A la suite de la mort ( un meurtre ! ) de son père, Michel hérite ; sur un coup de tête, il décidede voyager. Célibataire quarantenaire velléitaire et blasé, il n’est pas vraiment passionné par son poste de fonctionnaire au Ministère de la Culture…
Au cours de ce premier voyage organisé ( en Thaïlande ), il fait la connaissance de Valérie ; mais il préfère la fréquentation des prostituées et des salons de massage à celle de cette Française qui, pourtant, attire son attention.
C’est au retour en France qu’ils deviennent amants…
Or, il se trouve que Valérie travaille dans le tourisme ; assistante de Jean-Yves, elle vient d’accepter une ( double ) proposition d’emploi de la part d’Aurore, le premier groupe hôtelier mondial. Objectifs : gagner des parts de marché et trouver de nouveaux concepts.
D’abord simple observateur ( et amant de Valérie ), Michel suggère bientôt à Jean-Yves de donner aux touristes ce qu’ils recherchent en priorité sans se l’avouer : du sexe.
Ainsi naît le projet Eldorador Aphrodite… dont les premiers succès augurent un avenir très, très prometteur !
- Pourquoi n’as-tu jamais fait la critique d’un roman de Houellebecq ? m’ont demandé plusieurs amis.
Euh… pour deux raisons :
1/ j’évite de céder à la mode, d’évoquer ce dont tout le monde parle déjà, et de mêler ma petite voix aux critiques qui fleurissent dans tous les magazines !
2/ Quitte à me faire des ennemis ( car je sais qu’il y les inconditionnels de Houellebecq… et ceux qui le condamnent résolument ! Faut-il vraiment choisir l’un des deux camps ? ), j’avouerais que… Houellebecq me semble un écrivain important.
Qu’il soit sympathique ou pas n’a pas à entrer en ligne de compte.
J’ai d’ailleurs croisé Houellebecq à ses débuts, aux Utopiales de Nantes ; et l’homme m’a paru à l’image de ses écrits : distant, indifférent, cynique-limite-méprisant… difficile de s’en faire un ami ! Mais je ne crois pas que j’aurais trouvé Stravinsky ou Picasso sympathiques, ce qui ne m’empêche pas d’admirer leur oeuvre.
Le narrateur de Plateforme est sans doute très proche de l’auteur. Accro du sexe, égoïste et jouisseur, en quête de femmes ( ou de « la femme » ? ), il n’a pas de but et surtout pas d’idéal ; il survit tant bien que mal dans cette société de marché où l’intérêt immédiat et le principe du plaisir ont la priorité.
Aussi, à mes yeux, Plateforme est un constat. Un constat cynique et déplaisant, certes, mais dépourvu de toute hypocrisie. Comme un Le Pen dont les propos choquent, Houellebecq fait parler, agir et réagir son narrateur à la manière d’un contemporain de notre société occidentale décadente ( l’adjectif n’est-il pas superflu ? ), un consommateur dépourvu de scrupules et pour lequel, dans une économie de marché poussée au bout de sa logique, le tourisme sexuel constitue un débouché idéal pour des pays émergents dépourvus de matière première.
Aux lecteurs qui hurlent : « c’est honteux ! », j’objecterai que le rôle de l’écrivain n’est pas d’être moralisateur mais de se faire l’écho du monde contemporain. Et notre économie, désormais, c’est cela : la recherche de tous les filons susceptibles de rapporter des parts de marché, qu’il s’agisse d’exploiter les dernières ressources de notre planète exsangue, ou… le matériel humain. Que les Européens aillent en Thaïlande pour avoir du sexe à bon marché est scandaleux ? Peut-être, sous-entend Houellebecq, mais pas plus que le fait que des Africains meurent de faim, ou que des enfants indiens crèvent en récupérant les matériaux toxiques de nos vieux navires de croisière ou de guerre…
Là comme ici, c’est le jeu de l’offre et de la demande, la recherche effrénée du « retour rapide sur investissement ».
Même si je ne cherche pas à convaincre, un constat s’impose : Houellebecq se lit. C’est agréable, fluide et… dérangeant. Malgré un manque apparent de suspens, cet auteur possède un ton détaché qui tire sans cesse le lecteur en avant.
Certes, les besoins sexuels de Michel relèguent les frasques de DSK à celles d’un enfant de chœur débutant : ici, l’échangisme et les salons SM font partie du quotidien ! Mais voilà : l’action de Plateforme est entrecoupée de multiples réflexions parfois inattendues, souvent choquantes ( mais toujours bienvenues ) sur la vie, l’amour… et l’économie de marché.
Le lecteur peut être dérangé, gêné, il ne sera jamais indifférent !
Houellebecq doit parfaitement assumer le rôle du méchant qu’on lui prête… les dérives de cette société qu’il décrit ( avec complaisance ? ) ne l’empêchent nullement de fonctionner ainsi. Et de force ( mais, hum… de gré aussi, non ? ) nous en sommes les acteurs et les complices.
Lu dans sa version d’origine, la prestigieuse « collection blanche » ( non : jaune ! ) de chez Flammarion !
1 De valentini -
HOUELLEBECQ n'est pas un con
Houellebecq est un agent de la production capitaliste. À la solde de l'impérialisme, forcément. C'est donc un monsieur sérieux. Pas comme moi. Ce qui ne l'empêche pas d'être un con. Je rigole. C'est du second degré. Je ne suis pas stalinien. Donc, agent du capital dans les rangs prolétariens. Seul un con pouvait écrire cette dernière phrase. C'est le retour du second degré.
Comment sortir de ça ?
(lire la suite sur lapetiteguerre.overblog.com)