Dans la nuit du 23/12/1980, un Airbus se fracasse contre le Mont Terrible, dans le Jura.
Seul survivant : un bébé de trois mois, une petite fille qui pourrait être… soit Emilie Vitral, aux parents dieppois d’origine modeste, soit la petite-fille de la riche et célèbre Mathilde de Carville. Après un non lieu provisoire qui permet de baptiser provisoirement le bébé Lylie, un jugement estime qu’elle est la petite-fille des Vitral.
Mathilde de Carville embauche alors un détective privé, Crédule Grand-Duc. Elle le paiera pendant 18 ans, quel que soit le moment et la teneur de la vérité.
Entre-temps, le frère ( possible ! ) de Lylie, Marc, en tombe amoureux – une passion partagée. Mais si Lylie était sa sœur ?
Quant à la trouble Malvina de Carville, la sœur ( possible ! ) de Lylie, elle est prête à tout - et au pire – pour prouver que Lylie est sa cadette.
Le récit commence le jour des 18 ans de Lylie, jour où :
Crédule Grand-Duc met un point final à son journal ( qu’il confiera à Lylie )
cesse de tomber le salaire que verse Mathilde à l’enquêteur
Crédule découvre la vérité en relisant la première page de l’Est républicain vieux de 18 ans.
Une ( double, voire triple ) vérité que le lecteur, lui, ne découvrira qu’à la page 465.
Avec un prolongement ( pas si ) inattendu.
Petit préambule : le livre, c’est mon médecin, Doc Ti Waq ( que les lecteurs des Enquêtes de Logicielle connaissent bien puisque c’est le médecin légiste de ma série… ) qui me l’a prêté. En m’affirmant : « Quoi ? Tu écris et tu lis des polars et tu n’a jamais lu Michel Bussi ? Son Avion sans elle a décroché je ne sais combien de prix et ses ventes approchent le million d’exemplaires ! Il faut absolument… » etc.
On connaît mes réticences envers les best-sellers. Et parfois, souvent, j’ai tort : Millénium a fait un tabac mérité. Il m’a bien fallu le lire quand mon médecin a ajouté : « de toute façon, tout le monde en parle… tes lecteurs voudront connaître ton avis ! »
Soit. Eh bien la voici : ce livre a une grand qualité, il se lit facilement.
On a même parfois envie de passer des pages. Pour aller plus vite ; et peut-être aussi parce qu’on a ( j’ai eu ) l’impression que l’auteur… se perdait dans les détails et gagnait du temps.
Michel Bussi tenait là un sujet en or, il en avait conscience. Il a eu aussi l’habileté de mêler deux narrations : la sienne, en tant qu’auteur, à la troisième personne, en faisant vivre l’enquêteur, Marc ( en priorité ), Lilye, Malvina – d’autres protagonistes – et celle de Crédule Grand Duc, dont Marc lit par épisodes le journal intime au fil de sa quête de la vérité et de la fuite de Lylie. L’histoire est donc alternée : ce que Marc vit au présent et les 18 ans d’enquêtes du journal de Crédule.
Eh oui, dès la page 40, Lilye fuit. Elle aussi connaît la vérité, elle a lu jusqu’au bout ce journal intime qu’elle laisse à Marc… avec un paquet qu’il ne devra ouvrir que dans une heure.
L’auteur lance donc dès les premières pages un triple, quadruple, multiple suspens :
1/ Lylie est-elle une Vitral ou une De Carville ?
2/ Elle fuit Marc, quelle aime – parce qu’elle est sa sœur ou pour une autre raison ?
3/ Laquelle ( si, si, il y en a une autre ! )
4/ Que contient ce paquet ?
5/ Crédule Grand-Duc, qui voulait se suicider, a finalement été assassiné… par qui ?
C’est beaucoup.
Trop ? Non, pas forcément, mais on a une fois de plus l’impression que l’auteur tarde à parvenir à un indice majeur : une gourmette en or que portait le bébé De Carville, gourmette qu’on n’a retrouvée ni sur le bébé, ni dans l’avion… mais qui aurait pu être volée par un inconnu arrivé sur les lieux du drame le premier…
De quoi occuper le lecteur pendant cent pages de plus.
On l’aura compris : cette lecture ne m’a pas vraiment convaincu ; elle m’aura même souvent agacé, à cause de ficelles qui me paraissent un peu grosses.
Mais je suis peut-être de mauvaise foi ?
Après tout, j’attendais tant de ce polar exceptionnel que son style m’a déçu et que cette histoire me semblait ne pas en finir. Pourquoi ?
Tout simplement, je crois, parce que l’auteur nous fait comprendre que Crédule a tout compris, que lui, l’auteur, possède toutes les clés - mais pas nous, et qu’il prend un malin plaisir à multiplier les pistes et à diluer les informations.
Cela dit, je serais ravi d’avoir des avis contradictoires, justifiant la qualité de ce roman qui a tant de succès !
Lu dans sa version poche, petit livre dense et souple qu’on a très bien en main.
CG
1 De PHILIPPE D -
J'ai à peu près le même avis. C'est trop long, trop lent parce qu'il ne se passe pas grand-chose au fil des pages. Et pourtant, on a envie de continuer et de pouvoir répondre à la question : "Qui est vraiment Lylie?" Ce n'est pas le meilleur Bussi ! Un succès ne s'explique pas toujours.
2 De grenier christian -
Merci, Philippe,
pour ce complément de critique - d'une certaine façon, votre avis nuancé me rassure un peu !
3 De Wistiti -
Michel Bussi est un écrivain de plage ou de grande surface. Il a bien compris le filon. « Un avion sans elle » était un bon polar, mais qui ne brillait pas par ses qualités littéraires. Encore un écrivain qui a du succès, mais qui n'est pas très bon... sur le plan des vertus stylistiques !
Il faut aller vers le haut de gamme littéraire du polar pour avoir de la bonne littérature. Possible mais rare : Six fourmis blanches, Grossir le ciel, etc...
Rares sont les commentateurs qui parlent de l'écriture. Pourtant fondamental, car un roman, quel qu'il soit est avant tout littérature.
On dit que c'est captivant, qu'il ne se passe pas grand chose, que le suspense est terrible... fondamentalement, c'est totalement secondaire.
ll faut dire aussi, que par incompétence, les critiques ne parlent pas du style. Plus difficile de parler du style que de la fiction !
4 De christian grenier -
Cher Wistiti,
J'adore le terme d'"écrivain de plage ou de grande surface" ! En ce début juillet, c'est hélas une expression promise à un grand avenir.
Le style ? Il est à mes yeux inséparable du récit.
Je viens de relire quatre versions différentes de la traduction de Croc Blanc, de Jack London.
Il va de soi que le récit reste le même... et c'est la qualité de la traduction qui fait toute la différence !