France-Info, le 8 décembre à 7 heures du matin…
1/ Long flash spécial consacré à la victoire historique de l’Olympique Lyonnais contre l’équipe de Zagreb, 7 buts à 1 – un événement majeur.
2/ Quelques mots sur la réunion, ce même jour, du sommet européen. En cause : l’avenir des 27 pays de l’Europe en général et de l’euro en particulier.
3/ Accessoirement, on apprend que quels que soient les chiffres de décembre, 2011 sera l’année la plus chaude jamais connue sur notre planète : novembre est plus chaud de 1,4° par rapport aux moyennes saisonnières ! Le record de production de CO2 aura également été battu, contrairement aux vœux pieux et aux intentions théoriques qui ont suivi le protocole de Kyoto ( pour les oublieux, 182 pays ont accepté en théorie ou ratifié en 1997 ce protocole qui préconisait d’abaisser progressivement la production des gaz à effet de serre… ouarf, quelle utopie ! D’autant que parmi les non-signataires, on trouvait, excusez du peu, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis ! ) Le sommet de Durban va s’achever sur des bonnes intentions et des promesses. Bah, on fera mieux la prochaine fois ?
J’avoue ( une fois de plus, devrais-je ajouter ) être assez stupéfait par l’ordre d’importance accordé à ces événements. Pour ma part, je l’aurais volontiers inversé. Parce que le troisième point me semble primer sur les deux autres.
Les deux autres ? Mais oui !
A quoi bon se préoccuper de la crise de la dette et de l’avenir de l’Europe si, dans les décennies à venir, on ne contre pas un réchauffement climatique qui, à terme, bouleversera l’économie mais aussi la survie de toute la planète ?
Mais voilà : aux yeux des journalistes ( ou plutôt aux responsables des diverses chaînes, soucieux avant tout de capter l’attention des auditeurs ), l’important, c’est ce qui intéresse le public en priorité…
Donc les résultats du foot.
Je propose de modifier quelques vieux dictons toujours d’actualité :
* non plus « du pain et des jeux » mais « des jeux et du pain », la coupe du monde de foot, le loto, le rubgy et les tournois de tennis ayant la priorité sur les problèmes de pouvoir d’achat.
* non plus « Après nous, le déluge » mais : « Après moi, le réchauffement climatique ! »
Dans mon roman Face au Grand jeu ( paru en 1975 à la Farandole, épuisé et jamais réédité ), le mot d’ordre des économistes qui gouvernaient le monde du futur était : « Vivez d’abord, vous paierez ensuite ! »
C’est un peu ce que nous avons fait sur le plan financier : nous avons vécu à crédit en laissant à nos enfants... les dettes.
Sur le plan climatique, idem : après l’avoir vidée de son charbon, de son gaz et de son pétrole, nous laisserons aux générations futures le soin de gérer une Terre exsangue et surchauffée. Avec, en prime, quelques tonnes de déchets nucléaires ( du type strontium et césium ) à longue durée de vie.
Longue ? Une paille : 28 000 ans.
Il est vrai que d’ici là… « l’humanité disparaîtra, bon débarras ! »
Mais là encore qui se souvient de René Dumont ?
Et qui connaît Yves Paccalet ?
CG
P.S. Ecrivain et écologiste militant, Yves Paccalet est l’auteur de: L'Humanité disparaîtra, bon débarras ! (2006), « plaidoyer contre la politique de croissance sans limites, responsable selon lui de l'épuisement de la planète et, à court terme, du risque de disparition de l'espèce humaine dans la violence la plus extrême. » ( Wikipédia )