Ah, l’Histoire de France… elle n’est plus ce qu’elle était !
Autrefois, dans les classes primaires, existait souvent, affichée sur un mur, une longue chronologie de six mètres où alternaient faits, noms et dates ( Préhistoire, - 52 Alésia, 481 règne de Clovis, 732 Bataille de Poitiers, 800 couronnement de Charlemagne… ).
Les livres étaient plein de ces fameuses « images d’Epinal » sur lesquelles on voyait Vercingétorix déposer les armes devant César, Saint Louis rendre la justice sous un chêne, le méchant roi Louis XI visiter ses prisonniers enfermés dans des cages de fer, le bon roi Henri ( IV ) jouer à quatre pattes avec ses enfants… j’en passe !
Et puis les programmes ont morcelé l’Histoire en tranches.
Les dates se sont peu à peu effacées au profit de considérations plus approfondies et nuancées sur les faits extérieurs à la France, la vie des peuples, les coutumes, l’art, la culture, les inventions…
Cependant, je suis parfois étonné, en rendant visite à des classes, de découvrir que certains ( bons ! ) élèves ignorent l’existence de souverains célèbres et celle de dates qui, autrefois, nous paraissaient des charnières indispensables.
Je suis récemment tombé presque par hasard sur ce gros ouvrage ( nouvelle édition mise à jour en 1985 ) d’un spécialiste qu’on ne présente plus…
Après l’avoir feuilleté, je l’ai acheté… et je n’ai pas été déçu !
Sans doute va-t-on me rétorquer : « A quoi bon ? »
Il est vrai que je possède déjà des dizaines d’ouvrages scolaires… sans parler de l’immense ( et passionnante ) Histoire de la civilisation de Will Durant ( Editions Rencontre… un achat effectué il y a un demi-siècle ) et de dizaines d’autres Histoires de France, notamment celle de Michelet ! Et puis, me dira-t-on… il y a Internet et Wikipédia, un moyen rapide et pratique d’accéder à des informations détaillées sur un fait ( ou un personnage ) précis !
A toutes ces objections, je rétorquerai que ce seul ( mais gros : 750 pages sur deux colonnes, aux caractères peut-être un peu petits ? ) ouvrage est une mine d’or qui mérite de figurer à côté de l’inséparable et encore inégalé Dictionnaire de synonymes de Bertaud du Chazaud ( Gallimard, Librio ).
Pour quelles raisons ?
Elles sont multiples !
La première est que ce livre… se lit comme un roman.
S’il n’aborde que l’histoire de notre pays, il la décrit en essayant de la situer, sur tous les plans, par rapport aux autres nations, en commençant… par la géographie ! La France, telle qu’elle est aujourd’hui, possède en effet une situation particulièrement privilégiée, grâce à la diversité de ses paysages et à sa situation idéale dans la zone tempérée. Suivent des notions détaillées concernant la préhistoire ( ah, la belle récapitulation des pages 24/25 ! )… mais aussi des informations concernant l’habitat, les outils, la vie quotidienne, sociale, religieuse, les coutumes – jusqu’à la place des femmes !
La suite est à la mesure de cette introduction : les guerres, les batailles, les invasions, les modes de gouvernement, les rois qui se succèdent… le moindre fait est expliqué, si bien que les enchaînements historiques apparaissent avec une clarté nouvelle.
Il va de soi que si Georges Duby a particulièrement soigné le Moyen Age, il a fait appel à de nombreux spécialistes pour les autres périodes : Jean Delumeau a traité de la Renaissance, Michel Vovelle de la Révolution, etc.
En fin de volume ont été rassemblées dans différentes rubriques les généalogies des rois, les principales dates des grands faits historiques ( y compris celles des publications importantes : les Essais de Montaigne, les dates de vie et de mort des peintres, compositeurs, etc. – tout cela jusqu’en 1981. )
Un index alphabétique final permet de retrouver les pages de tous les noms cités : on sait ainsi qu’il est question de Daniel-Henry Kahnweiler ( célèbre marchand de tableaux ami de Picasso ) pages 507 et 508.
Bref, cette « Histoire de la France », au-delà du réel plaisir qu’on a à s’y plonger, se révèle un outil indispensable, un dictionnaire unique et précieux auquel on se référera sans cesse au fil d’une information à la télé ou de la lecture d’un ouvrage… historique ou non !
Lu dans sa version rééditée, un format qui a la taille et le volume d’un dictionnaire.
On peut être rebuté – mais moi, j’adore !