L’assassin de papa, Donald E. Westlake, Gallimard Folio

Démobilisé, le jeune Raymond Kelly retrouve son père Willard à l’aéroport de New York.
Il se réjouit de revoir bientôt son frère Bill et de faire la connaissance de sa femme Ann et de leur bébé, la petite Betty – parti depuis trois ans, il ne connaît pas encore sa belle sœur et sa nièce.
Mais les retrouvailles sont courtes : sur le chemin du retour, deux inconnus, dans une Chrysler qui les double, abattent le père ( et abîment Ray, qui va perdre un œil ).
A sa sortie de l’hôpital, un certain Smitty contacte Ray pour lui conseiller de fuir au plus vite, il finit par en révéler la raison : son père a été autrefois un avocat au service de la pègre.
Quand la femme de Bill est assassinée à son tour, les deux orphelins font alors appel à un détective privé fauché, Ed Johnson. Le trio va remonter une piste qui les mènera à l’époque de la prohibition, les années trente… du côté d’un mafieux surnommé Kapp ( c’est le dernier mot prononcé par Willard Kelly ) qui en a pris pour 25 ans et est sorti de prison.
Ils ne sont pas au bout de leurs peines, ni le lecteur au bout de ses surprises.

Publié en 1962, ce polar est caractéristique du renouveau du roman noir américain, dans la veine d’un Dashiel Hammet. Le style est rapide, les dialogues percutants et nombreux, les bagarres et les poursuites fréquentes, le ton souvent humoristique et toujours sarcastique. Davantage que l’intrigue ( un écheveau à démêler ), c’est plutôt l’ambiance qui est ici intéressante. Nul doute qu’un San Antonio a pris des leçons chez cet auteur – et d’autres !
On trouvera, au fil du récit, des descriptions savoureuses comme « Il sourit. Son splendide râtelier aurait à peine paru plus déplacé dans le bec d’un canard » ou un brin machiste : « Elle était comme sa mère : très séduisante tant qu’elle n’ouvrait pas la bouche ».
Westlake est un auteur classique. Et si le récit replonge les lecteurs près d’un siècle en arrière, l’ouvrage ( notamment grâce à son style ) n’a guère vieilli. La lecture vivifiante de ce roman les réjouira et leur montrera l’origine d’un genre qui, 50 ans plus tard, fait fureur.

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