>Classiques
& Cie Collèges</em>.
Une tâche colossale, coûteuse et hasardeuse – car certains
éditeurs refuseraient de céder leur droit.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
que je sois mort depuis plus de 70 ans : toute ma production
tomberait dans le domaine public – plus d’autorisation, ni de
rachat. Comme je ne suis pas pressé de mourir, il faut attendre !
Et espérer que mes nouvelles susciteront encore de l’intérêt à
la fin du XXIème siècle… et ce n’est pas gagné.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">J’ajoute
que le recueil serait fort épais. Je n’ai pas fait le compte exact
de mes nouvelles ( c’est possible, il suffit de consulter mon
site ! ) et encore moins du nombre de signes ou de pages que ça
représenterait. Mais à vue de nez, il y a bien 150 nouvelles,. Si
certaines sont très courtes ( <em><strong>DDDD,
Dictature Douce Décroissance Dure</strong></em> ou <em><strong>Des
profs pas très NET</strong></em> – deux ou trois
pages, sortis dans <em>Les Cahiers pédagogiques</em>
), mes cinq ou six <em><strong>Je Bouquine</strong></em>
sont de petits romans de 60 000 signes. L’intégrale de mes
nouvelles ? Ce serait trois volumes de 1500 pages chacun –
tiens oui, en Pleiade ! On peut toujours rêver : Jules
Verne a fini par y entrer…</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Derniers
points :
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
Ces nouvelles abordent des thèmes très divers, la SF, le policier,
l’aventure, l’Histoire, la mythologie en passant par
l’autobiographie comme <em><strong>L’Amour Caramel
</strong></em>( in <em><strong>Parle-moi
d’amour</strong></em>, <em>Rageot</em>
). Certaines touchent les enfants très jeunes comme <em><strong>Le
Métronome magique</strong></em> ; les autres les
adultes, comme <em><strong>Partir pour Edena</strong></em>
ou <em><strong>Le feu du crépuscule</strong></em>
! De quelle façon les regrouper ?</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">*
Certaines de mes nouvelles sont en effet libres de droit, comme <em><strong>Seul
à Seul</strong></em> ou <em><strong>L’Autre
moitié de l’éternité</strong></em>. On peut les
trouver en ligne, sur mon blog !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>6.
Vous avez adapté les créations des autres pour la télévision avec
</strong><em><strong>Les Mondes Engloutis</strong></em><strong>
et </strong><em><strong>Rahan</strong></em><strong>,
et vous avez décroché de nombreux prix pour vos romans. Certains de
vos récits ont-ils des chances d’être adaptés ? Les
droits pour une adaptation sont-ils aujourd’hui réservés ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><em><strong>L’OrdinaTueur</strong></em>
a fait l’objet d’une courte adaptation sur la 5, dont Micheline
Paintault a assuré la réalisation. Il a été diffusé trois fois
en l’an 2 000. Et j’ai été très étonné de recevoir un
appel de l’équipe de la 5 qui allait débarquer chez nous pour le
tournage. Mon éditrice n’avait pas jugé utile de me prévenir de
cette cessation de droits, le tournage ( à notre étonnement ) a été
aussitôt entrepris. Autrement dit, il se peut que les droits de
certains de mes romans aient déjà été réservés sans que je le
sache – ceux d’un de mes ( premiers ! ) romans ont en
effet été acquis, je le sais. Mais cela ne signifie pas qu’un
film va être prochainement tourné. A la fin des années cinquante,
Jean Becker a acquis les droits d’un roman de Georges Monforez ( le
père d’une vieille amie auteure pour la jeunesse, Hélène
Montardre ) , <em><strong>Les enfants du marais</strong></em>.
Le film, lui, a été tourné… en 1998. L’auteur était mort
depuis longtemps, en 1974 !
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Un
auteur peut négocier lui-même les droits d’un roman en proposant
le scénario à un producteur <em>avant</em>
de livrer son texte à un éditeur ( ce qui lui évite de partager en
deux les droits générés par le film ! ). C’est le cas, aux
USA, de Stefen King et de feu Michael Crichton. Pour se lancer dans
une telle opération, il faut en général que trois conditions
soient réunies : être un auteur reconnu, se lancer dans
l’écriture d’un scénario et posséder un bon agent littéraire.
Je ne remplis aucune de ces conditions !
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Je
vous entends déjà rétorquer : mais vous avez assuré les
scénarios de dizaines d’ouvrages ! Pourquoi pas l’un des
vôtres ? Euh… parce que :</p>
<ul>
<li><p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0cm">je
n’y pense pas</p>
</li>
<li><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">je ne
connais pas de réalisateur à qui les soumettre.</p>
</li>
<li><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Se
lancer dans ce travail, ces recherches, c’est le parcours du
combattant.</p>
</li>
<li><p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0.49cm">La
grande affaire de ma vie, c’est le roman, la littérature. Pas le
cinéma !</p>
</li>
</ul>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">En
même temps, je le reconnais : c’est l’une des questions
préférées des jeunes lecteurs que je rencontre. A leurs yeux, le
sommet de la réussite, c’est d’avoir un ouvrage adapté en
film ! Ah bon ? Parfois, c’est un ratage spectaculaire –
les exemples abondent. Et l’on compte sur les doigts d’une seule
main les films dont le propos et la qualité dépassent ceux du texte
d’origine – encore que j’affirme avec obstination qu’on ne
peut pas comparer un roman et un film. Mais quand on lit <em><strong>La
Sentinelle</strong></em> ( la short story d’Arthur C.
Clarke ) ou même la novella de Philip K. Dick <em><strong>Do
androids dream of electric sheep</strong></em>, force
est de constater que Stanley Kubrick et Ridley Scott ont transcendé
le texte d’origine avec <em><strong>2001,
L’Odyssée de l’espace</strong></em> et <em><strong>Blade
Runner</strong></em> ! Un grand nombre d’ouvrages de
SF ont été adaptés au cinéma – pas simple. Le dernier que j’ai
vu est <em><strong>Valérian et la cité des mille
planètes</strong></em>. Quand j’ai demandé à
Jean-Claude Mézières ( nous nous connaissons depuis le début de sa
série ! ) ce qu’il en pensait, il a préféré me relater le
tournage par le menu, évoquer les décors… peut-être pour ne pas
livrer un avis négatif – c’est le mien – ou ne pas vexer
Luc Besson. Mais cet épisode fourre-tout ne me semble guère fidèle
à l’original et je préfère de très loin les épisodes en BD à
ce que le cinéma en a fait.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">En
revanche ( et je détourne une fois de plus la question ! ), je
suis très fier que mon roman <em><strong>Coups de
théâtre</strong></em> ait été adapté de nombreuses
fois pour la scène, et que mon album <em><strong>Le
Tyran, le Luthier et le Temps</strong></em> ait fait
l’objet d’une adaptation musicale grâce au producteur Daniel
Sultan et au compositeur argentin Luis Naon. En assistant à cet
opéra ( de 45 minutes ) lors d’une de ses représentations
publiques, je me sentais presque à la place de Colette quand son
<em><strong>Enfant et les sortilèges</strong></em>
a été orchestré par Maurice Ravel !
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Bref,
on voit que je suis plus proche du théâtre et de la musique que du
cinéma !</p>QUESTIONS DE DAVID CIRCÉ pour le fanzine L’Étoile Étrange ( 2 )urn:md5:7a76b88c00dc2dcec2ab6b7b3c507ab22019-11-25T18:45:00+01:002019-11-25T18:45:00+01:00Patrick MoreauDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>3.
Votre nouveau roman paru en août dernier est </strong><em><strong>Zed,
agent I.A</strong></em><strong>. Le titre semble indiquer un
polar de SF, possiblement cyberpunk. Le personnage de Zed
diffère-t-il des intelligences artificielles bien réelles
d’aujourd’hui ?</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Non,
je ne crois pas qu’on puisse classer ce roman dans le genre
cyberpunk. Il est dans la lignée des <em>Enquêtes
de Logicielle</em>. D’ailleurs, le créateur du
robot n’est autre que… Tony Beffroy, le demi-frère de mon
héroïne devenue capitaine de police : un hacker repenti qui a
longtemps travaillé pour NCF ( <em>Neuronic
Computer France</em> ). Comme dans <em><strong>L’OrdinaTueur</strong></em>,
l’action du récit, réaliste, se situe dans un futur très proche
et mon robot n’offre aucune innovation… sauf qu’il cumule tout
ce qui existe déjà dans les domaine des I.A.. Le plus simple,
c’est de vous livrer des extraits du début du roman, dans lequel
Zed se présente lui-même :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Je suis
né à l’instant, en une microseconde. Avec toute la mémoire du
monde (…) Cette pièce, je le sais, est un laboratoire. Celui qui
me fait face s’appelle Tony Beffroy. C’est mon inventeur. Mon
concepteur. Mon père, en quelque sorte. Plus exactement le chef
d’équipe du projet 00Z.Il est informaticien ; il a 48 ans,
des cheveux roux en désordre et un visage tourmenté par des tics
nerveux. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Je le
vois pour la première fois mais j’ai sa fiche d’identité
complète.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Qui
es-tu ? me demande-t-il. Dis-moi qui tu es !</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Cette
question simple pourrait me faire sourire. Je ne le fais pas, cela
pourrait être mal interprété.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Je
m’appelle 00Z : Zéro Zéro Zed… et j’ai déjà un surnom :
Zed. Je suis un robot. Le dernier né de la société Zircon,
spécialisée dans l’Intelligence Artificielle : l’I.A.. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Ma
réponse le soulage. Ma voix est la même que la sienne quand il
avait treize ans : il s’est servi de ses vieux enregistrements
pour programmer ma commande vocale. Des voix, j’en possède des
milliers.(… )</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> <em>- Tu
connais l’emploi auquel tu es affecté ?</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Agent
de sécurité. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Et…
sais-tu comment et pourquoi tu as été créé ?</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Ces infos
sont confidentielles. Mais mon créateur est dans le secret. Il
connaît les réponses à ces questions.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Je suis
destiné à être fabriqué en série. À condition que mes actions
soient efficaces et mon existence sans danger pour l’entourage
humain.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Bonne
réponse, Zed ! dit-il en applaudissant.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Là,
j’estime ( à 63% ) que mon interlocuteur fait de l’</em>humour.
