Une vie française, Jean-Paul Dubois, L’Olivier

Toulouse, le 28 septembre 1958.
Au moment où naît la Cinquième République meurt le jeune Vincent, le frère aîné du narrateur, Paul Blick. Sur fond de gaullisme obligé et d’événements d’Algérie, Paul grandit entre une grand-mère autoritaire, une mère correctrice de presse et un père dépressif obsédé par les Simca, dont il est l’un des concessionnaires. Initié aux choses de la vie par son copain David Rochas et quelques petites Anglaises, Paul vit 1968 en guitariste amateur et en gauchiste convaincu. Etudiant qui n’étudie pas, il devient pion et fréquente une assistante dentaire experte, Marie, avant de tomber amoureux de la belle Anna Vilandreux qu’il décide de faucher à son amant du moment, Grégoire Elias, pour l’épouser. Embauché par son beau-père dans un journal sportif, il fait fortune de façon inattendue en publiant un livre de photos sur les arbres, provoquant ainsi la jalousie de sa femme qui, après avoir récupéré l’entreprise de jacousis de son père, se débat avec des problèmes de gestion et les deux enfants que son mari lui a fait… et dont il s’occupe assez peu.
Au fil des présidences diverses et de quelques liaisons extra conjugales, Paul voit son père mourir, sa mère souffrir d’Alzheimer… avant que deux événements familiaux dramatiques ne bouleversent son destin.
En parallèle, Jacques Chirac achève ( difficilement ) son dernier mandat…

Une Vie de Maupassant revue et corrigée à la lumière des Trente Glorieuses, tel pourrait être le sous-titre de ce récit dont le résumé donne une bien pâle image. En effet, tout l’intérêt du destin de Paul Blick réside dans une narration à la première personne dont le style choisi, à la fois précieux et élégant, dissimule un humour désespéré qui fait sans cesse hésiter le lecteur entre le rire et les larmes. Dilettante anarchiste et attachant, Paul Blick jette sur le monde un regard aussi acéré qu’ironique et désabusé – le même, au bout du compte, que celui qui brosse le décor politique du récit : Paul Blick, qui ne vote pas, est aussi féroce avec les politiques qui gouvernent la France qu’avec ceux qui l’entourent et gèrent tant bien que mal une vie qui, le plus souvent, leur échappe.
Une anecdote : après avoir vu, avec plaisir et émotion, le film tiré de cet ouvrage, je l’ai déniché dans ma bibliothèque et je me suis plongé dans sa lecture… avant de reconnaître, stupéfait, en marge, des remarques au crayon dont j’étais évidemment l’auteur. J’avais donc lu ce roman quelques années auparavant – et j’en avais peut-être même rédigé la fiche pour mon site ( hum… je n’ai pas le courage de vérifier ! Mais il serait intéressant, si c’est le cas, de comparer mes deux résumés et critiques ! )
Inoubliable, ce roman ? Il faut croire que non.
Et pourtant, cette seconde lecture me laisse une impression très forte. Il faut lire ce récit… et même peut-être le relire pour en apprécier l’émotion.

Lu ( et relu ! ) dans sa belle version grand format, au papier blanc et épais, dont la jaquette représente, flous, une maman et ses deux enfants à l’arrière d’une… Simca ?

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