Aux Pays Bas, Onno Quist, issu d’un milieu aisé, calviniste et aristocratique, est un dilettante cultivé, original et provocateur, essentiellement occupé à déchiffrer les caractères ésotériques d’une pierre ancienne... Rompant les liens avec sa famille ce 13 février 1967 au soir, il se fait prendre en stop par un inconnu, Max Delius, astronome amateur de femmes dont la mère juive a été déportée, dénoncée par un mari collabo.
Bien que très différents, les deux hommes deviennent vite complices, et proches au point de vivre ensemble. Max tombe alors vraiment amoureux d’une jeune fille attachante : Ada. Union à laquelle il met fin par maladresse.
Onno devient alors le fidèle compagnon d’Ada.
A la suite d’une invitation assez baroque à Cuba, tous trois participent malgré eux à un colloque révolutionnaire. Un soir, l’improbable a lieu : à l’instant où Onno trompe brièvement Ada avec une belle Cubaine, Max couche avec Ada.
Un enfant extraordinaire en naîtra : Quinten.
Qui est le père ?
Impossible de le savoir — seul Max, sa vie durant, sera tenaillé par le doute.
Peu avant la naissance de Quinten, le père d’Ada décède. Le trio ( qui est revenu aux Pays-Bas ) se rend chez l’épouse du défunt, Sophia, pour l’avertir, triste mission... Sur le trajet a lieu un accident au cours duquel Ada sombre dans un profond coma, dont elle ne sortira pas. Il faudra provoquer l’accouchement.
Conscient qu’il est incapable d’élever seul son ( ? ) enfant, Onno le confie à Sophia, sa grand-mère, et à son ami Max... qui d’ailleurs entretiennent une étrange liaison charnelle secrète !
Max, Sophia et Quinten emménagent dans un château où grandit l’enfant. Il est beau comme un dieu, à la fois taciturne et surdoué, obsédé par une architecture dont il rêve, et qui possède le secret du grand tout...
Un secret que l’astronome Max découvre à la seconde où une météorite le pulvérise !
Entre-temps, Onno, qui s’est tourné vers la politique et a échoué ( à cause de ce fameux voyage à Cuba qui décidément le poursuit ) fuit le château pour disparaître et vivre en ermite. A dix-sept ans, Quinten décide de retrouver son père.
Il y parviendra ; et tous deux partiront alors, via Rome, Florence et Jérusalem en quête de l’Arche d’Alliance – ou plus exactement des Tables de la Loi que Quinten retrouve et veut ( imprudemment ) remettre à leur place !
Ainsi résumé, ce récit peut déconcerter. C’est d’ailleurs le cas !
Il faut savoir qu’il est encadré et coupé de temps à autre par un étrange dialogue entre deux anges, dont l’un a d’ailleurs à peu près tout manigancé depuis de début : rien n’arrive au hasard, ni la rencontre entre Onno et Max, ni le coma d’Ada et la naissance de cet enfant au destin exceptionnel qu’est Quinten.
Cet été sont venus nous rendre visite comme chaque année mon vieil ami hollandais Cor-Jan ( je le connais depuis... 1963 ) et son épouse. Il m’a demandé quels auteurs hollandais je connaissais. Honte sur moi ! A part Robert van Gulik...
— Il faut absolument que tu lises Harry Mulisch et La découverte du ciel !
C’est fait. Et j’en sors à la fois ébloui et décontenancé.
C’est là un roman inclassable, entre... Da Vinci Code et Le pendule de Foucault !
Son intérêt, outre les rebondissements incessants, réside dans la personnalité de tous les protagonistes et surtout dans les dialogues, qui fourmillent de références culturelles multiples, tour à tour d’ordre historique, politique, astronomique, sémantique et religieux.
C’est un fourre-tout apparent, très improbable, que structure la présence de ces deux anges et une vision cosmogonique ambitieuse. On va sans cesse du réel à l’extraordinaire, du quotidien à l’exceptionnel. Bref, il faut entrer et plonger dans ce long et passionnant récit ( 1140 pages, tout de même... ), foisonnant et attachant, pour en ressortir à la fois perplexe et stupéfait, nourri davantage de questions que de réponses.
Dans la catégorie des OVNI, un modèle !
Lu dans sa version poche, ouvrage fort épais... un excellent rapport qualité-prix !