<em>Alors je souris à mon tour. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Car mon
visage dispose de deux cents expressions. Chacune correspond à une
situation particulière. Mes mimiques ont été conçues à partir
des émoticônes des smartphones.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>L’informaticien
apprécie ma réaction. Il pose la main sur mon épaule. Ce que je
traduis comme un geste amical ( à 98% ).</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>- Tu peux
faire le tour du labo ? Et revenir ici, face à moi ?</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Je
m’exécute et j’avance. À la vitesse d’un piéton puisqu’on
ne m’a pas fourni d’autre indication. (… ) Mon visage et mon
buste ont une apparence humaine.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Sauf que
ma poitrine affiche un écran HD. Très utile pour livrer des vidéos,
des images, une carte… Ah : je n’ai pas de jambes. Trop
compliqué. Trop lent. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Grâce à
mon unique pneu sphérique, je peux pivoter dans toutes les
directions. Sur tous les terrains. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>À
l’arrêt, je reste immobile grâce à mon gyroscope intégré. Je
peux aussi me déplacer sur coussin d’air. Jusqu’à 50 kilomètres
à l’heure. (…)</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Je suis
un être artificiel. Une machine qui ignore les sentiments. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Voilà
pourquoi je ne suis pas jaloux des humains. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Les
humains ? Ils sont prisonniers des humeurs qui perturbent leur
comportement : la colère, l’amour, la haine, le vertige, la
peur…</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>En être
dépourvu me rend plus efficace. Plus objectif. D’une certaine
façon, je leur suis supérieur. Doté de capacités qu’ils ne
peuvent pas acquérir… pas encore.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Dans le
silence et l’obscurité, j’attends. Sans impatience. J’ai tout
mon temps. J’ignore ce qu’est le vieillissement.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Mais je
m’interroge sur la mission que Tony Beffroy a évoquée. Me
montrerai-je à la hauteur ? Pourquoi ne suis-je pas utilisé dès
aujourd’hui ? Me laisser ainsi inactif pendant plusieurs heures,
c’est… du gâchis.(…)</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Je ne
connais pas le repos. Ni l’ennui. </em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>Connecté
en permanence sur Internet, je n’ai pas besoin d’un smartphone.
J’engrange en permanence des milliards d’infos. Grâce à elles
et aux interconnexions que j’effectue, je ne cesse de me
perfectionner. De gagner en puissance, en efficacité.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><em>À chaque
seconde, je capte la marche du monde entier…</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Ce roman
policier est le premier d’une série destinée au 10 ans et plus.
Cette commande de mon éditeur est destinée à faire la jonction
entre les <em>Enquêtes de Logicielle </em>(
12 ans et + ) et <em>Hercule, chat policier</em>
( 7/8 ans et + ) dont les jeunes maîtresses sont des jumelles,
filles de Logicielle et Max.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Zed sera
toujours accompagné d’un être humain – en l’occurrence, Tom,
le fils de Tony. Et leurs enquêtes mettront ( je l’espère !
) en lumière deux comportements différents qui tantôt se
complèteront ou s’opposeront.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">On le voit,
un certain Isaac Asimov a déjà exploité ce filon avec <em><strong>Les
cavernes d’acier</strong></em> et <em><strong>Face
aux feux du soleil</strong></em>. Ici, l’objectif est
d’utiliser les dernières innovations techniques, de mener des
enquêtes dans un environnement familier aux préados. Ce premier
volume les entraînera dans le monde du show biz.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm"><strong>4.
Le temps est l’un de vos thèmes favoris. Avez-vous mis en scène
différentes théories scientifiques ou fantastiques du temps dans
vos romans et nouvelles ? </strong>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Le
temps, c’est vrai, me fascine. C’est l’un de mes thèmes
favoris. Je crois l’avoir conjugué à toutes les sauces, y compris
de la façon la plus scientifique qui soit, notamment dans <em><strong>Le
satellite venu d’ailleurs</strong></em>, où une
petite fille est enlevée ( pour la bonne cause : la sauver des
radiations du vaisseau qui a atterri ! ) par les visiteurs
venus de Proxima du Centaure. Ceux-ci la renvoient peu après sur la
Terre, à une vitesse relativiste. Après deux fois cinq ans ( le
temps de l’aller-retour ) elle revient vieillie de dix ans sur une
Terre qui, elle, a soixante ans de plus.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">La
plupart de mes autres récits temporels sont des fictions qui n’ont
rien de scientifiques. Dans <em><strong>La Machination</strong></em>,
mon héros pilote un vaisseau censé dépasser la vitesse de la
lumière ( hum… il échoue, ouf ! ). Dans <em><strong>Le
Montreur d’étincelles</strong></em>, une société
entière a quitté la Terre pour s’installer sur une planète qui
fait partie d’un autre système solaire – et Gérard Klein m’a
reproché de ne pas consacrer un petit paragraphe pour expliquer…
comment ils s’y étaient pris et combien de temps leur voyage avait
duré ! Dans <em><strong>Les Cascadeurs du Temps</strong></em>,
à la manière dont Wolff débarque ( dans <em><strong>Le
Faiseur d’univer</strong></em> et la suite, de Philip
José Farmer ) dans l’univers de Kickaha, mes héros découvrent
une faille spatio-temporelle dans la grotte immergée d’une rivière
– la Loue !</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">Je
fais même reculer mon héros dans le temps ( in <em><strong>Seul
à seul</strong></em> puis dans <em><strong>Un
billet pour l’éternité</strong></em> ) pour
qu’il se rencontre lui-même.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm">La
seule innovation réellement pseudo-scientifique, je l’utilise dans
<em><strong>Le Soleil va mourir</strong></em> :
pour sauver la Terre de la chaleur dégagée par notre étoile
devenue une supernova, un savant, Messigny, enferme notre planète
dans une ceinture temporelle qui la place dans un univers ralenti des
millions de fois. Tiens, ce truc pourrait être fort utile avec la
menace du réchauffement climatique. Hélas, ce n’est pas encore au
point…</p>QUESTIONS DE DAVID CIRCÉ, pour le fanzine L’Étoile Étrangeurn:md5:77135397e55e0e79777f615994b390f22019-09-30T18:21:00+02:002019-09-30T18:21:00+02:00Patrick MoreauDivers <img src="https://www.noosfere.org/grenier/images/avis/etoile_etrange_15.jpg" alt="" width="210" style="text-align:left;margin:10px 10px;border:3px solid black;float:left" />
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY"><b>1.
Quels
sont les livres, films ou BD ( de SF, Fantasy ou Fantastique)
de votre jeunesse que vous recommanderiez à un jeune lecteur ?
Par exemple un roman du Fleuve Noir Anticipation, Présence du Futur
et Rayon Fantastique ? Ou encore une aventure d’Atome Kid,
Spoutnik, Sidéral ou Cosmos dont l'intrigue vous serait restée en
tête ?</b></p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Ma
jeunesse
a été baignée par le théâtre. J’allais rarement au
cinéma et je crois que jusqu’à l’âge de 20 ans ( 1965 ), je
n’ai vu aucun film relevant de la SF !</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">En
revanche,
j’ai été abonné très tôt ( en 1951 ) au magazine
<i>Mickey</i> d’après
guerre, j’en possède encore les 100 premiers numéros ! J’ai
lu, sans savoir qu’il s’agissait de SF, les épisodes de <i><b>Mickey
à
travers les siècles</b></i> : le héros,
à chaque fois qu’il recevait un coup sur la tête, se retrouvait
projeté dans le passé et devenait le compagnon ou le complice d’un
roi ou d’un personnage célèbre, une façon pédagogique et
détournée d’apprendre l’Histoire ! J’ai lu aussi, par
épisodes, les romans de Ridder Haggard : à l’époque, <i><b>She</b></i>
était rebaptisé <i><b>La cité sous la
montagne </b></i>! À 7 ans, j’ignorais la
signification du mot <i>fantastique</i>.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Faut-il
recommander
ces lectures à des jeunes d’aujourd’hui ? Je
n’en suis pas sûr ! Je peux évoquer leur influence sur moi –
mais je doute qu’ils passionnent le jeune lectorat contemporain.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Dès
1952,
j’étais abonné à <i><b>Tintin</b></i>
et à <i><b>Spirou</b></i> –
j’en possède encore les numéros. Mon cadeau de Noël était en
général un <i>album Tintin</i>,
en particulier les aventures qu’il avait vécues dans les magazines
que je n’avais pas lus. Eh oui : dans les années cinquante,
Hergé livrait chaque semaine une page de l’aventure en cours.
