Soleil Vert... c’est pour quand ?

Dans le cadre de l’opération « la science-fiction ne sert à rien » ( voir mon vieux billet d’humeur à ce titre ), on peut légitimement se poser cette question en apprenant que les farines animales vont sans doute être réutilisées pour nourrir les poissons d’élevage, la volaille et enfin l’élevage porcin.

Les plus jeunes d’entre vous se souviennent peut-être mal de la « crise de la vache folle », épidémie qui, en 1996, a provoqué 200 décès… et une jolie panique ! A l’origine : le prion de l'ESB ( encéphalopathie spongiforme bovine ) transmis à l’homme par le biais de bovins nourris avec des farines animales provenant de carcasses d’animaux morts – ces mêmes farines bon marché qu’on se propose de… remettre sur le marché pour des raisons climatiques - et, euh, financières ?

Et qui, parmi vous, se souvient du film ( 1973 ) Soleil Vert de Richard Fleisher, dont le scénario était tiré du roman éponyme ( 1966 ! ) de l’écrivain de SF Harry Harrisson ?

Le sujet ( du roman, donc du film ) ? En 2022, sur Une Terre exsangue et surpeuplée où la famine menace, la population survit grâce à un lobby de l’agroalimentaire et à son étrange aliment, le fameux « Soleil Vert ».

Le rapport avec les farines animales ?

Devinez ! Ou lisez le livre ( et à défaut hélas, procurez-vous le DVD du film ! )

Un indice : on utilise aujourd’hui des farines à base de déchets carnés pour fabriquer des aliments destinés aux animaux eux-mêmes destinés à être consommés par des humains.

Un soupçon : et si, demain, pour gagner du temps ( et de l’argent ), on faisait l’économie d’une partie de la chaîne ?

Question ultime : jusqu’où pourrait-on aller ? La réponse, Soleil Vert la donne.

Un autre écrivain, Romain Gary, en livrait une version SF ( mais si ! ) à la fois humoristique et cruelle dans son excellent roman ( méconnu ) Charge d’âme ( 1977, réédité en Folio en 1991 ), dans lequel un savant découvre qu’en mourant, un être humain dégage… une forme d’énergie récupérable. Et il en imagine des conséquences savoureuses !

Qu’on ne me dise pas : « on n’ira jamais jusque là ! »

Relisez plutôt Le meilleur des mondes ( 1932 ) ou 1984 ( 1948 ). Et vous constaterez que sur le plan de la génétique, de la novlangue, de Big Brother et des caméras vidéo de surveillance, la réalité a rejoint la fiction sans que la population s’en émeuve !

A terme, ce problème des farines animales repose le problème de la consommation de viande.

Dès les années 70, dans mes débats avec de jeunes lecteurs, j’affirmais que dans moins d’un siècle, la consommation de viande sur Terre serait sinon interdite ( pour des raisons d’économie, de santé et d’éthique ), du moins plus du tout tendance – à l’image de ce qui se passera d’ailleurs pour… la cigarette.

Attention : ce discours n’est pas militant. En effet, je mange de la viande ; et au village, notre ( excellent ) boucher est un ami !

Mais nos goûts sont une chose et l’avenir de la planète ( et de ses habitants ) une autre.

D’ailleurs, pour ralentir sa propre consommation de viande, il suffit de voir l’un de ces reportages dénonçant l’élevage intensif ( de bovins en Argentine, de porcs et de poulets plus près de chez nous… ) et les conditions stupéfiantes dans lesquelles les animaux sont transportés et abattus.

Ah… c’est l’heure du déjeuner. Bon appétit !

CG

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