Céleste et la banque des rêves, Carolyn Coman & Rob Shepperson, Bayard

A l’arrière de la voiture, interdit de rire ! ont toujours dit M. Mme Scroggins à leurs deux filles Céleste et Vanille.

Mais Vanille a ri. Et les parents l’ont abandonnée sur le bord de la route. Pour toujours !

De retour à la maison, ils réquisitionnent même la chambre de leurs filles pour remiser Céleste au garage. Epouvantée par la disparition de sa petite sœur, Céleste rêve de Vanille…

Une nuit, elle est embarquée par M. Obleratta, un camionneur qui a pour mission de la déposer à la BMRS, la Banque Mondiale des Rêves et des Souvenirs. Là, Mme Violette lui fait visiter cette entreprise kafkaïenne et farfelue : la Salle des Coffres à rêves et la Galerie des Souvenirs,  souvenirs réduits à des billes : de petites sphères si lourdes qu’elles défient le poids de l’oubli.

L’ennui, lui explique M. Sterling, le responsable de la Banque, c’est l’action de sabotage permanent qu’inflige le GTR ( le Gang des Tables Rases ) à leur établissement, des galopins qui sèment le désordre. Et dont l’héroïne, Tabby ( pour Tabula Rasa ) réserve une belle surprise finale à M. Sterling.

Séduite par les lieux, et peu pressée de revenir chez elle, Céleste propose ses services pour nettoyer les milliers de boîtes qui contiennent les précieux Souvenirs Eternels.

Son objectif ? Mettre la main sur celui de Vanille – et, qui sait ? retrouver sa petite soeur…

Farfelu ? Sans doute !

Aussi s’agit-il là d’un conte moderne ( et cruel ) dont l’univers rappelle à la fois celui de Peter Pan et le meilleur d’Alice au pays des merveilles. Un conte aux métaphores multiples : sur l’importance des souvenirs, de l’amour, sur l’abandon… et sur la mort, jamais nommée.

Les illustrations de Rob Shepperson, proches d’un Sempé rigolard – mais toujours tendre et drôle, enrichissent le récit tout en le complétant d’une manière très originale. Le lecteur de dix ans y trouvera déjà son compte, mais l’adulte, lui, sera tour à tour amusé, ému et bouleversé par les multiples réflexions qu’offre ce récit… qui n’est simple qu’en apparence !

Un conte fort et original.

Un très beau livre, épais ( 280 pages ) et luxueux, qui mêle habilement le texte et les images – toutes en noir et blanc.

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