Les 39 marches, John Buchan ( une aventure de Richard Hannay ), Omnibus

1914… De retour d’Afrique du Sud, Richard Hannay s’ennuie à Londres. Jusqu’à ce que son voisin ( le capitaine Théophilus Digby, qui prétend d’abord s’appeler Franklin P. Scudder ), lui confie qu’il est en danger de mort. Il sait en effet que Constantin Karolidès, honnête homme politique grec, est l’objet d’une machination et sera assassiné le 15 juin prochain. Sa mort risque de déclencher un conflit mondial. Traqué, Digby-Scudder sollicite l’hospitalité. Bien que Hannay juge qu’il a affaire à un esprit dérangé, il héberge l’étrange individu… qu’il découvre le lendemain poignardé dans sa chambre ! Troublé, Hannay comprend que son hôte a sans doute dit vrai, et qu’il est lui-même en danger, dépositaire de faits importants.
Il fuit – mais il est vite traqué par les organisateurs ( « La pierre Noire » ) de ce complot ; et il va errer de cachette en cachette avec, pour seul indice, trouvé dans le carnet de la victime, un lieu non identifié – il sait seulement qu’ « on doit descendre 39 marches pour parvenir à la mer à marée haute »…
Hannay échappera-t-il à ses poursuivants ? Karolidès sera-t-il assassiné ? Un possible conflit mondial finira-t-il par se déclencher ? Il faudra attendre… la toute dernière page pour l’apprendre, dans la meilleur tradition des futures « cinq dernières minutes ».

Si peu de gens ont lu le roman, tout le monde connaît l’adaptation qu’en a fait Alfred Hitchcock au cinéma – un thriller magistral inspiré d’une des aventures d’un héros né en 1917… Mais qui sait qui est l’écrivain John Buchan ?
De même qu’on connaît souvent les « récits fondateurs » du fantastique ou de la SF…  - le fameux Double assassinat de la rue Morgue n’est-il pas, dit-on, le premier « récit à énigme » à l’origine du genre policier ? - on ignore que John Buchan est sans doute l’inventeur… du futur roman d’espionnage !
Cet avocat anglais ( qui n’a jamais exercé ) passionné de politique, auteur de récits de SF alors que le genre naissait à peine aux USA, a longtemps fréquenté le 10 Downing Street.
Il s’est intéressé de près aux origines du premier conflit mondial. Il est arrivé en littérature grâce à son ami et agent secret Iron Side qui lui servira de modèle pour son héros Hannay. Un autre ami, Tommy Nelson, va l’ouvrir à la littérature dès 1907 en  lui confiant la direction de sa petite maison  d’édition ( ou plutôt de réédition ) de romans populaires… eh, oui, les fameuses Editions Nelson qui ont tant fait fureur en France entre les deux guerres, et même après ! ( J’en possède une centaine d’exemplaires )
John Buchan va alors fréquenter les milieux politiques et rédiger ces fameuses 39 marches, sorte de répétition générale de l’assassinat de l’archiduc d’Autriche à Sarajevo.
Si ce roman, première aventure de Richard Hannay, n’est pas un chef d’œuvre, il s’agit d’une vraie curiosité littéraire. C’est avant tout une course-poursuite rocambolesque, avec une série de déguisements pas toujours vraisemblables. Mais voilà : c’est là le premier texte ( fort documenté par ailleurs ) qui relève du récit d’espionnage, avant ceux de Pierre Nord et de Ian Flemming ( j’en passe ! ). Improvisé agent secret bien malgré lui, Richard Hannay n’a rien d’un James Bond. Il se cache, ment, se déguise, prend des coups et ne se montre guère téméraire, ballotté par un complot qui le dépasse. Mais le héros ( un peu oublié… ) de John Buchan n’en est que plus attachant et crédible.
Il faut ici lui rendre hommage.
Lu dans la superbe version complète des Aventures de Richard Hannay parue en Omnibus. Un vrai « faux Pleïade » imprimé sur papier bible de 1160 pages, à la belle couverture souple et solide.

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