Les désarrois de Ned Allen, Douglas Kennedy, Belfond

La première partie de ce roman commence comme une fulgurante et dangereuse ascension… et s’achève… en une brève descente aux enfers !
Ned Allen est le brillant et prometteur responsable des ventes de CompuWorld, troisième ( et bientôt deuxième ? ) magazine informatique américain. Marié à Lizzie, il file le parfait amour et respecte son supérieur, Chuck, tout en protégeant la petite équipe qu’il dirige.
Mais à la veille de Noël se profile un gros lézard : GBS, un annonceur qui avait réservé un gros espace publicitaire, retire soudain ses billes, créant à quelques jours de la parution un vide de six pages dans le magazine et une perte sèche de quelques milliers de dollars.
Ned parviendra à rattraper le coup de justesse grâce à une entourloupette peu glorieuse, un chantage vis-à-vis du responsable de l’annonceur de BGS, le louche Ted Peterson.
Dans le même temps, le groupe allemand Klang-Sanderling rachète le journal et, sous le sceau du secret, propose à Ned de prendre la place de Chuck dès la nouvelle année. Ce qui tombe à pic car doubler son salaire permettrait à Ned de faire face à bien des engagements et crédits dans lesquels il s’est imprudemment engagé.
Après avoir frôlé la catastrophe, un avenir brillant s’annonce donc à notre héros. De quoi rassurer sa femme Lizzie ( qui travaille dans la communication ), car peu auparavant, une fausse couche et un gros malentendu ont bien failli faire capoter leur couple.
Las ! Le 2 janvier, au retour du couple d’un petit séjour enchanteur à Nevis ( près de l’île de Saint Kitts, Caraïbes… ), Ned va affronter un cataclysme professionnel et sentimental… conséquence des casseroles imprudentes qu’il a laissées derrière lui pendant les 200 premières pages de ce haletant thriller.

Car ce roman est à 100% dans la veine de Douglas Kennedy ! Un héros d’origine modeste sorti du rang, soudain promu à un avenir enchanteur, et qui plonge d’un coup dans l’abîme, au moyen d’un suspens mené de main de maître, d’un décor sentimental, professionnel et financier très maîtrisé, et d’un rare sens du suspens.
C’est aussi, en filigrane, une leçon de morale au vitriol : le rachat inattendu ( et pourtant prévisible ) de Klang-Sanderling par… le groupe Spencer-Rudman, fait partie des risques inhérents à la belle économie de marché dont Douglas Kennedy, depuis près de vingt ans, se fait le critique opiniâtre et convaincu.

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