©Patrick Chappatte in 'Le Temps' - https://www.chappatte.com
Ils ? Ce sont :
les autorités gouvernementales
les travailleurs et les syndicats, soucieux de préserver leur propre avenir… et celui de leurs enfants.
Sauf que… prétendre qu’on veut préserver l’avenir de ses enfants, de ceux qui, en 2020, vont entrer dans le monde du travail, c’est un argument qui me fait sourire.
Pourquoi ?
Parce que ces « jeunes futurs retraités » seront concernés en… 2065 ? 2070 ?
Or, où en sera la planète en 2070 ?
Dans l’actualité, on évoque (très peu) l’échec de la COP 25 (quelle victoire fallait-il en attendre ?) pour se concentrer sur les futures retraites, l’âge pivot, le chiffre du fameux point… j’en passe ! Un mois de grèves et de manifestations... soit.
A mes yeux, on oublie de nombreux paramètres :
1/ la perspective (annoncée par ceux qui sont en train de le provoquer !) d’un krach financier qui n’aura aucune commune mesure avec la petite crise financière de 2007/2008, au cours de laquelle de nombreux états sont intervenus pour « sauver les banques ». Avec l’argent public, dans le cadre du grand principe de l’économie de marché : on privatise les bénéfices et on nationalise les pertes.
Ce futur krach, les états ne seront sans doute pas prêts à l’assumer. Je vous laisse deviner l’état de vos économies… et celle des ministères éponymes contraints de revoir leurs chiffres et de réviser les promesses ( en particulier celles qui concernent les retraites ) de 2020 – on parie ?
2/ une « croissance négative » inévitable(j’évite le mot décroissance, synonyme de catastrophe), n’en déplaise à Madame Christine Lagarde qui juge la croissance nécessaire et indispensable – euh… vraiment ?
Allons, qui peut croire que nous allons continuer impunément à piller les ressources de la planète, à produire et à vendre comme au bon vieux temps ?
La plupart des consommateurs le souhaitent, je sais ! Le rêve qui circule, c’est travailler moins, gagner davantage et consommer encore un peu plus.
La décroissance ? On y viendra de force avec la fin du pétrole, la hausse du coût de toutes les énergies et la rareté annoncée de produits dont on vide la planète : poissons, forêts, eau, terres cultivables, terres rares ainsi que l’or, le zinc, le plomb, l’étain, le cuivre, l’uranium – et tout cela avant la fin du gaz naturel et celle du fer, prévues en 2072.
3/ l’arrivée des migrants.
On s’en dispute quelques centaines aujourd’hui : on n’en veut pas ! On vous les refile, OK ?
Les migrants climatiques ?
L’ONG Christian AID estime qu’en 2050, nous en aurons un milliard.
Bon, en théorie, cela devrait relancer l’industrie. Eh oui : il faudra construire beaucoup de digues (pour éviter que la montée des océans ne nous transforme nous-mêmes en futurs migrants !) et surtout beaucoup de béton et de fil de fer barbelés pour éviter d’être envahis par ces gens misérables et indésirables dont le sort et la fuite ont des causes que nous connaissons bien : nous et nos principes consuméristes effrénés, nous qui sommes complices d’un système qu’on condamne parfois du bout des lèvres… mais qu’on aimerait tant voir perdurer !
Nous ? Eh oui : ce ne sont pas les habitants du Bangladesh, de l’Afrique ou de l’Inde qui sont responsables du réchauffement climatique !
Bref, se projeter en 2070, c’est penser au futur état du monde… alors exiger le montant précis d’une retraite qu’il faudra recalculer dès 2030 (si tout va bien) – euh, là encore, on parie ?
Aussi, il me semble ridicule (et même scandaleux) de lever le poing en affichant : Ma retraite ! et en chantantL’Internationale. Parce que l’Internationale, je l’ai entonnée il y a cinquante ans, à l’époque où Michel Jonasz, (en 1976) ordonnait :
- Changez tout !
Aujourd’hui, c’est plutôt :
- Ne changez rien !
Et pour en revenir à On se bat pour l’avenir de nos enfants ! je laisse la parole à Jean-Jacques Rousseau qui, dans son Emile, affirmait (sans penser au futur réchauffement climatique !) : Vous vous fiez à l’ordre actuel de la société sans songer que cet ordre est sujet à des révolutions inévitables, et qu’il vous est impossible de prévoir ni de prévenir celle qui regarde vos enfants.
Avec une nuance de taille : la révolution climatique, elle, est clairement annoncée.
Nous savons comment la prévenir.
Mais nous oublions d’agir.
CG
1 De Le cédéîste -
J'aime (malheureusement) bien cette citation de Milo Manara : "Nous voguons sur un bateau ivre !"
2 De Vincent cailliez -
C'est effectivement un fait important que le "bateau" soit ivre, c'est à dire que, dans le poste de commandement, on ne se préoccupe guère du pilotage et du bien être des passagers (sauf de ceux de première classe à l'occasion...). Ce qui me semble aussi important c'est qu'avec les outils habituellement utilisés, on ne sache pas précisément où il se trouve ni à qu'elle vitesse il évolue.
Or, les outils qui permettraient de le savoir précisément existent, mais ils ont un grave défaut... ils nous informeraient de manière quasi-immédiate que notre navire vogue à pleine vitesse vers des récifs ayant la capacité de l'anéantir, qu'il nous reste très peu de temps (moins d'une génération) pour mener à terme les manoeuvres d'évitement et que celles-ci seront violentes et pénibles pour les passagers, et ceci, d'autant plus qu'on s'y prendra tard. Si le sujet technique vous intéresse je vous suggère de débuter par ceci https://www.youtube.com/watch?v=EY-...
C'est le message que nous avons essayé de transmettre avec l'ami Christian, dans un ouvrage qui peine à trouver son éditeur....mais en ce qui nous concerne, nous n'avons pas baissé les bras.
Vincent
3 De GRENIER CHRISTIAN -
Merci,
Cher Christophe-Cédéiste - et cher Vincent-complice,
pour vos commentaires et échanges.
Jamais la (vieille) phrase de Nicolas Hulot n'aura semblé aussi pertinente :
"difficile de reconnaître que le type de développement dans lequel nous fonçons tête baissée conduit droit au mur et que parfois, l’espèce humaine préfère choisir l’aveuglement plutôt que se coltiner avec la réalité. "
La plupart des gens préfèrent ne pas savoir - mais ils finiront par l'apprendre... à leurs dépens.
CG