Ainsi, fin 1952, j’ai assisté au décollage de la fusée de
Tournesol pour la Lune ( magazines N° 214 et 215 ). Cinq ans plus
tard, les Soviétiques lançaient le premier Spoutnik !
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Si
j’avais
de vieilles BD à recommander aux jeunes lecteurs, ce
serait bien sûr <i><b>Objectif Lune</b></i>
et <i><b>On a marché sur la Lune</b></i>.
Et, pour les plus courageux, l’intégralité des aventures de Blake
et Mortimer, notamment ceux que j’ai lus par épisodes : <i><b>La
marque jaune</b></i>, <i><b>SOS
Météores</b></i> et <i><b>Le
Piège
diabolique</b></i>, devenus des
classiques.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Les
romans ?
A huit ou dix ans, je les achetais d’occasion, au
marché aux Puces ( c’était la promenade du dimanche ! ), la
plupart dans la vieille collection <i>Bibliothèque
Verte</i> d’avant guerre : les Jules Verne
( parfois l’édition d’origine, chez Hetzel ! ). Un
roman de SF, hors collection, a baigné mon enfance : <i><b>Docteur
Oméga</b></i>, sous-titré <i>Aventures
fantastiques
de trois Français dans la planète Mars.</i>
Je n’en recommanderais aucun aux jeunes lecteurs d’aujourd’hui !</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Jules
Verne,
notamment, est devenu difficile à lire.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Ce
n’est
plus le cas si l’on passe aux trois collections <i>Fleuve
Noir,
Présence du Futur</i> et <i>Le
Rayon
fantastique</i>. Je les ai découvertes sur
le tard, au milieu des années soixante – j’avais vingt ans !</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Un
roman
du <i>Fleuve Noir Anticipation</i>
à recommander ?
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY"><i><b>Niourk</b></i>
de Stefan Wul, évidemment ! C’est le titre que j’ai repris
en 1982 quand Gallimard m’a demandé de créer la série SF en
<i>Folio-Junior</i> chez
Gallimard. Elisabeth Gilles l’avait d’ailleurs déjà réédité
chez Denoël ; mais il se vendait mal, et sa sortie en
littérature jeunesse l’a révélé au public.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">En
<i>Présence du Futur</i> ?
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Hélas,
j’hésite
entre des dizaines, des centaines de titres. Mais parmi
les premiers, ceux de Bradbury sortent du lot. Avec <i><b>Fahrenheit
451</b></i> bien sûr ( qu’on relit au collège,
parfois grâce à mon récent <i><b>Virus LIV 3</b></i>
que j’ai dédié à Bradbury et qui prend le contrepied de
<i><b>Fahrenheit</b></i> )
mais surtout – et ce sera mon choix : <i><b>L’Homme
illustré</b></i>. D’abord parce que j’ai
puisé dans ce recueil de nombreux textes pour ma série <i>Folio
Junior
SF</i> ( <i><b>La
ville, Kaléidoscope, La brousse, la pluie</b></i>…
) mais aussi parce que le meilleur de la SF se trouve souvent dans
les nouvelles.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Pour
le
<i>Rayon Fantastique</i>,
c’est plus facile puisque le choix est restreint avec ses 119
titres. Mais ce serait <i><b>Le gambit des
Etoiles</b></i> de Gérard Klein, l’un des
premiers romans qui m’a fait découvrir la SF et que son auteur a
judicieusement fait reparaître au <i>Livre de
poche Jeunesse</i>.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Quant
aux
magazines, le choix est plus difficile.
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">À
l’époque, je les achetais au numéro, et en fonction de mon argent
de poche. Je me souviens notamment, dans <i><b>Meteor</b></i>
d’une aventure du docteur Spencer ( et ses complices Spade et Texas
) sur la planète <i><b>Rapida</b></i>,
où les habitants se déplaçaient et vivaient à toute vitesse,
pouvant dans la journée tomber amoureux, se marier, faire un voyage
de noce et se séparer, pas très loin de nos sociétés où règnent
l’urgence et le rendement. À noter que la future série télévisée
<i><b>Cosmos 1999</b></i>
aura d’étranges ressemblances avec un grand nombre de ces récits
des années cinquante…</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY"><b>2.
Y-a-t-il
des livres, films, séries télévisées, bandes dessinées,
jeux vidéo actuels qui vous ont récemment impressionnés, quel que
soit le genre ? </b>
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Ces
questions
me prouvent que je dois mener une vie culturelle très
décalée… En effet, je vais rarement au cinéma, les films récents
que je regarde à la télé soulèvent rarement mon enthousiasme. Je
ne lis pas de BD – encore moins de mangas. Je ne suis aucune série,
même celles dont tout le monde parle ( et dont mon fils me dit le
plus grand bien… ). Et même si mes thrillers technologiques
traitent souvent des réseaux sociaux et de l’informatique, je ne
joue à aucun jeu vidéo – je ne suis pas non plus sur <i>Facebook</i>
et j’ignore <i>Snapchat</i>…
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Pour
les
lecteurs qui jugeraient que je ne réponds pas à la question (
ou qui n’auraient pas compris que <b>l’image
joue un rôle mineur</b> <b>dans
ma
vie</b> ! ), je préciserai que je suis
un inconditionnel de Stanley Kubrick, Fellini, Mike Leigh, Pedro
Almodovar... Mes films culte sont <i><b>Barry
Lindon, 2001 l’Odyssée de l’espace, Blade Runner, Bienvenue à
Gattaca, Fellini Roma, La cité des femmes, Secrets et mensonges </b></i><b>–
</b>mais aussi, pour ratisser plus large ( ?
) et rester dans la SF, <i><b>Contact, Avatar </b></i>et<i><b>
Rencontres du 3ème type</b></i>, dont
l’humanisme me touche. Les suites, remake et imitations m’ont peu
convaincu.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">En
revanche,
sur le plan des livres, la place risque de me manquer et je
vais devoir limiter mon propos… ou renvoyer les lecteurs vers mon
site : ils y trouveront chaque semaine la critique d’un des
livres que j’ai lus récemment. Pas forcément un livre récent.
On y trouvera de la littérature jeunesse, de la poésie, du théâtre,
des essais, des classiques, des polars, de la SF, des romans
historiques…</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Un
livre
récent ? Soit. Pour la SF, j’évoquerais la trilogie de
Liu Cixin : <i><b>Le problème à trois
corps</b></i>, réservé à un lectorat qui
accepte la hard science. Pour le polar, j’avoue avoir été bluffé
par <i><b>Yeruldelgger</b></i>,
roman d’un jeune auteur de 70 ans, Patrick Manoukian alias Ian
Manook. Je n’ai pas encore lu le <i><b>Notre
Dame</b></i> de Ken Follett mais je vais le
faire
en toute confiance : j’ai lu tout Ken Follett qui est ( avec
John Le Carré et Jean-Christophe Rufin ) l’un des auteurs vivants
dont je suis le travail depuis ses débuts.
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Ma
lecture
la plus récente est <i><b>L’humanité
en péril</b></i>, le coup de gueule légitime,
en forme de SOS, de Fred Vargas. Il serait bon que les 7 milliards et
demi de Terriens connaissent la vérité : l’humanité va
disparaître dans deux ou trois siècles si nous ne baissons pas au
plus vite ( de 90% voire 100% ), avant 2050, le taux de CO2 que nous
produisons. Et nous n’en prenons pas, mais pas du tout le chemin.
Une alerte déjà lancée par Lester Brown in <i><b>Le
plan
B</b></i> puis par Pablo Servigne et Raphaël
Stevens ( in <i><b>Comment tout peut
s’effondrer</b></i> ).</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Ah…
j’ajoute
tout de même que dans la liste de ces activités
culturelles existent deux domaines qui ne figurent pas dans la
question : la musique et la danse.</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Le
piano,
tout particulièrement, requiert mon attention, peut-être
parce que j’en ai fait et ai eu la chance de croiser la route de
certains pianistes comme Aldo Ciccolini. En ce début du XXIe siècle,
les pianistes chinois font un tabac. Je n’évoquerai pas Lang Lang
( je l’écoute respectueusement mais ses mimiques m’irritent
), plutôt la jeune Juya Wang, au talent stupéfiant. Je l’ai
découverte il y a dix ans et on commence enfin à parler
d’elle. Elle a ( à mes yeux, ou plutôt à mes oreilles )
renouvelé l’interprétation des <i><b>Etudes
symphoniques</b></i> de Robert Schumann – et
sa
maîtrise dans les sonates de Prokofiev est stupéfiante.
