Harcélement, Guy Jimenes, Oskar

     Au collège de Rauches, Valentin Boubard est le petit nouveau dans la classe de Bastien et de son copain Karim. Le problème, c'est que Valentin n'est pas tout à fait comme les autres. Naïf, il se laisse volontiers chambrer par ses camarades. Aussi, n'a-t-il pas des goûts et des comportements bizarres ? Fils de Franck, un musicien, il est bon élève, aime lire, apprécie le blues ( un certain Sleepy John Estes ) et tombe un peu amoureux de la belle Alice, une élève de sa classe. Un jour, Valentin, à vélo, renverse Fatima, la sœur de Karim. Témoin, Bastien fait alors courir le bruit que Valentin l'a fait exprès. A la suite d'un anniversaire se pose la question : prétentieux, original, trop gentil, Boubard ne serait-il pas un peu pédé ?
     C'est le début d'un enchaînement infernal qui va transformer Valentin en souffre-douleur de la classe en général, et de Bastien en particulier. On crache en douce sur lui, on crève les pneus de son vélo, on prétend qu'il est trop gros, qu'il sent mauvais...
     Oui, Valentin est persécuté. Mais il refuse de le révéler à la CPE, au Principal, à ses profs, à ses parents. Sinon, il passerait pour un délateur — ou, pire encore peut-être... pour un faible ?
     Retards et mauvais résultats s'accumulent. Valentin redoute de plus en plus d'aller en classe. Après une humiliation collective dont il a honte, Bastien commence alors à le racketter...

     Ce récit est la véritable autopsie d'un « harcèlement » scolaire dont l'issue, imprévisible, surprend autant qu'elle bouleverse. Ce témoignage offre une structure particulière : deux ans après les faits, le narrateur entrecoupe son histoire avec la déposition de plusieurs élèves et enseignants, enregistrées par une psychologue qui, jamais, ne prendra la parole, et dont on aura la teneur des questions, des réactions et des opinions grâce aux seules réponses de ses interlocuteurs successifs.
     Le ton du roman est celui de la conversation, monologues successifs d'adolescents qui relatent à leur façon l'arrivée de Valentin dans la classe et les motifs multiples et subtils d'une inexorable descente aux enfers. Ainsi sont présentés les malentendus qui, peu à peu, entraînent les élèves à une série de persécutions. Au départ, ces jeux pouvaient ressembler à un bizutage en règle — mais la limite est vite franchie, quand, comment ?
     Graves questions...
     La vérité, c'est que je connais Guy Jimenes depuis plus de vingt ans.
     J'apprécie énormément l'homme — et au moins autant ce qu'il écrit. Est-ce la raison pour laquelle cette confession m'a plus que touché, bouleversé ?
     Ce récit exemplaire touchera tous les jeunes, leurs parents — sans parler des enseignants. Avec subtilité, rigueur et honnêteté ( on est aux antipodes du manichéisme ! ), l'auteur démonte un à un les mécanismes du harcèlement, moral et physique.
     Un ouvrage à lire ( et à faire lire ) d'urgence.

     Lu dans son unique version, un joli moyen format mi-souple solide et d'une lecture bien agréable.
     CG

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