Du cheval ? Quel scandale ! Et du porc ? Pas d'accord !

Soyons provocateur jusqu’au bout : j’aime beaucoup le cheval. L’animal comme sa viande qui, sur le plan sanitaire, semble moins grasse et au moins aussi bonne que celle du bœuf.

Aussi, ce qui me scandalise, ce n’est pas de manger du cheval, c’est de le faire à mon insu et de savoir qu’il y a eu une arnaque financière – mais pas sanitaire.

Même si cette affaire permet de redécouvrir l’existence de la viande de cheval, elle va susciter la méfiance légitime des consommateurs, et provoquer à terme la baisse des ventes de la viande en général et surtout des produits qui en contiennent.

Pour aller au bout de ce raisonnement, quitte à me heurter aux amis des chevaux, j’avoue être tout aussi ému par les gentils lapins, les vaches, les poulets, les veaux, les canards, les cochons, les faisans et même les sangliers ou les renards, qui passent pour être de méchants prédateurs – le prédateur suprême sur cette planète, étant l’homme, ne l’oublions pas.

Tout est affaire culturelle.

En France on ne mange ni chat ni chien – mais beaucoup adorent les escargots ou les huîtres, ce qui semble inadmissible au-delà de nos frontières les plus proches.

Avec le porc dissimulé sous de la viande de bœuf, le scandale est évidemment religieux. Mais toujours pas sanitaire, dans la mesure où depuis bien longtemps, la viande de porc correctement cuite n’est pas plus dangereuse que celle du bœuf ( eh oui, le ténia du bœuf existe ! ).

Reste à savoir quel sera le châtiment divin du musulman qui aura mangé du porc sans le savoir. J’ignore quel sort le Coran lui réserve – mais pour ma part, je serais… très indulgent.

En réalité, ce scandale repose en filigrane…

* le problème de la consommation de viande

* et la question récurrente : est-il encore politiquement correct aujourd’hui d’en manger ?

Ma réponse est : de moins en moins.

Attention ! Je consomme de la viande – raisonnablement. Et dans mon village, notre ( excellent ) boucher est même un ami.

J’entends le lecteur protester : en ce cas, pourquoi n’êtes-vous pas végétarien ? Las ! Je suis opposé à bien des pratiques, règles, traditions, et à l’usage de certaines technologies. Mais j’ai l’électricité, une voiture, et je profite scandaleusement de privilèges contre lesquels je continue de lutter.

Mais en ce XXIe siècle, et comme je le suggère dans un grand nombre de mes ouvrages de SF ( du Complot ordrien à Ecoland en passant par ma nouvelle Dictature douce, Décroissance dure ), manger de la viande deviendra peu à peu politiquement incorrect. Par respect de la vie d’abord ( et il suffit pour s’en convaincre de voir comment sont élevés et abattus la plupart des animaux que nous consommons ) et ensuite par économie.

A qualité nutritionnelle égale, la viande est 20 à 40 fois plus coûteuse que les céréales : faire pousser un bœuf pour le manger est une hérésie luxueuse dont l’humanité devra un jour se passer.

Après tout, même si la corrida subsiste, les jeux du cirque ont tout de même disparu – remplacés par les jeux vidéo ? Gageons que dans un avenir peut-être assez proche, rester carnivore deviendra insupportable.

Nous mangeons des animaux parce que nous ne les voyons pas mourir.

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