I have a dream, affirmait Martin Luther King.
Mon rêve à moi, plus ambitieux, concernait ( oui, je parle au passé ) le futur de l’humanité.
Il rejoignait les utopies d’un John Wheeler et d’un Elon Musk.
John Wheeler ? Dans les années 90, ce spécialiste de la physique quantique affirmait en substance ( dans un article de la revue Pour la science ) que si l’humanité ne commettait pas d’erreur, elle avait, en germe, les moyens de perdurer pendant des millions d’années1.
Elon Musk ? Le projet le plus fou de ce milliardaire ( il fait atterrir une partie de ses fusées porteuses, il est l’auteur du projet superloop et aimerait coloniser Mars dès 2025 ), son objectif utopique consiste à essaimer l’univers de 1000 milliards d’humains en les faisant coloniser peu à peu les planètes d’autres systèmes.
Des folies ?
Pas tout à fait, si notre humanité s’en donnait à la fois le temps et les moyens.
Mais ce n’est pas le cas, car l’humanité s’offre un suicide programmé.
On évoque souvent la disparition des dinosaures, suite à la chute d’une météorite géante il y a 65 millions d’années. C’est une version réduite de la réalité puisque les causes de cette extinction massive des espèces vivantes sont encore mal connues.
Des extinctions de ce genre, la Terre en a vécu plusieurs.
Celle du Permien-Trias, par exemple ( il y a environ 250 millions d’années ) a vu disparaître 95% de la vie sous-marine et 70% de la vie terrestre.
Ses causes ?
Un réchauffement climatique dû à des libérations massives de gaz à effet de serre. Libérations nombreuses et complexes, notamment volcaniques ).
Un scénario identique pourrait bien nous attendre.
J’entends d’ici les protestations : qu’est-ce qu’on en sait ? Jusqu’ici, on évoque 2° de plus, ce n’est pas grand-chose. On va enrayer ça vite fait ( et/ou ) on trouvera bien des solutions !
La réalité est plus cruelle : enrayer ce réchauffement avant la fin du siècle est de toute façon impossible. Les climatologues le savent : même si l’on cessait dès demain de produire du CO2 ( et on est loin, très loin du compte ! ) ce réchauffement, déjà entamé depuis des décennies, se poursuivrait pendant plusieurs siècles.
En 2100, on sera plus proche des 5° de plus, que des 2° envisagés. En ce moment, le Groenland perd 200 milliards de tonnes de glace par an. Ce n’est pas demain que cette glace reviendra mais ( peut-être et au mieux ! ) dans plusieurs siècles. Voire plusieurs millénaires.
Les conséquences d’un réchauffement inéluctable sont nombreuses et hélas imprévisibles.
Ce qui est sûr, c’est que dans moins d’un siècle ( les enfants qui naissent en ce moment auront 80 ans ), la hausse du niveau des océans, la raréfaction de l’eau potable, les désertifications, la surpopulation ( nous serons 10 milliards en 2050 ; et en 2100, l’Afrique comptera 4,4 milliards d’habitants ) et les migrations massives entraîneront des conflits majeurs que nous redoutons d’imaginer – à quoi bon en parler ou les évoquer ? Ca paraît loin, improbable.
Et l’économie de marché a une priorité absolue : produire et nous faire consommer.
Le décroissance n’est donc pas pour demain.
Et les décennies à venir risquent de surprendre nos descendants, nous leur léguons un futur difficile. Alors autant faire semblant de l’ignorer pour mieux profiter du présent.
Si je partage les craintes d’Yves Paccalet2, je suis en totale opposition avec sa formule : comme la plupart des astrophysiciens, je pense que la Terre est une planète aux capacités rares, peut-être uniques – et l’homme un miracle de l’évolution.
Notre espèce avait les moyens de devenir un modèle d’intelligence – Nietzsche, Arthur C. Clarke et Stanley Kubrick ont ( entre autres ) illustré ce rêve.
Un rêve que notre mode planétaire de société condamne à un cauchemar annoncé.
Après tout, c’est normal : les défauts de notre espèce entraînent inéluctablement son extinction Euh…. non, je refuse de le croire.
L’humanité méritait mieux que ça.
Cette formule, c’est peut-être celle que répéteront tristement les rescapés improbables de notre chute, dans quelques siècles. Quelques siècles… je vois trop loin, vraiment ?
Il y a 500 ans, Léonard de Vinci ( et tant d’autres ! ) nous promettaient le meilleur.
Dans 500 ans, qu’en restera-t-il ?
Oui, je l’avoue : j’ai très peur.
CG
1en maîtrisant la génétique – un projet repris et adapté par les transhumanistes.
2 L’auteur de l’essai L’humanité disparaîtra… bon débarras.
1 De Le cédéiste -
Et cet été, à nous de nous évanouir - mais nous devions être sujets à la raréfaction de l'oxygène à Plaine Dranse, à 1800 mètres, lors de la fête des bergers de la Belle Dimanche - lors de l'écoute des propos du Directeur de l'Office de Tourisme de Châtel, en Haute-Savoie, glorifier sur son estrade, au micro, Monsieur le maire et la délégation qui allaient représenter les Savoie à Dubaï, vanter le ski dans le Chablais et assister à des épreuves en plein désert sous le fameux dôme ! Sic !
2 De Christian -
Eh oui, Cher Christophe,
Certains jugent même que le réchauffement climatique a de bons côtés - pour l'économie : on va pouvoir aller de la Russie à l'Alaska sans être gêné par les glaces ! Et mieux bronzer au Tréport, en attendant de récolter des oranges en Ecosse...
Des rares côtés positifs... et très provisoires.
Ce matin, j'apprends la démission de Nicolas Hulot.
Il était temps ! Tous les bilans qu'il affiche sont en effet négatifs - et il affirme ( dans des termes très clairs pour les initiés, hélas ) que nous atteignons un "seuil de basculement."
A suivre.
CG
3 De Jean Louis Bobin -
Supplément par un autre vieux schnock:
Mes professeurs de littérature (fin des années 40) avaient une vision très pessimiste de l'avenir de l'humanité qu'ils n'ont pas réussi à me faire partager. En revanche, j'adhère au constat de John Wheeler (même génération que mes profs) sur les potentialités de l'être humain. Je vois deux grands projets pour nous conduire à un "meilleur des mondes", qui ne sera pas forcément celui d'Aldols Huxley: l'un est en effet la maîtrise de la génétique, l'autre, le contrôle du climat.
Au passage, je répond à ceux qui disent "2 degrés ce n'est rien": pensez à la Terre comme si elle était un être vivant. Passer de 37°C (310 K) à 39°C (312 K), cela s'appelle une bonne fièvre!
Bien cordialement