A l’école, Henri ( il est en CM2 ) n’est pas un aigle. Bien que séparés, ses parents sont toujours d’accord pour lui reprocher son manque d’ardeur au travail.
Ce qui passionne Henri, ce sont les dinosaures et le big bang. Mais il se demande tout à coup si Dieu ne pourrait pas lui donner un coup de main. Il interroge alors sa mère ( qui y croit un peu ), son père ( qui n’y croit pas du tout ), sa grand-mère ( qui y croit beaucoup ! ) et son grand-père, à l’occasion de vacances forcées à Lille.
A tout hasard, Henri se met à prier, sans que ses résultats s’améliorent. Dieu refuse-t-il de lui venir en aide ? Son grand-père lui explique que c’est plus compliqué que ça…
Et le jour où il rend une rédaction dans laquelle il imagine qu’un ange atterrit dans sa chambre, la maîtresse, Mme Ablette, lui demande de préparer un exposé sur Dieu. Un exposé ? Henri panique… mais heureusement, l’oncle Alfred arrive, prêt à donner un coup de main à son neveu… même si Alfred, lui, est athée !
Depuis longtemps, j’affirme que dans la littérature jeunesse, certains sujets sont tabou – oh, pas l’amour ni le sexe, mais la religion, le monde du travail, ce genre de choses...
Voilà pourquoi ce petit roman a attiré mon attention – euh… et aussi parce que je connais ( et que je suis le travail de ) Marie Desplechin depuis 25 ans ! Il fallait avoir un certain toupet pour aborder ( et pour les plus jeunes ! ) le problème de front : Dieu existe-t-il ? Faut-il y croire ? A quoi ça sert ? Au fait, les gens croient-ils tous au même Dieu ?
Plus culotté encore : le sujet est traité avec légèreté et humour, à la première personne, avec le ton d’un gamin qui dit les choses comme il les pense : nul doute que l’ouvrage, récréatif et pas didactique pour deux sous, sera lu facilement par les 9/10 ans, qui se reconnaîtront souvent dans le portrait que le narrateur fait de lui-même ! L’air de rien, le lecteur apprend beaucoup de choses.
Ah oui, vous allez me demander : est-ce un livre engagé ? Catholique ? Libre penseur ?
Non : c’est un récit utile, à la fois grave et drôle, simple mais pas du tout simpliste.
Comme l’affirme ( page 125 ) l’oncle Alfred à son neveu : « Un gros malin a écrit un jour que Dieu était une mauvaise réponse, mais une bonne question. »
Petit PS : le tome 1 du Journal d’Aurore ( du même auteur ), Jamais contente, vient d’être porté à l’écran.
Lu dans son unique version, la « Blanche » de l’Ecole des loisirs, moyen format, papier épais, grosse typographie – et un magnifique dessin de Gotlieb en couverture !