Sous ma plume, cette affirmation ne serait pas un scoop.
Mais avez-vous noté qu’elle est devenue une véritable antienne prononcée par un nombre de plus en plus grand d’invités de la télévision ?
Des écrivains ?
Mais, non !
Hommes politiques, journalistes, comédiens, chanteurs… mais aussi sportifs de tout poil, sans parler des personnes mises en examen et des repris de justice que les informations ont placé sous les feux de l’actualité !
Là encore, j’entends des voix s’élever ( mais après tout, c’est bien là l’objet de ce blog : réagir… pour faire réagir !).
« Ah ah… un écrivain devenu jaloux de la concurrence ! Jugez-vous que l’écriture est une chasse gardée ? De quel droit voudriez-vous empêcher les gens de s’exprimer ? »
Non, non, vous vous trompez d’arguments ! Et ceux qui me connaissent bien le savent parfaitement.
Après tout, de De Gaulle à Mitterrand en passant par Bayrou et Juppé, certains hommes politiques ont un joli brin de plume, une expérience, une culture et/ou des convictions dont ils veulent faire profiter les lecteurs. Passons sous silence certains académiciens dotés d’un peu moins de talent, ou les vedettes un peu trop débordées qui chargent un nègre du travail d’écriture ( ce qui est souvent plus prudent ).
Parmi les métiers cités plus haut, je ne mets pas non plus en cause les auteurs authentiques, j’ai ici même salué les ouvrages d’Annie Duperey et ce n’est pas parce qu’on est acteur qu’on n’est pas aussi écrivain !
Non.
Ce qui me frappe dans ce désir récurrent émis par des célébrités confirmées ou passagères, c’est l’obstination à vouloir diffuser sa pensée ou ses opinions… par le biais du papier.
Car enfin, la plupart des personnes susmentionnées n’ont souvent besoin ni de droits d’auteur ( elles gagnent déjà beaucoup d’argent ), ni d’un public élargi ( elles auront cent fois moins de lecteurs qu’elles n’ont eu d’auditeurs ou de téléspectateurs ! ), ni de notoriété, puisqu’elles sont déjà célèbres ?
Il me semble donc à la fois étrange et flatteur que de telles célébrités du monde de la politique, de la scène, du sport ou de la chanson, et j’en passe, soient si soucieuses, surtout à l’heure où le numérique prend le relais du papier… d’ écrire un livre.
Au fond, c’est très rassurant ! Tout se passe comme si, une fois sa notoriété assurée par le plébiscite des urnes, une fois des records battus, des disques d’or décrochés, des césars ou des oscars distribués, une fois le public saturé par le passage récurrent de sa propre tronche à la télé… il fallait obtenir le Sésame, la consécration suprême, la seule qui, loin des succès éphémères et superficiels offerts par les images, la radio et la presse, offre la vraie, l’unique reconnaissance et l’espoir d’une possible éternité : le livre.
CG
1 De Claire K -
Bonjour!
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il est frappant que tant de "célébrités" se mettent soudain à écrire des livres. Mais franchement, je ne suis pas sûre qu'écrire un livre soit à ce point une consécration pour une "célébrité", en tout cas pas à long terme. Oui, c'est une certaine recherche de respectabilité, parce qu'écrire est plus "prestigieux" que tenir vaguement à jour un site internet, et que dans un débat politique, ça fait toujours bien de dire des choses comme "dans mon dernier livre..." ou "si vous aviez lu mon livre, vous sauriez que...", même s'ils n'ont pas nécessairement lu eux-mêmes un livre "sous-traité". Mais un livre peut aussi très bien être un succès superficiel (et encore, le succès n'est pas garanti), étant donné la durée de vie de certains ouvrages qui semblent écrits en fonction du contexte et qui n'ont pas même vocation, pour certains, à exprimer quelque chose d'inédit ou d'intéressant.
Un livre est une forme de reconnaissance officielle, mais je ne suis pas aussi optimiste que vous à ce sujet...
Claire.
2 De GRENIER -
Merci, Chère et fidèle Claire, pour ces remarques très pertinentes.
Le livre est , en effet devenu le dernier signe de reconnaissance...
De même qu'il faut avoir un blog, ou qu'il avoir lu ( tel livre ) ou vu ( tel film ) ou posséder au poignet une Rolex quand on a plus de 50 ans... il faut montrer qu'on a publié un livre lorsqu'on a acquis une ceraine notoriété !
3 De Vavi -
Tout à fait d'accord avec Claire et vous ! Cela va plus loin : l'homme politique, après avoir écrit (ou fait écrire... Qu'importe ?) "son" livre, estime avoir droit à la "reconnaissance" qu'il pense dû à ses "talents" d'"auteur".. (Ça fait beaucoup de guillemets non ?) En bref, je garde le souvenir amer d'un certain candidat aux présidentielles (ça a été lui, ç'aurait aussi bien pu être un autre) se pavanant comme un paon, l'an dernier au Salon du Livre de Paris. Les médias n'étaient intéressé que par sa présence, et lui était au centre de l'attention... Les gens ne venaient même plus pour le Salon. Ça m'en a un peu gâché ma journée.
Tout ça pour dire que, tout comme vous, je suis lasse de voir tout un chacun prendre la plume pour un oui ou pour un non, sous prétexte de se faire un coup de pub, ou bien de "prouver" quelque chose (quoi ?). Laissons chacun faire ce qui est en ses compétences ! A-t-on jamais vu un auteur se présenter aux présidentielles, sous l'unique prétexte "qu'il sait écrire des livres ?"
Vavi
(aussi co-"auteure" - allez, disons plutôt rédactrice ! - d'un certain - et récent TPE... ;))
4 De christian grenier -
Merci, Chère Vavi - et chère collègue !
pour ce commentaire que je découvre avec un mois et demi de retard... et beaucoup de plaisir !