Lovée au bord de la mer, au pied de la montagne,
Ma ville chantait la joie de vivre, respirait le bien-être
Et conjuguait le bonheur à tous les temps…
Ainsi parle le Coiffeur de cette ville idéale dans laquelle tous les hommes se sentent frères, à l’image de Karim et Amine, qui pourtant vivent l’un à l’est et l’autre à l’ouest, réunis cependant, dans la maison centrale par le joueur de oud dont le chant adoucit le cœur des passants, chant dont les deux enfants connaissent l’un les notes et l’autre les paroles.
Mais voilà : des hommes venus d’ailleurs viennent un jour semer la folie, le meurtre et la guerre. Ils tuent le joueur de oud, créant une scission irrémédiable entre ceux de l’est et de l’ouest. Seul le coiffeur, tristement, continue inlassablement sa tâche, sans distinguer les anciens frères devenus ennemis.
Jusqu’au jour où…
Avec cette superbe parabole, ce conte court et exemplaire, Philippe Barbeau livre aux jeunes ( et aux moins jeunes ) lecteurs une facette inattendue de son talent. Ici, chaque mot fait mouche, comme s’il s’agissait des paroles mêmes de ce joueur de oud assassiné… dont la musique, cependant, permettra une réconciliation inattendue, aussi logique que poétique.
Car c’est de poésie qu’il s’agit, rythmée de page en page par « le silence des pierres » qui, tour à tour, apaisent, enchantent, séparent, protègent…
Ces pierres, magnifiquement illustrées par Marion Janin, symbolisent autant les maisons que les murs, pierres que les hommes assemblent et détruisent dans leur propre pays.
Ce bel album enchantera les doigts, l’œil, l’oreille et l’esprit.
Le texte, riche et sobre, évoque des situations et des images ; et les images se prêtent à mille et une évocations et interprétations.
Une vraie réussite !
Un album de format moyen, au fort cartonnage, dont le papier épais met en valeur des illustrations qui sont autant de tableaux !