La veille de ses dix ans, Tamara prépare son deuil parce que plus jamais on pourra écrire son âge avec un seul chiffre (…) plus jamais on pourra montrer son âge avec les deux mains.
Aussi, Tamara se pose mille questions : pourquoi ne se voit-on pas grandir ? Les adultes se souviennent-ils du jour de leurs 10 ans ? Etait-ce si important ? Et quand elle apprend que sur Terre, quelqu’un meurt de faim toutes les quatre secondes, elle se demande pourquoi ce problème n’a pas la une, chaque jour, dans l’actualité.
Elle interroge sa mère, puis sa maîtresse madame Corbière ( et même la maîtresse de l’année précédente, la si appréciée Mademoiselle Kaladjian ), son camarade Simon… sans avoir de réponse satisfaisante à sa question.
En attendant de pouvoir devenir elle-même Président de la République, elle envoie un courrier à ce dernier. Et comme elle a dû faire quinze brouillons, elle adresse un double de sa lettre au Président des Etats-Unis et à son héros vivant préféré : Zinédine Zidane.
Et elle recevra une réponse – mais si !
Et même une invitation.
J’avoue : la cadette de ma petite-fille aura 10 ans en janvier. Ce qui m’a poussé à acheter ( et à lire, avant de le lui offrir ! ) ce livre. Un choix d’autant plus judicieux que la maman de Tamara ( comme la mère de ma petite-fille, connue de certains lecteurs sous le sobriquet de Logicielle ) est née elle aussi en 1970 !
Au-delà de ces choix et coïncidences, Valérie Zenatti ( auteure à L’Olivier, Prix du Livre Inter en 2015 ) fait se poser à son héroïne des questions simples - celles que les adultes ne se posent plus - et fort pertinentes. Tamara a la candeur et la générosité de l’enfance qu’elle est sûre de perdre. Ses interrogations et ses angoisses, légitimes, méritaient bien ce récit simple, édifiant, dont la morale implicite mérite d’être partagée par les lectrices et lecteurs du même âge. Des questions qui, de façon claire, exigent des réponses complexes mais nécessaires sur le sens de la vie, la responsabilité – celle de chaque individu – en particulier ( et surtout ) celle des politiques pour lesquels on vote, et qui ne sont élus que pour défendre le bien commun. Celui de tous les êtres humains.
La fin pourra étonner ou même décevoir… mais elle a de quoi interpeller, comme on dit.
Et le lecteur est en droit de se demander quelle suite sera donnée à l’entretien entre Tamara et celui qui lui a répondu, et l’a invitée.
Lu dans la Blanche de l’Ecole des loisirs, un grand format mince et luxueux, couleur crème.