Economie ou écologie ?

L’économie est devenue tendance et prioritaire – comme si c’était là, pour l’humanité, la priorité des priorités et l’indiscutable évidence : faire progresser la production ( et, euh… surtout la consommation ) et augmenter le pouvoir d’achat.

L’argent semble donc désormais le seul moteur du progrès et l’unique objectif de nos sociétés.

Etrange, aux yeux de celles et ceux, dont je suis, qui jugent que la priorité est la survie de notre espèce ( et par voie de conséquence, la gestion raisonnée de notre milieu ) et, en ce qui concerne l’humanité, le bonheur des milliards d’individus qui la constituent : un bonheur qui passe par l’épanouissement et des garanties sur le plan de la santé, de la paix, de l’éducation et de la culture.

Au XIXe siècle, le capitalisme était productif : il générait des emplois et des richesses – au détriment d’une population laborieuse qui travaillait d’arrache-pied, souffrait, vivait mal et mourait jeune. Au XXIe siècle, l’économie de marché a entraîné un usage vicié de l’argent virtuel qui provoque la spéculation : faire des bénéfices avec de l’argent placé qui rapporte !

On en a vécu les effets ( les « subprimes », prêts hypothécaires à risques ) sans rien changer au système. Et pour cause : quand une banque fait faillite, c’est l’état qui paie. Et dans la plupart des pays, l’état est intimement lié au système bancaire.

Eh oui, la banque est un organisme indispensable : impossible de ne pas passer par une banque pour se faire verser son salaire. Nous sommes prisonniers des banques qui, par ailleurs, nous font payer ( via cartes bancaires, placements, retraits, etc. ) ce qu’elles considèrent comme un service : encaisser notre argent et s’en servir.

En cas de faillite, les épargnants se verront rembourser un minimum légal, après quoi ils n’auront que leurs yeux pour pleurer. Et c’est l’état ( donc la population imposable ) qui paiera. Notre économie de marché privatise les bénéfices… et nationalise les pertes !

Et nous, les citoyens, loin de nous en offusquer ou de protester, nous continuons de juger ce système normal, évident. Nous le soutenons, nous en sommes à la fois victimes et complices – étonnant, non ?

Au XXIe siècle, si les citoyens de la planète ne peuvent pas vivre et travailler où ils veulent, l’argent, lui, circule librement ( à condition qu’on en ait beaucoup ) et les trusts ont le droit :

  • de faire travailler à l’autre bout du monde des enfants de 12 ans pour 1 euro par jour.

  • de vendre ces produits avec des bénéfices scandaleux.

  • de ne pas payer d’impôts ( ou très peu ) dans les pays où ces produits sont vendus grâce à des mécanismes financiers complexes mais souvent légaux, et grâce à la complicité de paradis fiscaux ( Suisse, Irlande, Singapour, îles Caïman, j’en passe ) qui vivent… de ces mécanismes financiers autorisés ( et créés ! ) par l’économie de marché.

Ce magnifique système continue de fonctionner au vu et au sus de tous : Manuel Barroso, président de la Commission européenne, aurait, en accord avec Goldman Sachs ( la banque la plus puissante du monde ) modifié et orienté sa politique… avant d’être recruté par cette même banque, un joli retour d’ascenseur pour services rendus.

A quoi a-t-il été condamné ?

A rien, malgré l’indignation générale et une pétition de 150 000 signatures – le comité d’éthique européen a jugé qu’il n’y avait pas faute…

Euh… et l’écologie ?

Dire qu’elle passe au second plan est un euphémisme : dans les discours politiques des récentes primaires, je ne me souviens pas, sur les dizaines d’heures de déclarations et de discours de novembre dernier, que le mot ait été prononcé ! Encore moins le problème du réchauffement climatique.

Ah, si : Donald Trump, lui en a parlé : le changement climatique serait à ses yeux « une connerie (… ) un canular, (…) un concept inventé par les Chinois pour empêcher l’industrie américaine d’être compétitive ( sic ).

Donald Trump a aussi choisi son futur secrétaire d’état : c’est Rex Tillerson, le PDG d’Exxon Mobil, le plus riche trust pétrolier : avec ses 400 milliards de chiffre d’affaire, c’est la deuxième richesse mondiale après Apple.

On traite Trump et Exxon de… « climatosceptiques ». Là encore, c’est un euphémisme : ils ne sont pas du tout sceptiques : ils vont jusqu’à nier le réchauffement climatique – ou admettent à la rigueur qu’il existe, mais sans que l’activité humaine soit en cause.

Conséquence : on ne change rien. Tout pour l’économie, rien pour l’écologie.

Sont-ils vraiment dupes ?

Je ne le crois pas – ce qui à mes yeux les rend encore plus coupables : «  enrichissons-nous d’abord, et après nous, le déluge ! » Sans doute pensent-ils, comme le suggère le titre du dernier ouvrage de l’économiste d’Antenne 2 François Lenglet ( qui ne passe pas pour un écologiste militant ) : Tant pis, nos enfants paieront.

En ce début d’année, je lance un pari : celui des constatations météo de l’année qui vient de s’écouler. Sans doute, comme la plupart des années précédentes, 2016 aura-t-elle été « l’année la plus chaude connue depuis que les relevés météo existent. »

L’économie s’en moque. Elle s’adaptera.

Et nous nous habituerons aux catastrophes, aux inondations, aux alertes…

Dans mon roman Cinq degrés de trop ( 2008 ), j’évoquais ( entre autres ) l’état de la pollution de la Chine en général et de Pékin en particulier en l’an 2100.

Eh bien je me trompais : cette situation est là, neuf ans après la sortie de mon bouquin !

CG

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