La prime à la caisse

De la casse à la caisse, il n’y a qu’un pas, franchi grâce à une loi.

Fin 2010, les garagistes se frottaient les mains : les commandes de voitures neuves ont été trois fois plus nombreuses que prévu. Un concessionnaire ( vu à la télé ) a cependant eu un geste désespéré vers le parc de voitures d’occasion rempli à ras bord.

- Dommage, a-t-il déploré. Certaines sont encore en excellent état. Mais elles vont être détruites, il y en a tant qu’on ne sait plus quoi en faire.

Réjouissons-nous : la consommation repart !

L’état a déboursé des milliards pour cette prime à la casse, milliards fournis par le contribuable ordinaire. Milliards qui ont sans doute permis de sauver une partie de l’industrie et des emplois, mais milliards également engrangés par l’industrie automobile – et aussi par les trusts pétroliers, puisque les voitures ainsi vendues fonctionnent toujours ( à 99,7% ) avec du pétrole.

On me dira qu’elles consomment un peu moins.

Vraiment ?

La mienne, bien entretenue, a 14 ans et 300 000 kilomètres ; elle consomme toujours ses 5,5 aux cent. Au dernier contrôle technique, son taux de pollution était de 130g – certains véhicules neufs font beaucoup plus !

Serais-je un mauvais citoyen ?

Je ne crois pas. Je pense au gigantesque gâchis de ces dizaines de milliers de véhicules qu’on va détruire davantage au profit de la consommation qu’à celle d’une maigre économie de carburant. Ainsi, ce n’est pas la planète qu’on cherche à sauver, puisqu’on fait perdurer le pétrole, mais l’économie de marché. On est prié de consommer !

Le bon investissement, pour le futur, serait celui de la recherche de nouveaux modes de déplacement et de carburant. Ils existent. Certains sont déjà très au point, du moteur à eau ( qui fait gagner 90% de CO 2 ! ) à celui à air comprimé. Il semblerait que les trusts pétroliers ne soient pas tout à fait d’accord…

La grande question est : l’écologie ( et à terme la survie de la planète ) est-elle compatible avec l’économie de marché ? Nicolas Hulot a enfin répondu non. D’autres l’avaient constaté bien avant lui.

Aujourd’hui, tout est vert ! De l’enseigne des Mac Do aux produits de beauté en passant par AREVA qui nous inonde à la télé de paysages champêtres… Bientôt, on nous convaincra qu’il y a du carbone bio. Parce que pour maintenir le système, il faut concilier une production sans cesse en hausse avec des exigences d’économie d’énergie. Du moins en théorie.

Je suggère une prochaine mesure qui concernerait l’habitat : puisque les maisons anciennes sont mal isolées, on pourrait, afin de relancer l’industrie du bâtiment, imiter l’opération qui a si bien réussi dans l’automobile : inciter les propriétaire à détruire les maisons qui ont… disons plus de cent ans ( une mesure qui ne toucherait pas, enfin pas encore, les monuments historiques ) ?

Ou celles qui ont été construites avant 1945 ?

A moins, comme on disait autrefois, qu’une bonne guerre relance l’économie…

CG

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