À Giverny a été assassiné Jérôme Morval, un riche ophtalmologiste, grand amateur des œuvres de Monet. Le jeune inspecteur Laurenç Sérénac enquête avec son adjoint Sylvio Bénavides. Laurenç est occitan, albigeois… et expert en art !
Bientôt, ils reçoivent cinq photos anonymes montrant la victime en compagnie de cinq jeunes femmes – sans doute les anciennes maîtresses de la victime. Interrogée, sa jeune veuve, Patricia, avoue connaître les liaisons extraconjugales de son mari. L’une d’elles, Stéphanie, l’institutrice du village, dont le mari est très jaloux, n’a pourtant jamais eu de liaison avec Jérôme Morval.
L’inspecteur Laurenç est très attiré par cette séduisante instit... Par chance, un indice va lui permettre de l’approcher de près : une carte d’anniversaire trouvée dans la poche de la victime, pour les 11 ans d’une enfant que les enquêteurs aimeraient identifier… Serait-ce Fanette, l’une des élèves du Cours Moyen, si douée pour la peinture qu’elle a participé au Prix de la Fondation ( américaine ) Théodore Robinson, un peintre qui a fréquenté Monet ?
Ce roman… « policier » ( il en a la structure ) a une grande qualité : il se lit facilement ;, et d’une traite – même si ses 500 pages auraient pu être, euh, réduites de moitié.
L’écriture de Michel Bussi séduit, son roman m’a d’ailleurs été offert par un inconditionnel de cet auteur très populaire. L’écrivain parvient à prendre sans cesse le lecteur par la main malgré la multiplicité des points de vue : celui d’une mystérieuse octogénaire, de l’inspecteur et de Fanette ! ).
Mon ( petit ) reproche récurrent, comme pour Un avion sans elle, du même auteur, concerne la façon qu’a michel Bussi de gagner du temps, de multiplier les détails, les descriptions et les digressions. C’est là un truc pour retenir sans cesse l’attention, mais il comporte un risque : celui d’agacer et de lasser.
Il faut par exemple attendre la page 195 pour qu’apparaisse tout à coup ( enfin ! ) le nom d’un personnage-clé : celui de Robert Roselbo, mort en 1937, à 11 ans, au même endroit et de la même façon que l’ophtalmologiste ; au bord du ru de Giverny.
Il faut aussi lire cinq longues pages ( 210 à 214 incluse ! ) pour attendre que succombe James, le peintre un peu fou qui encourage Fanette ; James est en réalité tué par une pierre en trois secondes. Son agonie est courte mais sa lecture est longue !
Il faut aussi attendre la page 300 pour connaître ( ou plutôt deviner ) l’identité de cette fameuse octogénaire qui soliloque depuis… la page 19 !
En réalité, Michel Bussi n’est pas dupe : il sait qu’il irrite son lecteur ! Il dit, ou fait dire à ses narrateurs successifs, à plusieurs reprises : « oui, je sais, vous vous impatientez, mais vous allez savoir, un peu de patience, je vais tout vous dire… »
Bref, il distille au compte-goutte les informations et les faits en interrompant sans cesse sa narration : des « blancs » sensés intriguer - mais un procédé qui finit par lasser.
Cependant, je me rends à l’évidence : tous ceux ( et toutes celles ) qui lisent Michel Bussi sont emballés et enthousiastes ! Nymphéas noirs n’a-t-il pas reçu 5 prix littéraires en 2011 ? N’est-il pas traduit en 20 langues ?
Certes, l’auteur connaît son sujet. Il aime et apprécie Monet. Il s’est beaucoup documenté. Et sur le plan des inventions métaphoriques, il n’a pas froid aux yeux. C’est imaginé, fleuri – mais décidément, pour une fois, entre la littérature et la peinture, Monet a ma préférence !
CG