Prof de Lettres dans un collège de banlieue ( et écrivain discret, un peu raté ), Philippe Beaujeu mène une vie terne entre sa gentille femme Catherine, ses deux filles ( de 8 et 10 ans ) qui grandissent trop vite, ses élèves et ses collègues. Il fréquente surtout Marlot, qui l’a pris en amitié et est devenu son confident en matière d’aventures extra conjugales.
Empêtré dans les débats qui animent la salle des prof et divisent ses collègues, Philippe, lui, est fidèle – même s’il se sent parfois quelque peu has been.
Or, au cours d’un voyage scolaire à Venise, il a une liaison rapide, torride et presque inattendue avec Marie-Paule, une prof de SVT célibataire de quinze ans sa cadette.
Une passade ? Oui, il veut se ( et la ) convaincre que ce canif au contrat était une erreur.
Sauf que Philippe se sent peu à peu emporté dans un univers nouveau, inconnu et grisant, d’autant plus que la jeune femme, très lucide, semble demandeuse.
Un soir, n’y pouvant plus, Philippe décide de quitter Catherine ; il se rend pour la première fois chez sa jeune maîtresse, à Clichy, bien décidé à emménager chez elle…
Ce roman dont le sujet peut sembler banal est en réalité un portrait au vitriol ( et très réaliste ) du monde de l’enseignement en général, et de celui du collège en particulier.
Les décors, l’ambiance, les problèmes pédagogiques, syndicaux, disciplinaires ( et ceux de la vie privée de ces anciens-et-brillants-universitaires-condamnés-à-revenir-à-l’école-pour-ne-jamais-la-quitter ) ne manqueront pas de faire écho chez les enseignants qui liront ce roman d’une facture classique, écrit par un agrégé de Lettres – et à l’humour décapant !
Oui : on se retrouve, on soupire… et on rit ( parfois jaune ) en se reconnaissant ici ou là, au détour d’un débat syndical ou d’une réunion chez la Principale pour lui signaler qu’il devient impossible d’enseigner avec une chaudière en panne et des classes où règne une température inférieure à 10° ( le seuil légal étant fixé à… 13° ) !
Mais ce Conseil d’indiscipline est avant tout le portrait haut en couleur d’un enseignant comme les autres, certes un peu coincé, dont la vie terne, aussi bien sur le plan scolaire que familial, est tout à coup bouleversée par un événement imprévu. La chute, dont il est préférable de laisser la surprise, fera retomber Philippe ( et les lecteurs ) sur terre.
Ajoutons que Jean-Philippe Arroud-Vignod maîtrise son sujet. Il est un auteur ( et un vieux camarade ) aux multiples talents puisqu’il est prof de Lettres, auteur pour la jeunesse, et qu’il fut longtemps responsable, chez Gallimard, de l’excellente ( mais défunte ) collection « Page Blanche », pour jeunes adultes.
Son roman a vingt ans… mais à l’heure de la Réforme des collèges, il n’a ( heureusement… ou malheureusement ? ) pas pris une ride !
Lu dans sa version classique et indémodable, la « Blanche » de Gallimard.