Madame Bovary, Gustave Flaubert (commentaire - deuxième partie)

Vous avez manqué la Première Partie ...

Ici, Flaubert nous brosse moins le portrait du bourg que celui de ses commerçants ( chapitre 1 ) : l’auberge du Lion d’Or ( le relais de poste où fait halte l’Hirondelle, conduite par Hivert ) et sa veuve Lefrançois ; le jeune clerc de notaire Léon Dupuis, qui y est pensionnaire comme le percepteur Binet ; la pharmacie de M. Homais ; l’église, son curé et son gardien, Lestiboudois ; et aussi M. Lheureux, « marchand d’étoffes »…

Mais Flaubert nous présente tous ces ( ses ) personnages en situation, voire en dialogues – l’occasion d’une friction entre le curé et le pharmacien, farouchement anticlérical – et d’une sympathie immédiate, dès l’arrivée des Bovary, entre Emma et le timide Léon, qui parlent musique et littérature ( chapitre 2 )…

Emma espérait accoucher d’un garçon ; ce sera une fille ( chapitre 3 ) qu’elle appelle Berthe et met aussitôt en nourrice. C’est à l’occasion d’une visite à la nourrice qu’elle revoit Léon.

Léon tombe amoureux d’Emma… mais n’ose se déclarer.

Et comment Emma ferait-elle le premier pas, elle qui d’ailleurs croyait que l’amour « devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations » ( chapitre 4 ) ?

En réalité, ces sentiments partagés n’ont pas besoin d’un passage à l’acte, nous explique Flaubert, car on les « cultive parce qu’ils sont rares, et ( parce que ) leur perte affligerait plus que la possession n’est réjouissante. » ( chapitre 5 )

La vie coule, remplie des visites de Homais, dont la prétention et l’ambition n’ont pas de limites et qui donne du « docteur » à Charles pour le flatter.

Emma s’irrite du bonheur de Charles, qu’elle ne partage pas : « La conviction où il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbécile »

Elle tente bien de se confier au prêtre, qui, rustre, est incapable de l’écouter ( chapitre 6 ).

La passion naissante entre Emma et Léon avorte quand ce dernier décide d’aller à Rouen achever son droit. Mme Bovary comprend alors son erreur, et elle tombe dans « cette rêverie que l’on a sur ce qui ne reviendra plus (… ) Dès lors, ce souvenir de Léon fut comme le centre de son ennui » et tout devient prétexte à « réchauffer sa tristesse » ( chapitre 7 ) L’ennui et la tristesse d’Emma sont rompus par l’arrivée de « Rodolphe Boulanger, de la Huchette », célibataire qui possède un château aux environs d’Yonville et souhaite faire purger l’un de ses domestiques par l’officier de santé.

Rodolphe, qui ( contrairement à Léon ) s’y connaît en femmes, tombe aussitôt sous le charme d’Emma et se promet de la posséder.

Yonville ayant été choisi pour les « Comices agricoles », Rodolphe profitera de cette journée pour s’isoler avec Emma et la séduire fort rapidement – une longue scène où ( durant tout le long chapitre 8 ) Flaubert entrelace les discours ridicules et pompeux des officiels avec le flirt de Rodolphe-le-séducteur. Ils se revoient – et Emma prétexte des leçons d’équitation pour acquérir une liberté nouvelle… et se donner à Rodolphe !

Elle poussera l’audace à rendre visite elle-même à son amant ( et l’on songe à Mme de Rénal dans Le Rouge et le Noir ! ). Mais « quand le printemps arriva, ils se trouvaient, l’un vis-à-vis de l’autre, comme deux mariés qui entretiennent tranquillement une flamme domestique » au point qu’ « elle se demanda même pourquoi donc elle exécrait Charles, et s’il n’eût pas été meilleur de pouvoir l’aimer ». ( chapitre 10 )

Pleine de remords et de bonne volonté, Emma est prête à admirer son mari.

Justement, poussé par Homais, celui-ci s’est mis en tête d’opérer le pied bot d’Hippolyte ( chapitre 11 ), le commis de l’auberge du Lion d’Or. Hélas, non seulement l’opération échoue, mais la gangrène s’y mettant, il faut appeler en urgence le célèbre docteur Canivet de Neufchâtel – qui ampute Hippolyte en maudissant l’amateurisme de Charles.

 De quoi décider Emma à reprendre de plus belle son idylle avec Rodolphe : « Ils recommencèrent à s’aimer. » ( chapitre 12 )

Insensible aux regards de Justin, le ( trop  ) jeune commis du pharmacien, Emma se prend à rêver de fuir Yonville avec Rodolphe, et à faire d’imprudents frais de toilette auprès de M. Lheureux. Le marchand, qui a vite deviné la liaison d’Emma, comprend où est son intérêt ; et il va peu à peu entraîner sa cliente dans des frais et des factures « à régler plus tard ».

Très embarrassé, Rodolphe fait semblant de plier aux demandes de sa maîtresse… mais le jour de leur fuite, il lui adresse une lettre de rupture et disparaît ! ( chapire 13 ) 

Pendant 43 jours, Emma sera malade, une langueur dont Charles ne peut deviner la cause…

Emma tente, en vain, de se réfugier dans la foi, une diversion trompeuse de sa passion puisque « l’on ne distinguait plus l’égoïsme de la charité, ni la corruption de la vertu » ( chapitre 14 )

Une fois de plus, le hasard va bouleverser la vie d’Emma : M. Homais conseille à Charles d’emmener son épouse voir  ( et entendre ) le célèbre ténor Lagardy qui, à l’opéra de Rouen, se produit dans Lucie de Lammermoor. Un spectacle propre à charmer Emma qui, dans ce spectacle, « reconnaissait tous les enivrements et les angoisses dont elle avait manqué mourir. » ( chapitre 15 )

Or, après l’entracte, où Charles a été chercher un verre d’orgeat au bar, il annonce à son épouse : « Devine un peu qui j’ai rencontré là-haut ? M. Léon ! »

Il ignore qu’il met son épouse dans les bras de son futur second amant

( fin de la 2ème partie. )

A suivre..

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