J’aime pas mon nom, Dominique Biton, Oskar

Nicolas Chiche n’aime pas son nom, sujet à mille plaisanteries de la part de ses copains.

Les filles ont bien de la chance, qui « peuvent toujours en changer, se marier pour s’en trouver un autre vite fait ! » Nicolas hésite tout de même à « pousser ses parents au divorce pour se payer un nom tout neuf » Son copain Antoine lui affirme qu’on peut changer de nom ( mais tout bien réfléchi, Nicolas est très attaché au sien ! ) Roméo, un autre copain moins sympa ( peut-être parce que Nicolas a réussi à lui gagner sa magnifique agathe en jouant aux billes ? ) ne cesse de l’humilier en le baptisant Pois Chiche ! Même la maîtresse semble s’y mettre en l’interpellant sans cesse Môsssieur Chiche ( et le vrai, le papa, manque aller la trouver, il est fier de son nom, lui ! ) Bref, c’est la guerre…

Jusqu’au jour où la maîtresse, justement, propose à la classe de constituer des groupes de deux pour effectuer… des recherches généalogiques. Voilà Nicolas ( Chiche ) condamné à travailler en duo avec son ennemi Antoine… qui s’appelle da Silva. L’occasion pour les anciens adversaires d’apprendre pour l’un, qu’il est d’origine juive ( alors que son père s’en fiche, il est athée ! ) et pour l’autre de révéler que ses ancêtres étaient gitans. Ce qui, bizarrement, leur fait un point commun : juifs et gitans n’ont-ils pas été victimes d’une certaine extermination au siècle dernier ?

Nicolas se demande tout à coup si son arrière grand-oncle Alfred, dont on n’a jamais retrouvé la trace depuis la dernière guerre…

Dans le cadre de l’opération « la cadette de mes petites-filles va avoir dix ans », j’ai lu ( et apprécié ) cet ouvrage plus spécialement destiné aux enfants qui n’aiment pas leur nom - ou plus exactement dont le nom prête à la moquerie de leurs camarades à l’école. Une pratique dont beaucoup d’élèves sont victimes – même si, le brassage ethnique aidant, la diversité grandissante des patronymes invite de plus en plus sinon au respect, du moins à la tolérance ( ou à l’indifférence ? ). Un récit qui touche d’autant plus la famille que la mère du père de ma petite-fille ( vous suivez ? ) a… changé de nom !

Autrefois, on me qualifiait souvent de Grenier de Montmartre – cette expression désignait à l’époque l’émission hebdomadaire des chansonniers. Ca m’agaçait sans vraiment me blesser : un camarade à moi s’appelait Taillefesse, et il en souffrait beaucoup. Mon voisin de table, en 4ème, s’appelait Villain. Un nom d‘autant plus difficile à porter que le prof d’histoire avait eu l’excellente initiative, en faisant l’appel le jour de la rentrée, de lui demander s’il n’était pas par hasard « le descendant de Raoul Villain, l’assassin de Jean Jaurès ». On hérite parfois d’une célébrité lourde à assumer !

Nicolas Chiche n’est pas si mal loti ; et même si la conclusion de ce récit peut sembler morale et convenue, elle me satisfait pleinement : on est toujours le compagnon de misère d’un autre… et ça finit par créer des liens. A l’heure où l’on recommence à construire des murs, voici une histoire qui permet d’abattre pas mal de barrières – ou de dissuader d’en construire de nouvelles !

Lu dans sa version d’origine, un mini format ( avec rabat ! ) qui a toute l’allure d’un grand !

CG

Haut de page