Mes deux Allemagne, Anne C. Voorhoeve, Bayard ( Millézime )

A 13 ans, la jeune Lily vit à Hambourg en internat. Sa mère Rita est en train de mourir d’un cancer. Son père est mort en montagne peu de temps après sa naissance, et elle ne l’a jamais connu. Quant à Pascal, l’ami de sa mère, il ne semble guère décidé à l’adopter.

A 13 ans, la jeune Lily vit à Hambourg en internat. Sa mère Rita est en train de mourir d’un cancer. Son père est mort en montagne peu de temps après sa naissance, et elle ne l’a jamais connu. Quant à Pascal, l’ami de sa mère, il ne semble guère décidé à l’adopter.

La seule vraie famille qui reste à Lily, c’est sa tante Lena, la sœur de sa mère, qui habite en RDA, avec son mari Rolf et leur fils Till. Sauf qu’ils ont aussi une mystérieuse fille de 15 ans, Kathrin, dont Lily apprend l’existence peu avant le décès de sa mère, en novembre 1988…

Rita meurt. Et  Lily revoit enfin sa tante Lena, qui a franchi légalement le Mur pour se rendre à Hambourg aux obsèques de sa sœur. Orpheline, menacée d’être confiée à une famille d’accueil, Lily est vite touchée par la gentillesse de cette tante qu’elle ne connaît quasiment pas. Dès lors, elle n’a plus qu’une obsession : fuir l’internat et la rejoindre, en Allemagne de l’est !

N’est-ce pas là, autrefois, que les parents et grands-parents de Lily ont vécu, et sont morts ?

Enceinte, sa mère avait choisi de passer à l’ouest pour y rejoindre celui qu’elle aimait. Ce qui impliquait d’abandonner à leur sort en RDA ceux qui s’étaient fait les complices de sa fuite.

L’exil volontaire de Lily sera pour elle l’occasion d’un pèlerinage, d’un retour aux sources, mais aussi d’une réflexion sur la séparation, celle des deux Allemagne comme celle de deux sœurs ( sa mère Rita, sa tante Lena ). Réflexion aussi sur la disparition, la mémoire et le travail de deuil.

Seulement voilà : aller à l’est signifie franchir le Mur… mais dans le sens opposé à ce que font ordinairement les Allemands reclus en RDA !

Une fois passée à l’est, Lily comprend vite qu’elle n’est pas forcément la bienvenue, ni dans le pays, ni dans sa famille. Et qu’il y a dans cette nouvelle famille un vieux secret de qui pourrit la vie de toute le monde. La fameuse Kathrin va notamment donner à Lily bien du fil à retordre. Mais heureusement, il y a son cousin Till !

Cette histoire de famille est sans doute ( en partie ? ) authentique.

Au-delà de ce récit exemplaire, il s’agit là d’un témoignage précieux de la vie quotidienne en RDA depuis la naissance de ce pays jusqu’à la réunification des deux Allemagne. Témoignage d’autant plus direct et authentique qu’il n’a rien de manichéen. Il ne s’agit pas d’une diatribe anticommuniste, même si sont évoqués sans tabou la STASI et les nombreux interdits qui régnaient en RDA. Le premier soupirant de Lena, la tante de la narratrice, Bernd Hillmer ( hum, Himmler n’est pas loin ! ), est d’ailleurs devenu un agent de la la police secrète !

Ce récit, que Lily nous livre après la réunification, alors qu’elle est adulte, est d’ailleurs autant l’histoire de son adolescence que celle de sa mère Rita ( traumatisée par la mort brutale de ses propres parents à la suite d’un accident de voiture ) et de sa tante Lena, qui n’envisagerait pas une seconde de quitter la RDA même si l’occasion lui en était donnée !

Si ce livre m’a particulièrement touché, c’est parce que j’ai connu les deux Allemagne.

En mars 1989, je me trouvais ( avec ma fille, adolescente et déjà germaniste ) à Berlin Est. Mais cet ouvrage séduira un large public, et il éclairera bien des lecteurs sur une réalité historique et humaine souvent déformée par les médias.

 

Lu dans son unique et fort belle version : un Millézime de 350 pages au papier blanc épais. Une typographie impeccable – et une lecture aisée, très agréable !

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