An 2096…
Depuis 2028, l’humanité a dû se réfugier 300 mètres sous terre pour fuir la pollution.
Dans ce monde clos, Suburba, les « terroristes » de l’AERES prétendent que la surface est redevenue habitable… Certaines sommités scientifiques comme Makhine et Alban, ont même été emprisonnés pour l’avoir affirmé.
Eh oui, le pouvoir de Suburba est prêt à tout pour rester en place !
La jeune Elodie, 10 ans, s’aperçoit que son frère Lukas fait partie des conspirateurs. Pire : une imprudence de sa part lui fait comprendre que la petite amie de Lukas, Axelle… n’est autre que Sylvie Drachet, une espionne chargée par Suburba d’infiltrer les terroristes !
Or, une opération d’envergure se prépare : la destruction de la géopile principale, celle qui permet au magma terrestre de fournir toute l’énergie au monde souterrain ! Si Suburba est privée d’un coup de lumière, de chauffage et d’informations ( p 130 ) , le retour vers la surface se fera, de gré ou de force, pour que la population survive !
Le responsable des opposants, Vladim, juge pourtant l’opération trop risquée. Il n’a pas tort, car c’est en réalité l’imprudent « commandant des gardes de l’ordre » de Suburba qui a poussé les terroristes à entreprendre cette action… pour mieux la contrôler et anéantir d’un coup toute l’opposition !
Certes, Le monde d’en haut ( 1998 ) n’est pas une nouveauté. Mais il n’a pas pris une ride. Quant au thème des humains réfugiés sous terre, c’ est un grand classique, inauguré en 1788 par Casanova ( L’Icosameron ), poursuivi par Jules Verne ( Les Indes noires ), Edgar Rice Burroughs ( Pellucidar ) et des dizaines d’auteurs contemporains ( dont je suis, avec Les cascadeurs du temps, Le cœur en abîme ou ma plus récente Cité Labyrinthe ! ).
La « fuite vers l’extérieur » a aussi été traitée maintes fois en littérature et au cinéma ( de THX 1138, premier film de George Lukas à L’âge de cristal, tiré d’un vieux roman hélas moins connu.* )
Accessible aux jeunes lecteurs avant même leur entrée en 6ème, Le Monde d’en haut reste un classique, un récit à l’action trépidante, rédigé de façon efficace, qui permet à des néophytes d’explorer l’un des univers de la SF : une dystopie née suite à des imprudences humaines.
Nul manichéisme avec Xavier Laurent Petit : la conclusion, positive, est nuancée, elle laisse une ouverture à un débat sur les problèmes d’environnement, d’énergie – et sur le sort de l’humanité à la fin du XXIe siècle !
Si l’ouverture des portes rappelle les images finales des films évoqués plus haut, elle m’a aussi semblé un clin d’œil à la dernière page d’un ( vieux : 1974 ! ) roman de SF que William Camus et moi avions écrit : Cheyennes 6112 : la pollution avait contraint les humains à se réfugier non pas sous terre… mais sous des bulles géantes ( comme l’a suggéré J.C Rufin dans Globalia, en 2004 ! ). Seulement voilà : Globalia, c’est pour les adultes ; et Cheyennes 6112 n’est plus réédité. Alors lisez, relisez ( et faites lire ) Le Monde d’en haut – et les autres romans de X-L Petit, l’un de nos grands « auteurs pour la jeunesse » !
* Quand ton cristal mourra, de Nolan et Johnson.
CG
Lu dans sa version Poche, qu’on peut aisément confondre avec un Livre de Poche jeunesse : même format, même couverture couleur, même prix ( 5,50 euros ) – mais avec des illustrations ( de Marcelino Truong ) en noir et blanc.