Chroniques d'un médecin légiste - Michel Sapanet

De quoi est fait le quotidien d’un médecin légiste ? Au moyen d’une trentaine d’autopsies ou examens, l’un d’eux répond à la question. Des réponses qui nous entraînent du fameux « amphithéâtre » à de nombreuses scènes de crimes, certes, mais aussi d’accidents ( qui se souvient du mortel carambolage du 5 novembre 2002 sur la A 10 ? ) ou de constatations aussi surprenantes qu’inattendues. Parce que la tâche du légiste ne se borne pas aux affaires criminelles ; elle s’étend à tout ce qui touche à l’identité ou à la reconstitution d’un corps… et il en reste parfois peu de choses ! C’est fou ce qu’une autopsie peut révéler – et combien de fois elle permet d’empêcher de terribles erreurs judiciaires : ainsi ont été blanchis un boucher soupçonné d’avoir égorgé femme et enfants, un chasseur accusé d’avoir tué son frère au volant, des parents convaincus de maltraitance sur leur bébé décédé… j’en passe !

J’entends d’ici le lecteur ricaner : bon, Grenier écrit des policiers, normal que ce bouquin l’ait passionné !

Vrai et faux.

Vrai parce que si je n’avais pas rencontré ( et sympathisé avec ) Michel Sapanet au Salon du polar de Villeneuve-lez-Avignon, je n’aurais jamais acheté ni lu son livre. Faux, parce que, contrairement au titre un rien sévère et à l’illustration froide – forcément - de l’ouvrage… il s’agit d’un journal de bord à la fois passionnant, chaleureux et truculent. Mais oui ! Si le lecteur frémit souvent, il rit au moins autant !

Evidemment, je recommande cet ouvrage en priorité aux amateurs de policiers et de polars ; ils y découvriront pas mal d’erreurs commises par les écrivains – même par Patricia Cornwell et son Dr Scarpetta ! Ils constateront que la réalité dépasse la fiction, et que le quotidien d’un légiste nécessite d’avoir le cœur ( et l’esprit ) bien accroché.

Le ton léger et détaché de Michel Sapanet fait merveille, car ce diable d’homme est aussi drôle et détendu dans l’intimité et en conférence que lorsqu’il prend la plume. Outre le caractère trépidant des enquêtes (chaque autopsie est un véritable roman policier à elle toute seule ! ), un humour permanent pimente chaque récit, une façon de dédramatiser des situations souvent scabreuses ou terrifiantes. Car le cocasse côtoie l’horreur… et l’auteur, dans d’étonnants retournements, sait se faire à la fois grave et philosophe.

Rien de tel que de côtoyer quotidiennement la mort pour être un grand amoureux de la vie.


Lu dans son édition de poche, souple et légère. Du vrai « poche » à emporter partout !

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