Douze ans après...

Abonné au magazine LIRE, j’ai retrouvé quelques vieux numéros encore sous bande – donc non lus. Il est toujours édifiant de se (re)plonger dans de vieux magazines, histoire de voir ce qui est ( ou n’est plus ) d’actualité…

Justement, le numéro 281 ( décembre 1999 & janvier 2 000 ) demandait à 27 écrivains comment ils imaginaient le prochain siècle.

Euh… loin de répondre à la question, la plupart d’entre eux, très prudents, l’éludent d’une pirouette ! Interrogés, les philosophes Clément Rosset et Paul Virilio se font très évasifs…

Sur les « 20 meilleurs titres de l’année », une bonne moitié est le fait d’auteurs oubliés. Avec, en revanche, de ( futures ? )  valeurs sûres comme Echenoz, Gavalda, Reza, Roth et Le Carré.

Côté pub, je suis frappé par la présence des stylos : Waterman, Caran d’Ache, Parker, Mont Blanc, Cartier… presque rien sur l’informatique, une seule pub pour un portable ( Nokia ) mais déjà, une page réservée au « multimédia » au titre provocateur : « Devenez écrivain on line ! ».

 

A l’époque, sur les 150 pages du magazine, LIRE en consacrait quatre à la jeunesse… contre une seule aujourd’hui. Eh oui, la jeunesse avait la cote !

Sur ces quatre pages, deux concernaient les critiques d’ouvrages destinés aux enfants… de 2 à 5 ans : seize articles, excusez du peu. Une traitait des documentaires ( pour les 4-10 ans, 10 articles ). Une dernière enfin, s’intitulait : « les romans des grands ». Avec six critiques d’ouvrages pour les 7-8 ans, 4 pour les plus de 11 ans ( dont un Harry Potter ) et une seule pour les 13 ans et plus.

Une tendance qui, en douze ans, s’est accentuée : LIRE ne consacre lus qu’une seule page à la jeunesse ( mais deux à la BD ! )

Et les romans destinés aux aînés ont quasiment disparu, ce que confirment les confidences de nombreux documentalistes de collèges : « les élèves lisent encore en sixième, en 5ème beaucoup moins et quasiment plus en 4ème-3ème ».

 

Certains se réjouissent d’ailleurs de la quasi disparition de cette « littérature pour adolescents » souvent accusée d’être artificielle, comme s’il allait de soi de passer des albums pour lecteurs débutants à Zola ou Camus. Une contradiction d’autant plus flagrante que l’adolescence, depuis quelques décennies, a plutôt tendance à se prolonger. Un phénomène accentué ( à mes yeux ) à la fois par les nouvelles recommandations ministérielles ( revenons aux classiques ! ) et l’invasion des nouvelles technologies.

A quinze ans, on doit à la fois se plonger dans Stendhal ( pour les profs ) et passer ( avec les copains ) des heures à envoyer des textos, telécharger de la musique ou des films, et visiter ( ou créer ) un blog tout en allant voir du côté de Twitter ou de Facebook.

Douze ans plus tard, les habitudes de lecture ( et d’écriture ), notamment celles des jeunes, ont changé. Et le livre-papier semble de plus en plus en danger…

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