« Boudin », c’est le surnom affectueux dont les camarades d’Elise l’ont affublée en 3ème.
A 15 ans, avec son 1,60 mètre pour 62 kilos, Elise n’est pourtant pas grosse ; dans son journal intime, elle se juge « ordinaire, sans grâce, manquant de finesse et d’élégance ».
Elle décide donc de se mettre au régime. Décision d’autant plus difficile que son père est le chef cuisinier dans son restaurant « La Gourmandine ». Si elle a renoncé à devenir danseuse, Elise aimerait au moins aller à la piscine sans craindre les regards goguenards des autres filles, et peut-être espère-t-elle attirer un peu plus ceux des garçons, qui la boudent.
Dès sa rentrée en Seconde, son régime fait effet. Son poids chute à la mesure des calories réduites : Elise passe de 1000 à 500 calories par jour, et se fait vomir en cas d’ « excès ». Après des vacances avec une copine en Haute Savoie, où elle est enfin libre de ne pas manger, elle arrive à 42 kilos.
Inquiets, ses parents l’obligent à consulter…
Ce récit relate avec réalisme et délicatesse un fait divers hélas banal et en l’occurrence réel : l’écrivain Roselyne Bertin a eu en effet la douleur de voir sa fille Marie tomber dans l’anorexie, un phénomène qui touche un pourcentage grandissant de filles de plus en plus jeunes. Celles qui en sont passées par là ( et surtout leurs proches ) retrouveront les symptômes d’un parcours bien connu : les mots qui blessent, l’isolement, la décision secrète de perdre du poids jusqu’à l’entêtement, l’aveuglement… puis les difficultés à sortir d’une ornière de plus en plus dangereuse, malgré les soins, les psys, l’amour et l’attention des parents.
Ce petit roman exemplaire écrit à quatre mains ( Elise tient son journal intime, mais l’auteur, extérieur, donne son point de vue ) est à la fois un avertissement, un guide… et la preuve qu’une issue existe, même si elle est souvent plus lointaine et difficile à atteindre qu’on ne le pensait.
Lu dans la collection Métis, un bel ouvrage mi-poche. Un texte ( et une collection ) épuisé, depuis une dizaine d’années et qui reste cependant d’une triste actualité.
1 De Léonie -
Je suis moi même en train de lire un roman qui parle de l'anorexie, il s'agit de "Sobibor" de Jean Molla, peut être connaissez-vous ?
2 De christian Grenier -
Bien sûr, je connais Sobibor - un bijou, un vrai chef d'oeuvre, même si l'ouvrage, grave, est quasiment traumatisant.
Jean Molla est un ami, un camarade et un compagnon de route.
Sobibor, dont j'ai parlé ( et dit le plus grand bien ) à sa sortie, est sans doute son ouvrage majeur. Sans être passé inaperçu, il n'a pas eu à mes yeux l'écho qu'il méritait, à l'image du camp de Sobibor dont il ne reste plus rien...