L’image scientifique de l’univers est très récente. « Avant le XXe siècle, les scientifiques étaient convaincu que l’univers ne pouvait avoir eu d’histoire ». Paul Valéry et Gaston Bachelard « doutaient qu’une science de l’univers fût possible ». Eh oui, même après 1930, la notion d’univers était la chasse gardée des métaphysiciens, nous explique Etienne Klein après nous avoir présenté les différentes théories de la « création du monde » dans l’histoire.
Il faut donc attendre Einstein, Hubble et surtout Georges Lemaître pour commencer à envisager ( en 1927 ! ) que « l’univers pourrait être en expansion » !
Aujourd’hui, vous croyez savoir que tout a commencé avec le fameux big bang il y a 13,7 milliards d’années ? Pas si simple, nous démontre l’astrophysicien en condamnant d’ailleurs ce terme impropre ( créé par Fred Hoyle, un astronome pourtant farouche partisan de la « création continue » ! ). Eh oui, pas d’explosion créatrice, pas d’ « instant zéro ». En vérité, nus ne sommes pas du tout sûrs … que l’univers a eu un commencement !
Si la relativité générale d’Einstein a enfin changé notre vision de l’univers, la découverte des interactions électromagnétique, nucléaire faible et nucléaire forte ( auxquelles s’ajoute la vieille gravitation ) va changer toute la donne. Certes, on remonte assez bien l’histoire de l’univers jusqu’à 380 000 ans après le « big bang »… mais avant, « la lumière ne pouvait pas se propager librement dans l’espace ». Et si l’on remonte plus tôt encore, on se heurte au fameux « mur de Plank » ( 10-43 secondes après le big bang ).
Plusieurs théories s’affrontent alors pour expliquer « par quelle sorte de conversion ce qui n’est rien peut devenir un monde » ! Par exemple la théorie des « cordes et des supercordes », qui suppose d’autres univers à…6, 7 ou 22 dimensions ! A moins que le big bang ne soit qu’une « transition de phase entre deux périodes de l’univers ». « non pas un grand boum mais un rebond violent qui a suivi une contraction très rapide de l’univers » , selon Martin Bojovald de l’université de Pennsylvanie.
Vous n’avez pas tout suivi ?
Dommage, parce que c’est passionnant !
D’ailleurs je vous rassure : nul besoin d’être agrégé de physique pour lire ce petit essai qui tente de répondre à la question que savons-nous de l’univers et de son commencement ? Avec patience, humour et précision, pimentant son propos d’étonnantes anagrammes ( l’origine de l’univers = un vide noir grésille ), Etienne Klein tient son lecteur en haleine – même s’il est parfois utile de réviser quelques notions élémentaires, ou de relire une phrase au départ complexe ou déconcertante. Ce Discours renferme d’étonnantes révélations et bouleverse nos certitudes, par exemple sur cette fameuse « matière noire » qui est plutôt… transparente, et dont l’existence serait un leurre… si l’on corrigeait les lois de la gravitation. On apprend aussi que l’expansion de l’univers… s’accélère. On découvre surtout qu’au fil des recherches des astrophysiciens, le problème de l’ « origine » ( et la matière première ) se complexifient, comme en témoignent ces probables nouveaux venus que sont…les sparticules, le photino et le neutralino ! La matière visible, nos corps, les étoiles et les galaxies ne représentent que 3 ou 4% de ce qui existe, c’est dire si la fameuse « matière noire » a de l’importance et de l’avenir.
Enfin, Etienne Klein s’interroge sur cette fameuse « théorie du Tout » qui obsède ses camarades. Une théorie qui nous livrerait peut être la clé de l’origine de l’univers… sans nous apprendre hélas pourquoi elle a eu lieu ! Le mot « origine » lui-même est sans doute impropre et trompeur. Et si, demande-t-il, les lois physiques changeaient au cours du temps ?
Dans une conclusion éblouissante ( et… un peu clinquante ? ), Etienne Klein appelle alors les philosophes à la rescousse : Platon, Leibnitz, Schopenhauer, Kant, Bergson, en nous faisant prendre conscience que les problèmes scientifiques ainsi posés ont pour origine… le langage et ce que nous attendons de la signification des mots.
Certes, Etienne Klein ne nous apporte pas LA réponse… mais il nous livre énormément de clés. Et il possède l’art de nous obliger à nous poser les bonnes questions !
Un vrai livre… de poche ! Un petit format, 150 pages d’une densité étonnante, du condensé scientifique, une vraie petite bible… suivie d’un lexique qui constitue en soi un précieux dictionnaire scientifique contemporain !