A Berlin, en 1942, Joseph Goebbels décide de recruter un orchestre… de jazz. Ou plutôt de « musique de danse fortement rythmée » ( ! ) Conscient de l’attrait des jeunes générations pour cette « musique dégénérée », le chef de la propagande nazie embauche donc le vieux musicien Wilhelm Dussander pour qu’il constitue un groupe de jazz aryen, dont les concerts et les disques seront destinés à doper le moral des troupes.
Chaperonné par Müller, un nazi qui le surveille de près, Dussander quitte donc à regret sa maison, et sa fidèle servante Elsa ( qui cache sans doute un secret ? ) pour dénicher à grand peine quatre garçons très différents : Ruppert, aux tendances homosexuelles, le jeune saxophoniste Max Stachowiack, Hermann Jürgens – qui est membre des jeunesses hitlériennes et un garçon des rues, Thomas Hohenegg.
Hélas, dans ce groupe convaincu dont les succès enthousiasment rapidement les foules, le nazi Hermann fait très vite tache. Surtout quand Ruppert révèle à ses camarades et à Dussander qu’il transporte des tracts de La Rose Blanche, un mouvement dissident opposé aux folies du régime. Surveillé de près par Müller, le groupe des cinq musiciens va devoir redoubler de prudence. Hermann a juré de ne rien révéler aux autorités, mais tiendra-t-il parole ?
Encore un roman sur la dernière guerre ? va s’écrier le lecteur.
Erreur ! Christophe Lambert, qui connaît la musique, a choisi là un angle d’attaque original, audacieux et exemplaire. Quand on parle propagande, on songe en priorité aux discours, à la littérature… rarement aux autres arts. La musique a pourtant été une arme récurrente, et souvent méconnue, au cours de tous les conflits !
Si l’histoire est imaginaire, elle est nourrie de faits authentiques : le « jazz aryen » a bel et bien existé, et Goebbels en a été l’initiateur. Le nom du groupe de ce roman, Die goldenen Vier ( les quatre en or ) est d’ailleurs inspiré des très historiques Goldene Sieben.
Ce roman passionnant se révèle un vrai thriller historique, dont la solide documentation ne ralentit jamais l’action. Le lecteur le dévorera d’une traite, jusqu’aux deux coups de théâtre finaux… et finauds.
Millézime
est décidément une collection attachante : de beaux livres, que l’on a
bien en main. Un heureux compromis entre le grand format et le poche.