Le roman, Michel Raimond, Armand Colin

Contrairement à son titre, Le Roman n’est pas un roman mais… un essai universitaire sur le roman ! Malgré son âge ( 1996 ), ce livre n’a pas pris une ride. Et il répond aux questions qu’on est en droit de se poser sur… l’origine historique du genre, ses variantes au fil des siècles avec une « exigence de vérité » de plus en plus affirmée, son approche, au XIXe siècle, du récit contemporain, miroir d’une société passée au crible – avec, comme il se doit, une place de choix réservée à l’étude des œuvres de Balzac, Flaubert, Zola ( intentions, personnages, structure… )
L’auteur ( spécialiste de Proust ) se penche ensuite sur la diversité apparente des thèmes que le roman aborde ( ah… au genre science-fiction, il accorde, page 31, deux lignes et demi – c’est peu, je l’admets ! ), sur sa composition et sur les problèmes de narration qui, de gré ou de force, s’imposent d’emblée à l’auteur.
Il conclut en se penchant plus particulièrement sur… les notions de temps ( « vitesse du récit, jeux avec le temps… », d’espace ( description, imaginaire et variantes ) et de personnages.
Quel plaisir de constater que Michel Raimond n’hésite pas à se référer à des auteurs souvent boudés par l’université : Alexandre Dumas, Jules Verne, Colette, Jacques Laurent. Il nous rappelle aussi que toute œuvre littéraire n’est pas la réalité, même quand elle tente de la restituer. La mission de l’art, écrivait Balzac, n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer. A méditer… comme le sont mille autres citations et réflexions de l’auteur !

Pourquoi accorder une place à ce livre relativement ancien ? Parce qu’il aborde un thème qui est cher à tout lecteur, quel qu’il soit… et aussi à tous les écrivains. Sans doute peut-on me rétorquer qu’il n’est pas utile d’étudier le mécanisme ou l’histoire de la marche pour apprécier le deux cents mètres ou se lancer dans un marathon. Mais quand on écrit ( ou quand on est un lecteur assidu du genre romanesque ), lire cet essai est un bonheur de tous les instants. D’autant que son style, certes soutenu, est tout à fait accessible.
Le romancier, affirme l’auteur, introduit le temps à l’intérieur de l’homme et il raconte l’histoire d’une destinée qui se construit peu à peu au contact des choses et qui est constamment en rapport avec le devenir du monde.

Format moyen et petits caractères, cet ouvrage est réédité – et s’il est accessible en Kindle… je le recommande évidemment sous sa forme papier ! J’ai pour ma part surligné des dizaines de passages qui sont autant de formules magiques ou d’informations essentielles !

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