La muraille invisible, Henning Mankell

En ce début d’octobre 1997, plusieurs drames sans lien apparent vont survenir à Ystad, petite ville suédoise dans lequel travaille l’enquêteur Kurt Wallander.

D’abord la mort inexplicable du consultant en informatique Tynne Falk, devant le distributeur bancaire où on le retrouvera quelques heures plus tard.

Ensuite l’agression froide et sauvage d’un chauffeur de taxi que tuent deux lycéennes de 19 et 14 ans. Sans autre motif que lui voler un peu d’argent. L’aînée, Sonja, est sans remords et sa complice Eva quasi mutique. Lors d’une entrevue houleuse entre sa mère et elle, Wallander s’interpose – mais un journaliste le photographie alors qu’il gifle Eva – après que celle-ci a agressé sa mère. Ce geste malheureux risque de lui valoir sinon sa place, du moins un blâme. Car par la suite, mère et fille feront front pour assurer que le geste de Wallander était gratuit.

Finalement, Sonja parvient à s’enfuir ; et l’on va retrouver peu après son corps électrocuté à l’intérieur d’un transformateur électrique dans lequel son mystérieux agresseur est parvenu à entrer, après avoir laissé ( volontairement ? ) de troublants indices.

Enfin, la même nuit, le corps de Tynne Falk est volé à la morgue !

Très troublé, Wallander enquête, persuadé qu’existe un lien entre tous ces faits survenus à quelques heures d’intervalle. Peu féru en informatique, il fait appel à Robert Modin, un jeune hacker surdoué. Ce dernier va bientôt mettre à jour une conspiration stupéfiante qui pourrait bien permettre, le 20 novembre, le piratage simultané de nombreuses grosses banques dans le monde, de quoi créer une panique financière planétaire…

Entre-temps, une collègue de Wallander, Ann-Britt, lui révèle que l’ami et camarade de Kurt, Martinsson, le jalouse, ment et intrigue, car il brigue sa place.

Par ailleurs Linda,  la fille de Wallander, le convainc de passer une annonce dans un site de rencontres. Une certaine Elvira Lindfeldt répond aussitôt. Mieux : elle se révèle plutôt séduisante. Wallander, après son divorce, va-t-il pouvoir filer à nouveau le parfait amour ?

Pas simple, en menant cette enquête aux ramifications complexes !

 

Ce long et passionnant roman a deux petits défauts.

Le premier va irriter pendant un mois et demi ( et sur près de 500 pages ! ) à la fois Kurt Wallander et son lecteur : eh oui, si tous ces faits et personnages sont bel et bien liés, il faudra attendre le dénouement pour en établir les jonctions… de quoi perdre un peu patience !

Le second, aussi décevant pour l’enquêteur que pour le lecteur, est qu’une grande partie des détails ( réalistes et vraisemblables ) ne seront en fin de compte jamais élucidés. Frustrant.

Cependant, ces imperfections apparentes renforcent la crédibilité de ce gros récit. En effet, dans la réalité, c’est souvent ainsi que les choses se passent… quand l’enquête aboutit, ce qui est heureusement le cas ici !

On peut aussi être étonné par l’ampleur du sujet de ce roman policier ( rien moins qu’une cyber attaque mûrie pendant des années par des fanatiques ! ) et par la fragilité ou la minceur des éléments épars qui vont permettre à Wallander d’empêcher les criminels d’agir. Deux complices dont les motivations ne semblent pas toujours convaincantes.

Mais que les amateurs d’Henning Mankell se rassurent : ces réserves n’empêchent nullement La muraille invisible d’être un roman majeur, qui préfigure la retraite d’un héros à la fois très attachant, un peu démuni, souvent dépassé et de plus en plus fatigué.

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