</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Sur
le
plan vocal s’impose ( surtout dans Schubert ) le plus très
jeune Thomas Quasthoff. Si je me risque dans le domaine vocal, je
vais m’égarer, car les jeunes mezzo soprano actuelles sont pleines
de talents – la voix touche peu de public, je le sais. Un ( dernier
) mot sur la formation <i><b>Les Disssonances</b></i>
( à l’origine un quatuor ) et leur créateur David Grimal.
L’orchestre sans chef qu’il a réuni a donné récemment un <i><b>Sacre
du
Printemps</b></i> exemplaire, une vraie
performance car cette œuvre est acrobatique à diriger ; alors
sans chef… il faut le faire !</p>
<p style="margin-top: 0.49cm; margin-bottom: 0.49cm" align="JUSTIFY">Enfin,
je
pense que les chorégraphes contemporains, depuis deux décennies,
ont renouvelé leur art. Là encore, il faudrait évoquer les
récentes mises en scène du Bolschoï dans <i><b>l’Age
d’or</b></i> de Chostakovitch ou les ballets
de
Melbourne dans le <i><b>Roméo et</b></i>
<i><b>Juliette</b></i> de
Prokofiev. Euh… j’ai fini.</p>Fatal Gaming - Logicielle revient ?urn:md5:9d472b0eaea6ef5c7d6461ad930f7ee72017-08-28T19:00:00+02:002017-08-28T19:00:00+02:00Christian GrenierDivers <img src="http://www.noosfere.com/grenier/images/couv/290_Fatal_Gaming_2017.jpg" alt="" width="210" vspace="10" hspace="10" border="1" align="middle" />
<img src="http://www.noosfere.com/grenier/images/Couv4_GF/290_Fatal_Gaming_2017.jpg" alt="" width="210" vspace="10" hspace="10" border="1" align="middle" />
<br clear="all" />
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Eh bien elle est là !</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Désormais capitaine ( et
enceinte ), Logicielle est confrontée à des disparitions
inexpliquées : celles de jeunes gens passionnés
d’informatique… et de jeux vidéo. Des surdoués très, très
particuliers. Qui vont l’entraîner sur la piste… du
transhumanisme.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Impossible d’en révéler
davantage.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">La couverture ?
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Elle est juste là ...</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">La quatrième de couv ?
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Elle n'est pas loin ...</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">La date de parution ?
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><strong>Le 23 août</strong> –
autrement dit, le livre vient de sortir !</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Le premier chapitre ?
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Pour le lire, il vous
suffit de <a href="https://www.noosfere.org/grenier/Livre_Plus.asp?qs_Num=290#Extrait" title="Chapitre 1">cliquer <strong>ICI</strong></a> !</p>Michel, Cher Michelurn:md5:dc4e9a6adbcd32de05dfb10d8d58f10f2015-03-01T14:00:00+01:002015-03-01T14:04:18+01:00Christian GrenierDivers <img src="http://www.noosfere.com/grenier/images/avis/michel_jeury_01.jpg" alt="" title="" align="left" border="1" hspace="10" vspace="10" />
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Après quarante ans
d’amitié, d’échanges et de courrier, tu m’as appelé il y a
quelques jours au téléphone. D’une voix étrangement sereine, tu
m’as confié : « C’est mon dernier coup de fil ».</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Et moi, pour te répondre,
alors que tu n’es plus là, comme à mon habitude, je t’écris.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Je t’écris de ce
Périgord où tu es né et où, je le sais, ton cœur est resté.</p>
<br />
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Et je suis terrifié en
pensant, en formulant : « Michel, c’est ma dernière
lettre. » </p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">J’espère que tu me
pardonneras le fait qu’elle soit ouverte.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Mais après tout, nous
n’avons rien à cacher.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Quand nous nous sommes
connus, alors que tu devenais avec <em><strong>Le temps incertain</strong></em>
le chef de file incontesté de la science-fiction française, tu n’as
pas eu envers moi le regard goguenard des certains auteurs de
littérature générale : « Ah, vous écrivez pour les
enfants ? »
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Non : tu m’as dit
au contraire : « <em>Quelle chance tu as, d’être lu par
les jeunes ! Mon rêve, vois-tu, c’est d’être dans les
livres de classe !</em> »
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Les enfants ont toujours
eu ta considération. Les enfants, les petits, les humbles, les
animaux – tous les laissés pour compte.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Toute ta vie, tu as
répondu à l’appel de ceux qui sollicitaient tes conseils. Avec
une bienveillance, une modestie, une disponibilité qui étonnaient
ceux qui te connaissaient mal.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Tu portais sur la société
un regard toujours attentif, étonné, avec le souci permanent de la
comprendre. Et de l’améliorer.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Tes armes ?
C’étaient les mots. Les outils propres à raconter des histoires
qui font réfléchir. Et rêver.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Ecrire ! C’était,
pour toi comme pour moi, ta préoccupation. Ton obsession. Ta
passion.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Quand tu es passé des
utopies futuristes de la science-fiction au roman de terroir, tu n’as
pas, comme on le croit, fait le grand écart. Tu as seulement tissé
le lien nécessaire entre le futur et le passé. Entre la terre et le
ciel. Pour embrasser et sauver ce que tu appelles<em> Le Territoire
humain. </em>Parce qu’en revenant à la terre, tu gardais le regard
vers les étoiles.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">L’avenir… il a
toujours été ton point de mire.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Un jour de 1999, alors
que je te demandais une nouvelle inédite pour le recueil <em><strong>Contes
et Légendes de l’an 2000</strong></em>, chez Nathan, tu m’as confié
dans une lettre : « <em>Comme le futur était beau avant
que l’an 2000 n’arrive !</em> » Dans le récit que tu as
livré, <em><strong>Les envoyés de l’an 2000</strong></em>, le jeune héros de
douze ans, Jacques, a la méchante habitude de marcher la tête en
l’air.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>- Regarde donc tes
pieds ! lui disait parfois son père quand ils travaillaient
ensemble aux champs. Jacques trouvait cette obligation pénible.
César, le chien de berger, regardait-il ses pattes ? Non, il
trottait la tête en avant. Et les pattes suivaient toujours.</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">En trois lignes, sans en
avoir l’air, tu livrais ainsi aux jeunes lecteurs un vrai sujet de
philosophie. Et tu obéissais à ma définition de la littérature
jeunesse : « <em>quand la littérature vieillesse dit
souvent des choses simples avec des mots compliqués, la littérature
jeunesse dit des choses compliquées avec des mots simples.</em> »</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Dans <em><strong>La Grâce et
le Venin</strong></em>, la guérisseuse Coline évoque ainsi le matin du 29
avril 1898 :</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Il faisait beau,
Seigneur, un ciel plus beau que tout le bonheur du monde et toutes
ces odeurs crémeuses qui montaient de la terre. L’herbe comme
jamais je ne l’avais vue de ma vie et le parfum des lilas qui
m’emplissait la tête. Les oiseaux de La Belette s’égosillaient
à la folie. </em>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Je venais d’enlever
le feu à un gosse qui s’était renversé la marmite de soupe sur
les jambes. J’étais heureuse. J’étais heureuse quand j’avais
pansé. Je l’avoue, à mon âge, on peut tout dire, j’ai toujours
eu plus de bonheur à guérir qu’à vivre avec un homme. Je
regardais en l’air, je me souviens. En ce temps-là, on parlait
beaucoup de ballons dirigeables, et je me disais que je finirais bien
par en voir passer un. Je prenais les dirigeables pour un signe du
progrès. Je croyais à un avenir merveilleux pour les enfants de
mes enfants…</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Toujours dans <em><strong>La
Grâce et le Venin,</strong></em> après la mort de l’héroïne, son
descendant découvre la reproduction d’un tableau. « <em>La
seule œuvre d’art que la guérisseuse ait jamais aimée</em> »,
dit-il : <em><strong>La Vierge, Sainte Anne et l’enfant Jésus</strong></em>,
de Léonard de Vinci.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Il s’interroge :
pourquoi sa grand-mère aimait-elle ce tableau ?
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Et soudain, il comprend :</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Sainte Anne est la
mère de Marie. Elle devrait avoir deux fois son âge, or ça ne
paraît pas sur le tableau. Elles se ressemblent. Elles sont très
belles, sans âge. </em>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Mais ce qui m’émeut
tant, c’est la douceur malicieuse de leur regard. Ce sourire retenu
qu’elles ont toutes les deux sur la bouche, cette bonté gaie, sans
limites. Et quelque chose de plus… je ne sais quoi… une
complicité tendre avec le monde.</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Plus que jamais, Michel,
cette complicité apparaît dans ton roman <em><strong>May le Monde</strong></em>.
