Demain, Adam Cohen va épouser Eliza Barlow.
Et ce soir, les Cohen ont convié les Barlow à dîner dans leur jolie propriété entourée d’un jardin anglais où règne un harmonieux désordre.
Mais voilà : les Cohen sont une famille d’intellectuels et de chercheurs.
La vieille Léah Cohen, nonagénaire, a été autrefois une fille qui a tourné les cœurs.
Son fils, le père d’Adam ( Pindar, la soixantaine ), est un spécialiste de… la gastronomie babylonienne !
Son épouse Célia s’interroge longuement sur la façon de placer les invités et sur la nature des mets à servir. Quant à leurs enfants, ce sont tous des originaux un peu déjantés, avec une Sara solitaire et mystique qui affectionne la station prolongée sur les toits et une Naomi ( trop ) discrète, anorexique et voyageuse, spécialiste des scorpions, une femme-enfant que les parents n’osent guère interroger et vont avoir bien du mal à la faire participer au repas.
Quant aux Barlow, ils sont spécialisés dans les affaires, l’immobilier, le droit, la finance… et le golf. Leur ancêtre, Nathan Morrill, est un libidineux un peu embarrassant.
Leur arrivée ( avec une demi-heure d’avance ) sème la panique et la perplexité à la fois chez les Cohen mais aussi chez leurs fidèles domestiques.
Le sujet de cet ouvrage ?
Eh bien chacun de ces ( nombreux ) personnages, dont le passé et les passions sont disséqués par l’auteur, va étudier à la loupe ( et juger ) chacun des autres participants à cette « répétition générale » du mariage.
Si vous êtes amateurs de thrillers passionnants… passez votre chemin !
Ce récit, où ( selon certains critiques ) plane l’ombre de Virginia Woolf, ne comporte bien sûr aucune action, aucun suspens. C’est la description minutieuse et psychologique de personnages hauts en couleur, dont le monologue indirect libre livre des souvenirs, des tics et des jugements sur des étrangers dont le comportement leur paraît évidemment bizarre – chacun voit midi à sa porte, comme on dit.
Salué comme un chef d’œuvre par certains libraires ( et par une amie qui me l’a vivement conseillé ), ce livre peut séduire un certain lectorat… et en irriter vivement un autre.
Pour ma part, j’ai certaines réserves : si les personnages sont originaux et toujours attachants, ils sont très ( trop ? ) nombreux ( ancêtres, parents, enfants, petits-enfants, serviteurs, chien ) – faire des fiches devient indispensable, même si l’ouvrage est court : 250 pages.
L’écriture est certes littéraire ( et parfois, ça se sent… l’auteur nous suggère : voyez comme j’écris bien ! ), mais les procédés redondants : les entractes descriptifs, avec la nappe posée sur la grande table dans le jardin comme leitmotiv, sont rédigés au présent ; et le reste du récit au passé.
Enfin, on passe d’un personnage à l’autre sans lien, un peu au petit bonheur la chance, selon l’humeur - en évoquant ( ou pas ) son passé, ses passions, ses phobies, ses envies, le tout assaisonné d’une sauce à la fois horticole ( superbes descriptions de plantes rares, d’odeurs, de couleurs … ) et gastronomique : amateurs de plats exotiques et rares, prenez des notes !
Bref, un récit très… décalé qui peut autant séduire qu’ennuyer.
Lu dans son unique version, un joli format dont la photo d’un joli vert vif pourrait illustrer la Garden Party de Katherine Mansfield.
CG