SCHUBERT, Brigitte Massin, Fayard

Si la musique classique vous laisse indifférent, lecteur, passez votre chemin !

Ce livre n’est pas un roman. Ni une nouveauté ; mais il est toujours d’actualité.

C’est un essai sur le compositeur Franz Schubert.

Un essai ? Le mot est faible. C’est plus qu’un essai, mieux qu’une biographie, c’est une bible : 1400 pages consacrées à la vie et l’œuvre d’un compositeur longtemps méconnu. Eminente musicologue, Brigitte Massin ( 1927 – 2002 ) a consacré ( parfois avec son mari Jean Massin ) un ouvrage de référence à trois compositeurs: Beethoven, Mozart et Schubert.

Faut-il ici rappeler la naissance ( en 1797 ) de Franz Schubert, à Vienne ? Ses dons précoces pour la musique et pour la composition ? Elève de son père ( instituteur ) puis de Salieri, il se lie très vite avec Joseph von Spaun, le poète Mayerhofer et son presque homonyme Franz von Schober. A 18 ans, il a déjà composé des Lieder ( Erlkönig ! ), des sonates, des quatuors, des ouvertures, deux symphonies, un opéra… et une messe – qui, elle, est jouée, contrairement hélas à la plupart de ses œuvres orchestrales.

Aussi malheureux en amour que fidèle et riche en amitié, Schubert va rêver toute sa ( courte ) vie d’une consécration qu’il n’obtiendra que bien après sa mort.

Une fois Mozart et « papa Haydn » disparus ( en 1791 et 1809 ), un géant s’impose : Beethoven. Il sera le modèle, l’idole de Schubert.

Seulement voilà : pour réussir, il faut d’abord écrire des opéras.

Schubert s’y essaiera - sans succès.

Alors il compose des Lieder ( surtout pour Michael Vogl, célèbre baryton d’opéra ) et des œuvres pour des formations modestes ( sonates, trios, quatuors, quintettes – la Truite ! un octuor… ) qu’il interprète avec ( et pour ) un public réduit formé surtout d’amis : les fameuses « Schubertiades ». Parfois, découragé, il laisse un e œuvre inachevée – et pas seulement sa 8ème symphonie.

Atteint de la syphilis, Schubert va mourir en 1828, vingt mois après Beethoven

Sa notoriété naissante va être aussitôt éclipsée par un nouveau prodige : Paganini.

A 31 ans, il laisse une œuvre colossale : 1000 opus - dont 600 Lieder et dix symphonies.

Il faudra attendre 1888 pour que sa dépouille devienne ( comme il l’espérait ! ) voisine de celle de Beethoven, dans le cimetière central de Vienne.

Pourquoi évoquer Schubert en général et cet ouvrage en particulier ?

* Parce que ce compositeur me fascine et me touche, mes lecteurs les plus fidèles le savent.

Il occupe d’ailleurs une grande place dans deux de mes romans ( Le pianiste sans visage et La Fille de 3ème B ) et

* parce qu’il est au centre de mon prochain roman, à paraître chez Syros, dans la collection Tip Tongue.

Aussi, pour évoquer Schubert, je me suis replongé dans l’ouvrage de Brigitte Massin.

La vie de Schubert y est disséquée presque jour après jour, notamment grâce aux souvenirs de ses amis qui ont évoqué le talent, les créations ( parfois les amours malheureuses ), les tourments et les voyages de Franz. Son frère aîné, Ferdinand, a aussi beaucoup parlé de lui dans ses mémoires. Ajoutons que Brigitte Massin, dans la seconde partie de son ouvrage ( histoire de l’œuvre ), analyse la plupart des compositions de Schubert.

Pour un amateur ( au sens propre ) de ce compositeur, ce récit est passionnant, émouvant, précis, nourri de détails aussi précieux que précis. Faut-il que Brigitte Massin ait aimé Schubert pour lui avoir ainsi consacré plusieurs années de sa vie !

Lu dans sa version reliée de 1977 ( une autre version existe, revue et corrigée en 1993 ). En fin d’ouvrage, une centaine de pages de glossaires divers renvoient à de nombreuses références ( dates, noms, extraits, précisions ) Le corpus est lui-même truffé de notes directement accessibles en marge. Une mine !

CG

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