Dont l’héroïne est une enfant. Mais cette enfant, malade, est
peut-être bien aussi Coline la guérisseuse. Une fille, une femme
qui saura, qui enseignera <em><strong>comment passer d’un monde à
l’autre</strong></em>.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Ce passage, Michel, il
t’obsédait.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Et voilà que tu l’as
franchi.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">De même que tu as, sur
cette photo où tu affiches un sourire malicieux et complice,
prophétisé ton départ en 2015, peut-être as-tu, comme ton héros
Vincent, <em>vu <strong>Les yeux géants</strong> un soir de
l’automne 2010. Un soir d’une douceur incomparable, d’une
tristesse ardente et d’un calme de fin des temps.</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">A la fin du récit,
Vincent meurt.
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Et toi, Michel, tu
affirmes alors :</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">« <em>Vincent
s’éveilla et il sut qu’il venait de ressusciter. Où ?</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Si le voyage avait
réussi, il était dans un monde totalement étranger. Si le voyage
avait échoué ( il savait que c’était une possibilité… ) il
allait se retrouver chez lui, dans l’ombre familière de son vieil
univers. </em>(…)</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Il n’osait pas
ouvrir les yeux. Peut-être allait-il renaître dans un vieux
cimetière de campagne. </em>(…)<em> Il se décida enfin à soulever
les paupières. Pendant quelques secondes, une minutes, deux, sa vue
lui parut trouble et le décor indistinct. </em>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Puis il vit… </em>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>Quoi ? Il ne le
savait pas. </em>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>C’était étranger.
Il avait réussi.</em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY"><em>La suite de ce récit
ne pourra jamais être écrite avec des mots humains. </em></p>
<p style="margin-bottom: 0cm" align="JUSTIFY">Ces mots, Michel,
désormais, tu peux les trouver, j’en suis certain.</p>Michel Jeury, un écrivain d'aujourd'hui !urn:md5:822c9dbe05c8a7a437bf03315d6a60e22013-05-04T13:20:00+02:002013-05-04T12:33:23+02:00Christian GrenierDivers <img src="http://www.noosfere.com/grenier/images/Divers_GF/jeury_issigeac_1305.jpg" alt="" title="" border="1" hspace="10" vspace="10" width="500" />
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Après de sérieux ennuis de santé l’an dernier, Michel
Jeury s’est rétabli – il a même déménagé !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Et devinez quoi ? Il s’est remis à écrire – oui,
cet écrivain hors pair n’a pas fini de nous étonner…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">A l’initiative de plusieurs de ses admirateurs,
collègues et amis aura lieu, en juin prochain, au château d’Issigeac, une série
de conférences, d’expositions, de rencontres et d’hommages. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">C’est l’occasion de vous y convier et de vous
rappeler le parcours de cet auteur éclectique…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Né à Razac d’Eymet en 1934, Michel Jeury s’intéresse
très tôt à la science-fiction. </p>
Après avoir publié sous le nom d’Albert Higon, il
fait une entrée fracassante dans ce genre littéraire en 1973 avec <strong><em>Le
Temps incertain</em></strong>, roman qui marque un tournant majeur dans la SF
française.
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Surtout publié chez R. Laffont dans la prestigieuse
collection de Gérard Klein ( <em>Ailleurs & Demain</em> ), Michel Jeury se
consacre exclusivement à la science-fiction, romans et nouvelles, jusqu’en
1988 : il publie - entre autres ! - <strong><em>Les singes du Temps</em></strong>
en 1974, <strong><em>Les yeux géants</em></strong> en 1980, <strong><em>L’Orbe et la roue</em></strong>
en 1982…</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Il quitte alors le Périgord pour Anduze, dans les
Cévennes, et aborde - avec le même succès - le roman de terroir, auquel il se
consacre encore, même s’il revient de temps à autre à la SF.</p>
En 2011, son roman <strong><em>May le monde</em></strong> obtient le
Grand Prix de l’Imaginaire... mais on ne compte plus le nombre de prix décroché
par Michel depuis plus de trente ans !
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Michel Jeury offre ainsi deux facettes : celle
de l’auteur français de science-fiction<span style="mso-spacerun: yes">
</span>sans doute le plus prestigieux du XXe siècle, mais aussi celle d’un
auteur de romans de terroir à succès, dont certains ont été adaptés à la
télévision. Citons, parmi une vingtaine de titres, <strong><em>La Grâce et le venin</em></strong>
( 1992 ), <strong><em>L’année du certif</em></strong> ( 1995 ), ou <strong><em>La vallée de la
soie</em></strong> ( 1998 )</p>
J’ai rencontré Michel pour la première fois il y a
quarante ans. Quand il publiait ses romans de SF chez Robert Laffont et était
invité à Paris, il préférait venir dormir chez nous plutôt qu’à l’hôtel !
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Et si nous sommes partis vivre dans le Périgord,
c’est en grande partie grâce à lui. J’ajoute que Dominique Dauta, le responsable
de l’agence immobilière qui nous a vendu la maison… était un ami d’enfance de
Michel ! </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Bien sûr, Michel Jeury est venu chez nous, dans le
Périgord, pour l’un de ses ( rares ) pèlerinages sur les lieux de son enfance.</p>
Entre-temps, j’avais eu la chance de le publier chez
Gallimard, dans les années 80, quand j’étais responsable de la série <em>Folio-Junior
SF</em>. Il a eu aussi la gentillesse de me dédier l’un de ses rares romans pour
la jeunesse, <strong><em>Le printemps viendra du ciel </em></strong>( 1985 ).
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align: none;text-autospace:none">Car Michel Jeury a aussi publié pour le jeune
public !</p>
Mais pour en savoir davantage, rendez-vous à Issigeac, en juin, pour
assister à une série de conférences et participer à plusieurs rencontres.L'Amour-Pirate, Oskar éditeururn:md5:80ec08a902c3f6e81ccbad90283e6ef42012-10-19T19:53:00+02:002016-09-05T09:47:36+02:00Christian GrenierDivers <img src="http://www.noosfere.com/grenier/images/couv/259_l_amour_pirate_2012.jpg" alt="" title="" align="left" border="1" hspace="10" vspace="10" width="150" />
<p> La rédaction de ce long récit m'a occupé pendant toute l'année 2011.
