La Nuit de tous les dangers, Ken Follett, Le livre de poche

A la veille de la deuxième guerre mondiale, l’hydravion géant Clipper ( le Boeing 314 de la Pan American Airways ) effectue son dernier voyage de Londres aux U.S.A.

Le trajet ( très coûteux ) de ce palace volant se révèle à haut risque.

En effet : à son bord vont cohabiter pendant trente heures le nazi Tom Luther, la famille Oxenford. C'est-à-dire :

  • le père, un industriel fasciste

  • sa femme, docile et opportuniste

  • l’aînée Elisabeth, indépendante

  • la cadette Margaret, résolument socialiste et…

  • le fils, un petit rigolo !

On va aussi trouver dans l’appareil une princesse russe ( Lavinia ) exigeante et grincheuse, Harry Marks - un jeune voyou voleur malin et sympathique, une star de cinéma sur le retour ( Lulu Bell ), un mari jaloux ( Mervin Loseley ) à la poursuite de sa femme Diana qui le quitte, une PDG veuve ( Nancy Lenehan ) à la poursuite d’un frère qui cherche à la gruger… j’en passe !

Réunis dans l’hydravion pour un voyage mouvementé ( il y a un avis de tempête sur l’Atlantique ), tous ces protagonistes, aux intérêts divers, vont nouer entre eux de multiples relations d’ordre politique, sentimental ou pécuniaire. Avec, en toile de fond, un méchant chantage auquel est soudain soumis l’un des pilotes, Eddie Deakin, dont l’épouse vient d’être prise en otage ; s’il veut la retrouver, Eddie devra faire amerrir l’hydravion sur un bras de mer… l’objectif étant, pour les malfrats, de récupérer l’un des leurs, un passager apparemment tenu sous bonne garde par un membre du FBI.

Ouf !

Ken Follett nous refait le coup d’un voyage en huis clos, genre très prisé par le cinéma et certains thrillers ( même Robert Merle y a cédé avec Madrapour ! ).

Si le roman se lit aisément ( mais il est conseillé de prendre des notes ), l’abondance des personnages se révèle assez vite encombrante. Certes, le lecteur suit avec intérêt le destin de plusieurs protagonistes principaux :

  • l’idylle entre la jeune Margaret Oxenford et Harry Marks ( qui hésite à dérober les bijoux de la mère de celle dont il est tombé amoureux )

  • celle qui va rapprocher Nancy Lenehan et Mervin Loseley 

  • celle qui réunit la fugueuse Diana Loseley et le séduisant Mark

Sans parler des affres du pilote Eddie qui ne cesse de s’interroger sur l’identité du gangster que ses complices veulent récupérer à l’arrivée de l’hydravion aux USA.

On sera surpris par le rebondissement final, et captivé par une dernière scène d’action digne d’un vieux James Bond.

C’est là un bon roman d’action – mais un petit Ken Follett, un ouvrage qui repose la question de… « la place du narrateur ». En effet, le narrateur est ici Ken Follett qui, d’un chapitre à l’autre et au moyen de « monologues indirects libres » successifs, nous met dans la peau de tel et tel personnage. Le problème est qu’ils sont nombreux. Certes, l’ouvrage est ficelé de main de maître, car ( au prix d’un certain nombre d’invraisemblances… les faits se déroulent si vite ! ) tout est résolu dans les dernières pages.

Mais le lecteur, à mon avis, n’aura pas vraiment eu l’occasion de s’attacher plus particulièrement à un destin particulier.

Un beau livre de poche épais ( 530 pages ) à l’illustration trompeuse. En effet, malgré la présence finale et très brève d’un petit hydravion, celui qui est représenté en couverture n’a rien, mais rien à voir avec le véritable héros de ce récit : le fameux Clipper !


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