La loi est passée : au concours d’entrée de Sciences Po et de plusieurs grandes écoles, on a supprimé l’épreuve de culture générale.
Objectif : ne pas pénaliser les candidats issus de milieux modestes.
Et pour démontrer le caractère démocratique de cette mesure, on interviewe des jeunes qui en effet affirment : est-ce que c’est important de savoir où la Loire prend sa source et qui est le peintre Géricault ?
Quelle perte de temps et d’énergie en effet !
Etrange mesure toutefois, qui fait suite à l’obligation aux étrangers sollicitant la nationalité française de connaître l’origine de la Bastille ou les fleuves et les montagnes de France… obligation dont sont dispensées les futures élites de la Nation !
Il est vrai que la culture a changé, il suffit de voir les nouveaux jeux à la télé où les questions portent sur les comédiens des séries américaines des années 80.
Aujourd’hui, c’est quand vous ne savez pas qui était Whitney Huston ou si vous n’avez pas vu La vérité si j’mens 3 que vous passez pour un plouc.
J’exagère ? Regardez donc, dans la dernière pub de votre supermarché, de quoi parlent les « pages culturelles » !
Il fut un temps où l’on saluait la culture de la rue comme si la connaissance naissait spontanément, de même que « le bon sens populaire ».
Aujourd’hui, la démocratie revient à encourager le peuple à regarder TF1 et à lui demander d’aller voter ensuite. On oublie que le plus grand nombre a droit au meilleur. Et surtout aux moyens d’y accéder.
Mais c’est bien plus pratique de penser que la culture ( la vraie, celle qui cherche à apprivoiser les connaissances pour affiner son sens critique et sa pensée ) n’est plus tendance.
D’ailleurs, aujourd’hui, dans certains collèges, la pire des insultes, c’est intello.
1 De msalvateur -
A bas la culture
Mr. Grenier:
C’est par un pur hasard que j’ai appris votre nom et votre blog. Le coupable : Georges Simenon et son Maigret.
En Espagne ça se produit d’une façon pareille. Sauf que n’ayant le préjugé de la nationalité on considère la Houston comme un vrai personnage de culture, même dans les programmes-concours les plus sérieux de la télé. Le pire c’est que les noms qui occupent des tas d’heures de programmation sont des gens qui ne sont rien du tout. Si une quelconque starlette a un amant et cet amant accepte raconter des intimités plus au moins sordides dans une programme à la mode, devient immédiatement en célébrité. C’est l’homme du moment. Ses maîtresses deviennent-elles aussi en célébrités. À la fin on perd la piste. Qu’est ce qu’a fait celle-ci ou ceci pour occuper l’écran de nos télés ?
À l’école après la transition déjà lointaine de la dictature en démocratie, l’état centrale a délégué des tas des compétences aux autonomies régionales. Même en matière d’éducation. Les autonomies ont priorisé la connaissance de la géographie et l’histoire locale ou régionale contre l’histoire et la géographie générale de toute l’Espagne. C’est bon et éducatif connaître son territoire et ses ancêtres les plus proches. Mais on a produit une génération ou deux d’espagnols qui ne savaient où placer les principales villes de son pays.
Ce n’est pas une consolation mais un refrain de chez nous dit : « En cualquier lugar cuecen habas ». La traduction littérale c’est : n’importe pas où, on cuit des fèves. C’est partout pareil , crois-je que c’est l’équivalent.
Manuel de français
Post-scriptum :
2 De Marc Mosnier -
Film à voir absolument :
" Idiocracy " de Mike Judge.
On est en plein dedans.
3 De Grenier -
Merci à toi, Cher Marc, pour cet appui et ce conseil - et à vous, msalvateur, pour ce clin d'oeil venu d'Espagne où, semble-t-il, la situation n'est pas meilleure qu'en France !
C'est déjà une ( petite ) consolation de savoir que nous sommes quelques uns ( et qui sait, un grand nombre ! ) à déplorer cet état de fait !
4 De Ansi -
Encore une fois, on nivelle malheureusement par le bas. Il est vrai que l'épreuve de culture générale favorisait les étudiants issus de milieu aisé. Au lieu de traiter le problème (supprimer la cause) en donnant aux étudiants de milieu défavorisé une réelle chance d'acquérir cette culture, on se contente de supprimer la mesure des conséquences.
J'ai assisté à certaines tentatives d'égalité des chances à Sciences Po, dont le recrutement spécifique pour les élèves issus de ZEP. Sont-ils entrés ? Oui. Ont-ils été intégrés ? Pas franchement. Le fait d'être rentré a-t-il comblé l'écart de culture (on pourrait parler de l'écart de maitrise du français) entre eux et les élèves du recrutement traditionnel ? Non.
Mais continuons à tirer le niveau vers le bas. Bientôt, nous serons ainsi tous titulaires d'un doctorat...
5 De christian grenier -
... sans parler, Ansi, des consignes données dans certaines académies pour noter certaines épreuves sur... 24 !
En effet, au lieu de supprimer la cause, on tente de gommer le résultat ou de le falsifier. Idem pour le chômage ou le réchauffement climatique !
CG
6 De Vavi -
Il serait tout de même dommage que nous, adolescents, apprenions quelque chose. On risquerait de devenir (presque) intelligents...