</p>
<div align="justify"> Seuls étaient au courant les lecteurs qui, lors d'une rencontre, me posaient la question : « <em>Qu'écrivez-vous en ce moment ?</em> »</div>
<div align="justify"> Ce livre, je le portais en moi depuis plus de dix ans. </div>
<div align="justify"> Aux yeux d'un écrivain, son dernier né est toujours le meilleur. </div>
<div align="justify"> Cette fois, ma conviction est plus que jamais fondée : <strong><em>L'Amour-Pirate</em></strong>
est l'un des ouvrages les plus importants — et, de loin, le plus fort,
le plus intime que j'aurai jamais publié. Au jour le jour, il relate
l'année de mes seize ans, mes émois, convictions et passions
d'adolescent avec, au cœur du récit, un secret inavouable dont l'aveu
allait changer ma vie...</div>
<br />
<div align="justify"> <strong>Ce roman parait en librairie le 19 octobre 2012</strong>.<br /><br /> Vous pouvez lire ci-dessous l'interview réalisé par ma petite-fille Estelle, 16 ans, ainsi que des extraits du roman.<br /><br />
<br clear="left" /></div>L'Amour-Pirate, l'interviewurn:md5:5095a79986cbbd0e6b91cbd7127054642012-10-19T19:52:00+02:002012-10-19T18:54:39+02:00Christian GrenierDivers <img src="http://www.noosfere.com/grenier/images/estelle_01.jpg" alt="" title="" align="left" border="1" hspace="10" vspace="10" />
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>L'Amour-Pirate est une histoire vraie... c'est même la tienne, non ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> En effet.</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Alors pourquoi as-tu changé les noms et les prénoms ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Le Christophe de ce récit... c'est toi !</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Oui... et non !</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Et si cette histoire est en effet la mienne, il s'agit d'un récit.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Or, la littérature, ce n'est
jamais la réalité. La réalité, c'est le présent, les gens en chair et en
os que nous côtoyons, les événements que nous vivons. Mais dès que nous
essayons de les fixer au moyen de photos, de films ou de mots, nous
trichons. Nous choisissons des moments, des angles, des points de vue
particuliers. Et nous offrons au spectateur ( ou au lecteur ) une
reconstitution partiale et partielle qui n'est plus du vécu.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Et puis <strong>L'Amour-Pirate</strong>
met en scène des personnages qui ont existé — et qui parfois, n'ont pas
un très beau rôle. La prudence oblige alors l'écrivain à modifier les
prénoms, les noms, les lieux.</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Mais les faits que tu relates sont authentiques ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Oui. Mais si j'ai repris mon
vrai journal intime d'adolescent ( j'avais comme toi seize ans ! ), je
n'en ai utilisé que certains extraits ; je l'ai souvent complété... et
toujours amélioré.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> En revanche, je n'ai rien changé aux extraits des lettres — ta grand-mère et moi en avons échangé des milliers !</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Pourquoi cette question ?</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Parce que certaines
scènes sont stupéfiantes, exotiques, invraisemblables ! Je suis étonnée
qu'à l'époque, il y ait eu tant d'interdits. </em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> C'est vrai. L'autorité des
parents et des enseignants était totale. Face aux contraintes
religieuses, sociales et morales, on devait se cacher pour lire, écrire,
se voir.</div>
<br />
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Ton récit est... le journal intime d'un garçon de 16 ans en 1961-1962. Malgré la modification des prénoms, ce garçon, tu admets que c'est toi. </em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Ce journal intime, c'est donc le tien ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Disons que j'ai largement puisé dans le journal intime que je tenais à l'époque. Je l'ai repris, réécrit, modifié... et amélioré, ce qui justifie que même si ce héros me ressemble, ce n'est plus tout à fait moi. A l'époque, j'ai fait la même chose que lui : j'ai relu le journal que j'avais rédigé trois ans auparavant. Et je me suis aperçu que j'avais souvent noté des faits d'une grande banalité. Sans évoquer des événements et des sentiments trop dangereux à révéler. </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> En même temps, relire ce que j'avais écrit réveillait en moi des scènes, des anecdotes que j'avais oubliées. <strong>( lire l'extrait N° 2 ) </strong>Aussi, le narrateur de <strong>L'Amour Pirate</strong> reconstitue des incidents et des dialogues qu'il n'avait jamais osé relater. </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Ce que je n'avais pas fait à l'époque !</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Alors tu as triché ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Oui. Mais pas plus que les écrivains qui prétendent reconstituer leur propre vie. Cette reconstitution, littéraire, n'est plus la réalité. C'est pourquoi j'ai changé le prénom du narrateur : pour marquer la distance, la différence entre la réalité et sa rédaction... </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Souvent, à la fin d'une intervention en classe, je lis les trois pages de <strong>L'amour caramel</strong>, un vieux souvenir d'enfance rédigé à la première personne, au présent. Comme si j'évoquais les faits de façon immédiate et spontanée. Ce qui est faux puisque je relate ce souvenir soixante ans plus tard, avec le poids du temps écoulé et des qualités d'écriture que je n'avais pas à l'époque !</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Etrange, que tu te lances dans un récit autobiographique ! D'ordinaire, ta vie privée n'est pas ton « fond de commerce » — l'expression est de toi !</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> C'est vrai. Sur la centaine d'ouvrages que j'ai publiés, si j'excepte les trois pages de <strong>L'Amour Caramel</strong>, il n'y a guère que <strong>Je suis un auteur jeunesse</strong> et <strong>Ce soir-là, Dieu est mort</strong> qui évoquent des épisodes précis de ma vie.</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Pourquoi as-tu tant attendu pour révéler des faits vieux de 50 ans ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Plusieurs raisons à cela...</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> D'abord, parce qu'il y a prescription.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Ensuite, parce que j'ai peu parlé de moi dans mes livres : 2% de ma production ! Et cela, parce que je croyais ma vie dépourvue d'événements exceptionnels... </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> En 1972, en me remettant à la télévision le prix ORTF, Pierre Tchernia m'avait demandé d'évoquer mon enfance ( elle est souvent importante dans l'imaginaire des auteurs.) Imprudemment, j'avais affirmé avoir eu une enfance ordinaire. Et ta mamy, hors caméra, m'a affirmé, stupéfaite :</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — Mais c'est faux ! Tu ne te rends pas compte ! Tes parents étaient comédiens, ton père régisseur à la Comédie Française ! A 15 ans, tu allais au théâtre trois fois par semaine, tu côtoyais de grands acteurs, tu as même croisé au Français Henri de Montherlant et Paul Claudel !</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> A mes yeux, c'était du quotidien, je n'avais pas conscience de ma chance.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Or, à 16 ans, j'ai vécu un événement qui allait bouleverser ma vie. Je suis tombé amoureux de celle qui, j'en étais sûr, partagerait mon existence. Sauf que la différence d'âge était problématique et que, longtemps, je me suis interdit de reconnaître cette passion qui me dévorait.</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Cela explique le titre de ton récit, </em>L'Amour Pirate<em> ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Oui. Quarante ans après notre mariage, les sentiments et les faits qui, au début des années soixante, nous ont réunis ta mamy et moi, restaient ( et pourraient peut-être paraître encore ? ) socialement incorrects.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Il y a dix ans, j'ai dit à ta grand-mère que j'avais très envie de raconter cette histoire, la nôtre. Celle de la naissance d'une passion qui, je l'espérais, serait partagée. C'était là, dans notre vie — et surtout dans la mienne, en 1961 — un épisode stupéfiant, en contradiction totale avec les conventions et les lois morales de l'époque.</div> <br />
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Et Mamy a accepté ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Non. Par pudeur sans doute, elle refusait d'apparaître dans un récit. </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — Mais rédiger cette histoire ne signifie pas la publier, lui ai-je affirmé il y a deux ans. </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — Eh bien si tu as besoin de l'écrire, écris la.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Voilà, Estelle, pourquoi j'ai tant attendu !</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Pendant toute l'année 2011, j'ai reconstitué les faits jour après jour...</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>A ce point ? </em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Mais oui ! </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Grâce à ton vieux journal intime ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Mon journal, des photos, les journaux et magazines de l'époque, les programmes de théâtre, de concerts — et aussi les carnets de mon père, qui notait scrupuleusement jour après jour ses déplacements, ses achats, visites, rendez-vous — et même la météo !</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Alors tu as publié </em>L'Amour-Pirate<em> sans l'autorisation de Mamy ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Bien sûr que non !</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> J'ai d'abord rédigé un récit de près de mille pages qui l'a bouleversée — et que j'ai réduit à une version plus courte.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Cette version, je l'ai confiée à ta tante Sophie, notre fille, qui l'a lue... </div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Et elle a réussi à convaincre sa mère que je la propose à un éditeur !</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Et pourquoi à Oskar ? Pourquoi pas à l'un de tes éditeurs habituels ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> L'un d'eux m'a demandé, l'an dernier :</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — Qu'est-ce que tu écris, en ce moment ?</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — Le journal intime d'un garçon de 16 ans en 1961, ai-je révélé. Les tourments d'un ado déchiré par un amour impossible.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — Hélas, ce n'est pas pour moi ! m'a-t-elle ( c'est une dame ) affirmé. Un journal intime, ce n'est pas tendance, et cette époque ne dira rien à un jeune lecteur d'aujourd'hui.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Les autres éditeurs, qui ont lu le manuscrit, m'ont répondu, embarrassés :</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — C'est très ambitieux mais trop long, trop littéraire. Ce n'est pas ce que nos lecteurs attendent.</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Comment peuvent-ils savoir ce qu'attendent les lecteurs ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Aujourd'hui, ils savent « ce qui marche, ce qui se vend ». Et les directeurs littéraires ne veulent pas, ne peuvent plus prendre de risques.</div>
<br />
<div class="LigneEdito2" align="left"> <strong><em>Et toi, tu en prends ?</em></strong></div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> Non, Estelle. Moi, je ne m'occupe pas de ce qu'attendent les lecteurs, les directeurs littéraires ou... les contrôleurs financiers !</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> J'écris.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> En revanche, j'ai pensé à Bertil et Françoise Hessel, les éditeurs d'Oskar. Depuis plusieurs années, ils me demandaient si j'avais un texte pour eux. Leur enthousiasme a été immédiat. Et comme je les avertissais des écueils qu'ils rencontreraient pour la vente de ce gros roman, Bertil m'a avoué :</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> — On le sait, ce n'est pas gagné. Comparé à ce qui sort en ce moment, ton récit semble à contre-courant. Mais il est superbe. Et nous, on y croit.</div>
<div class="LigneEdito2" align="left"> A mon âge, Estelle, je ne cherche plus à prouver quoi que ce soit, ni à faire un succès de librairie. Mais seulement à livrer le meilleur, à écrire avec conviction et sincérité, même si je me risque hors des sentiers battus.</div>
<br />L'Amour-Pirate, Extrait 1 (Début)urn:md5:e9de1504c018e1cc600ab5ad04fd2dca2012-10-19T19:51:00+02:002012-10-19T18:54:33+02:00Christian GrenierDivers <div align="justify"> <strong>Lundi 16 octobre 1961</strong></div> <br /><div align="justify"> « <em>A combien de chagrins il faut que je m'apprête ! »</em></div> <div align="right">Racine<strong><em> ( Britannicus</em></strong>, acte II scène 1 )</div> <br /><div align="justify"> Ce que j'ose aujourd'hui écrire, jamais personne ne doit le lire.</div> <div align="justify"> J'aime. Mais sans retour. </div> <div align="justify"> J'irai au bout de cet amour sans espérer être aimé un jour.</div> <div align="justify"> Pourtant, Anne est libre, jeune, accessible. Nous avons les mêmes idées, les mêmes goûts. C'est une amie de la famille. Mais qu'elle partage mes sentiments est impensable, absurde. </div> <div align="justify"> S'y risquerait-elle que nous serions tous deux dans le scandale, l'opprobre, l'interdit. </div> <div align="justify"> Ce précipice qui nous sépare, je l'ai trop longtemps ignoré ; je veux désormais l'affronter. A quoi bon nier l'évidence ? </div> <div align="justify"> Je dois mettre mon mal en mots. Mais les mots me font mal. </div> <div align="justify"> Cet amour orphelin, secret, honteux, tabou, je devrai le cacher. </div> <div align="justify"> C'est une passion défendue, clandestine. </div> <div align="justify"> Un amour pirate.</div> <div align="justify"> Le voile s'est déchiré hier soir, à l'instant où le rideau s'est levé sur la scène du Théâtre Français. Là, j'ai décidé d'ouvrir les yeux. De m'accorder cet aveu. Sans qu'Anne, à mes côtés, ne soupçonne le séisme qu'il allait provoquer.</div> <div align="justify"> Il y a ce qu'on dit, ce qu'on pense et ce qu'on écrit. Et enfin ce qu'on n'ose pas penser... que de différences !</div> <div align="justify"> A dater d'aujourd'hui, mon journal devrait me permettre de révéler l'informulé. Ecrire, n'est-ce pas mettre à jour le non-dit ?</div> <div align="justify"> J'ai enfin mis des mots sur ma pensée hier soir. Un jour, une heure, un lieu que j'avais bien choisis : le 15 octobre à vingt-et-une heures. A la Comédie Française.</div> <div align="justify"> Ce moment privilégié, je dois le relater au plus vite. Pas question de l'oublier. Si je me relis, je veux revivre l'émoi qui l'a suivi, ce merveilleux trouble douloureux... </div> <div align="justify"> Je veux que mes écrits soient l'écho fidèle et précis de ma vie. Parce que le temps fait écran, il affadit nos souvenirs ; il gomme les faits importants et les plonge dans l'oubli.</div> <div align="justify"> Ce journal, je le rédige depuis l'âge de onze ans. </div> <div align="justify"> Aujourd'hui, il me pose problème à plusieurs titres. </div> <div align="justify"> D'abord, quand je me relis longtemps plus tard, je m'aperçois que j'ai consigné des faits futiles et gardé l'essentiel sous silence. Parce que l'essentiel, je n'osais pas l'évoquer...</div> <div align="justify"> Ensuite, mes parents jugent que l'écriture nuit à mon travail.</div> <div align="justify"> Enfin, je ne sais plus où cacher ces cahiers. </div> <div align="justify"> Autrefois, je les laissais traîner. Mes parents étaient fiers de me voir écrire. Ils lisaient mes histoires. Sans me les réclamer. Fouillant dans mes affaires, ils dénichaient un roman inachevé, le brouillon oublié d'un poème...</div> <strong><em><br /></em></strong>L'Amour-Pirate, Extrait 2urn:md5:1b5c175b9944bb0bc7518b917040415b2012-10-19T19:50:00+02:002012-10-19T18:54:28+02:00Christian GrenierDivers <div align="justify"> <strong>Mardi 17 octobre 1961</strong></div> <br /><div align="justify"> « <em>Un soupir, un regard, une simple rougeur,</em></div> <div align="justify"> <em>Un silence est assez pour expliquer un cœur. »</em></div> <br /><div align="right">Molière ( <strong><em>Dom Garcie de Navarre</em></strong> ou <strong><em>Le Prince jaloux</em></strong> )</div> <br /><br /><div align="justify"> Bonne nouvelle : Loriot, notre prof de français dit <em>Le Compère</em>, est absent. Permanence jusqu'à midi ! J'ai deux heures pour relater cette soirée du 15 octobre. C'était avant-hier...</div> <div align="justify"> La salle du Français était pleine.</div> <div align="justify"> Mon père nous avait procuré des places au premier rang du premier balcon, côté jardin. De face, la scène est trop loin.</div> <div align="justify"> J'ai aiguisé mes sens pour graver cet instant, les minutes qui précèdent le lever du rideau avec, au-dessus du brouhaha badin du public, ce signal aigrelet et discret qui crie en continu, le spectacle va reprendre regagnez vos places !</div> <div align="justify"> Je guettais sur le rideau l'œilleton percé à hauteur d'homme, opercule réservé à ceux qui travaillent sur scène, machinistes, électriciens, décorateurs et tapissiers. Un poste de guet qui permet au régisseur d'épier le public et les ouvreuses prêtes à fermer les portes. Des effluves passaient, coûteux parfums capiteux. J'ai caressé le velours grenat de la rambarde sur laquelle les spectateurs tentent parfois de poser leur manteau, non madame utilisez le vestiaire s'il vous plaît ! ordonne alors l'ouvreuse la plus proche. </div> <div align="justify"> Ce théâtre, je le fréquente depuis que mon père y est régisseur. J'en connais les recoins par cœur</div> <div align="justify"> (...)</div> <div align="justify"> <em>Le Théâtre Français</em>... aujourd'hui, je le sais : le théâtre est mon nid et le Français ma vie. C'est là que j'ai appris à rêver. Là que j'ai acquis le goût de l'aventure et de l'écriture, là que j'ai soupçonné le pouvoir des mots qui sont, j'en suis convaincu, le ferment de la pensée et le moteur de l'action : réfléchir pour bâtir, formuler avant d'agir, sans quoi l'on se débat dans un perpétuel brouillon.</div> <div align="justify"> Le théâtre me fascine, me façonne. C'est le moule de mon existence, la matrice de ma vraie naissance, le modèle sur lequel je construirai mon destin. </div> <div align="justify"> (...)</div> <div align="justify"> Les trois coups. Un silence... Puis trois coups.</div> <div align="justify"> Qui a inauguré ce cérémonial ? La Grange, régisseur de la Troupe du Roy, vers mille six cent soixante-trois ?</div> <div align="justify"> Les lumières du grand lustre ont faibli, les dernières conversations se sont éteintes. Et l'obscurité s'est faite dans un crépuscule accéléré. Ce jour vaincu par la nuit prélude tous les rêves... peut-être ce soir-là les miens ?</div> <div align="justify"> Je me suis tourné vers Anne ; elle ne m'a rendu ni mon regard ni mon geste. Elle s'est focalisée sur le rideau fermé. </div> <div align="justify"> J'ai mesuré ce qui sépare mon rêve du réel : un abîme. </div> <div align="justify"> Entouré de témoins ignorants, dans ce néant factice propice aux confidences, j'ai formulé tout bas l'évidence : </div> <div align="justify"> — Je l'aime.</div> <div align="justify"> (...)</div> <div align="justify"> Le rideau s'est enfin levé dans un fier froissement feutré. </div> <div align="justify"> La présence d'Anne s'est effacée peu à peu. Surtout quand Robert Hirsch est entré en scène. Ce comédien est mon idole. Qu'il interprète le valet <em>Scapin</em>, le <em>Bousin</em> du <em>Fil à la patte</em> ou le <em>Sosie</em> d'<em>Amphitryon</em>, il est une vraie bête de scène. Quand il a jeté à son confident, tel un condamné face à sa sentence : <em>Narcisse, c'en est fait : Néron est amoureux</em>, ses mots m'ont touché au cœur, moi qui ne suis pas Néron, moi qui n'ai pas de Narcisse à qui me confier. Moi qui jamais ne pourrai formuler à voix haute :</div> <div align="justify"> <em>— Mais je t'expose ici mon âme toute nue</em>. </div> <div align="justify"> Mon dilemme pourrait s'énoncer ainsi : <em>J'aime Anne qui ne m'aime pas</em>. Plus exactement : <em>j'aime Anne qui l'ignore</em>.</div> <div align="justify"> ( Pendant l'entracte, le père du narrateur entraîne dans les coulisses son fils et Anne, qui voulait féliciter les comédiens )</div> <div align="justify"> A travers les praticables, j'ai aperçu la scène éclairée. Des tapissiers en blouse grise exploraient le sol avec soin. J'ai failli bousculer Robert Hirsch, en costume, qui piétinait côté cour en les invectivant.</div> <div align="justify"> — Merde ! Je n'ai pas rêvé ! Ce clou m'a transpercé le pied ! Roger ? a-t-il ajouté en apercevant mon père. Où étais-tu ?</div> <div align="justify"> Avant de lever le rideau, le régisseur doit vérifier que rien ne traîne sur le plateau. Un marteau oublié sur scène fait désordre. Hirsch était méconnaissable. Vu de près, son maquillage coloré paraissait grossier. Son visage était inondé de sueur, sa bouche et ses yeux tremblaient de nervosité. Sur scène, tous ses tics disparaissent. Il m'a aperçu, a sursauté. </div> <div align="justify"> — C'est mon fils, a expliqué mon père. Tu ne le reconnais pas ?</div> <div align="justify"> Non. Il était obsédé par ce clou. Normal : au dernier acte, Néron se roule à terre comme un enragé. </div> <div align="justify"> — François ? a repris mon père en saisissant l'épaule d'un autre comédien. Voici Anne, l'amie dont je t'ai parlé.</div> <div align="justify"> Chaumette a gratifié Anne d'un baise main et d'un solennel :</div> <div align="justify"> — Mademoiselle, je suis ravi.</div> <div align="justify"> Sa voix, nasillarde et grave, le condamne aux rôles de fourbes. Dans la vie, c'est un homme adorable. Anne a bredouillé un compliment. </div> <div align="justify"> Un rien de jalousie m'a saisi. Si elle était là, c'était grâce à moi. Mon père et les acteurs me volaient la vedette.</div> <div align="justify"> A son tour, Toja a surgi, dans le costume de Britannicus. Grand, beau garçon, c'est un jeune premier idéal. Mon père allait lui présenter Anne quand le comédien lui a lancé :</div> <div align="justify"> — Dis-moi, Roger, il n'est pas temps de reprendre ?</div> <div align="justify"> — Si. Mais ce soir, on a un problème.</div> <div align="justify"> — Lequel ?</div> <div align="justify"> — Le clou du spectacle.</div> <div align="justify"> Son humour n'a détendu personne. Impossible de reprendre avec cette menace sur scène. Prolonger l'entracte ? Difficile.</div> <div align="justify"> J'ai mesuré la responsabilité qui pesait sur mon père. Successeur du metteur en scène, c'est à lui qu'incombent les changements des décors, l'entrée des comédiens, les éclairages, les bruitages, jusqu'à la fermeture du rideau. Chef d'un orchestre invisible, en coulisses, le régisseur <em>conduit </em>la pièce. Un signal oublié et le rythme est rompu. Si le public n'y voit souvent que du feu, le moindre accroc est piégé par les acteurs. En allemand, le mot <em>Regisseur</em> signifie réalisateur ou metteur en scène.</div> <div align="justify"> Robert Hirsch, accroupi, examinait ses cothurnes ; il s'est relevé d'un bond en brandissant un objet minuscule.</div> <div align="justify"> — Une punaise ! C'était une punaise coincée dans ma semelle ! Quelle chiasse !</div> <div align="justify"> Les tapissiers ont respiré : Hirsch avait ramassé ce truc dans un couloir ou dans sa loge. Mon père a interrompu la sonnerie.</div> <div align="justify"> — Christophe ? Vite, filez ! Je ne vous raccompagne pas. </div> <div align="justify"> — Je connais le chemin.</div> <div align="justify"> Anne et moi avons remonté l'escalier en colimaçon. Le hall était désert, et la salle remplie. Nous étions seuls, immergés dans un moment d'attente magique.</div> <div align="justify"> J'ai failli perpétrer une folie. Lui révéler à haute voix ce que je m'étais avoué tout bas. L'attirer contre moi. L'embrasser... </div> <div align="justify"> Je n'ai rien fait de tout cela. (...)</div> <div align="justify"> Parce que j'ai seize ans, et Anne bientôt vingt-cinq.</div> <br />Concours de nouvelles de Science-fictionurn:md5:08ed1be4826c6832ffe17258dc43d9d02011-10-08T13:35:00+02:002011-10-08T12:36:39+02:00Patrick MoreauDivers <p>Les Orléonautes ouvrent un espace littéraire amateur à l’occasion de la 39ème Convention de Science-Fiction et de la 2ème Convention de Fantasy. <br />Ils organisent un concours de nouvelles de Science-fiction, gratuit et ouvert aux seuls amateurs.<br /><br /> Thème : LA VIE AILLEURS<br /> Genre : Science-fiction<br /> Taille : 12000 signes typographiques maximum<br /> Date de fin : 30 avril 2012<br /><br />Le premier prix verra sa nouvelle éditée par la Convention à cinquante exemplaires avec mention du prix. <br />Les trois premiers prix seront publiés dans le livre-souvenir de la Convention aux côtés des auteurs invités.<br /><br />Les prix seront remis lors de la Convention et de nombreuses surprises seront réservées aux gagnants, voir le règlement complet du concours sur :<br /><a href="http://www.semoy2012.fr/articles.php?lng=fr&pg=10">http://www.semoy2012.fr/articles.php?lng=fr&pg=10</a></p>Petit communiqué des organisateurs de la Convention de Science-Fiction Semoy 2012urn:md5:07ba06def52a3954af117614a32d366e2011-06-03T21:56:00+02:002011-06-05T13:13:19+02:00Patrick MoreauDivers <img src="http://www.lesorleonautes.fr/semoy2012/Images/semoy2012_flyer_201105.PNG" alt="" title="Flyer Semoy 2012 - juin 2011" align="left" border="1" hspace="10" vspace="10" width="170" />
<p><br /><br />L'association Elbakin.net nous a sollicités pour que la 39ème Convention
de SF (Semoy2012) accueille la 2ème Convention de Fantasy.
<br />
<br />Nous allons donc reconduire l'expérience sur le modèle de ce qui a été
réalisé à Grenoble en 2010, en faisant notre possible pour améliorer la
formule.
</p>
<p>Patrick
<br />Secrétaire des Orléonautes, organisateurs de la 39ème Convention
nationale française de Science-Fiction Semoy2012
<br /><a class="moz-txt-link-freetext" href="http://www.lesorleonautes.fr/semoy2012">http://www.lesorleonautes.fr/semoy2012</a>
<br />( le nouveau site va ouvrir bientôt ... )<br /><br /><br /><br /><br /><br />PS :<br />Nous avons deux nouveaux invités, tous deux orléanais !<br /><br />Le peintre et illustrateur Thierry Cardinet :<br /> http://thierrycardinet.voila.net<br /> http://cardinet.over-blog.com/<br /> http://www.art-et-fact.com/blog/artists/thierry-cardinet/<br /><br />L'auteur Franck Ferric :<br /> http://www.blackflag.fr/<br /><br />Et vous pouvez jeter un oeil au nouveau flyer <a href="http://www.lesorleonautes.fr/semoy2012/Images/semoy2012_flyer_201105.PNG"><strong>ici</strong></a><br /></p>Convention Nationale Française de Science-Fiction 2012 - suiteurn:md5:704dcdca1ab1df40271a1eb4a4ecdb632010-09-24T20:31:00+02:002010-11-20T20:30:44+01:00Patrick MoreauDivers <p>Le webmaster vous parle !<br /><br />C'est officiel, nous sommes les organisateurs de la Convention, et donc nous n'avons plus qu'à nous retrousser les manches !<br /> <br />Toutes les informations sont sur notre site : <a href="http://www.lesorleonautes.fr/semoy2012">http://www.lesorleonautes.fr/semoy2012</a><br /> <br />Christian est toujours un des invités principaux, mais si vous venez nous voir vous rencontrerez également :<br />- Alain Grousset : auteur jeunesse, directeur de collection et ami de Christian !<br />- Manchu : Illustrateur de centaines de livres SF<br />- Catherine Dufour : auteur de Science-Fiction et de fantasy humoristique<br />- Stéphane Beauverger : auteur de Science-Fiction, scénariste de BD et de jeux vidéo<br />- et des surprises à venir ...<br /> <br />En dehors des rencontres avec les invités, vous pourrez assister à des tables rondes, des conférences, des expositions, des jeux SF, ...<br /> <br />La Convention dure 4 jours, du jeudi au dimanche, et les 3 premiers jours sont réservés aux inscrits.<br />L'inscription peut se faire dès maintenant, et plus on s'inscrit à la dernière minute, plus les frais d'inscription augmentent ( mais pas trop ! ).<br />Une Convention de Science-Fiction est assez différente d'un Festival de SF ( Les Utopiales, Les Imaginales, ... ).<br />Dans une Convention le nombre de places est limité, principalement pour faciliter la convivialité.<br />Par exemple, il est assez facile de discuter au bar, très tard, avec un de vos auteurs préférés !<br />La Convention est organisée par une équipe différente (dans une nouvelle ville) chaque année, ce qui rend très difficile l'obtention de subventions ...<br />Tout ceci pour dire que si les frais d'inscription sont assez élevés (35€ aujourd'hui, 40 € à partir du 1er octobre 2010), il y a quelques justifications à ce tarif.<br /> <br />Ah oui, et le 4ème jour ?<br />Eh bien le dimanche, l'entrée sera ouverte gratuitement à tout le monde !<br /><br />Alors dans tous les cas, si vous n'habitez pas trop loin d'Orléans, vous n'avez aucune excuse pour ne pas venir nous voir.</p>
<div align="center">
<img alt="" src="http://www.noosfere.com/grenier/images/blog/semoy2010-flyer.jpg" border="1" /></div>
<p> </p>
<p>Patrick M.<br />Webmaster de Christian<br />Secrétaire des Orléonautes ( Organisateurs de la Convention Semoy 2012 ).</p>