On connaît cette formule ( La fin du monde ou la fin du mois ? ) depuis la révolte des gilets jaunes et la promesse d’Emmanuel Macron qui s’engage… à traiter les deux. C’est très courageux. Mais c’est mission impossible.
Je sais que le discours qui suit est à contrecourant de l’actualité.
Mais tant pis.
Assurer la fin du mois, c’est le problème quotidien de millions de Français.
Assurer sa réélection dans deux ou trois ans, c’est le défi permanent des hommes d’état ( Macron, Trump, Poutine… et les autres ! )
Différer la fin du monde, c’est l’obsession des écologistes : Nicolas Hulot, Yann Arthus Bertrand, 15 364 scientifiques ( vous avez lu leur SOS sur Internet ? Tapez Appel des 15 000 ) et accessoirement du GIEC. Un organisme qui, depuis 1988, crie ALERTE ! sans que ses conseils ni les décisions prises ne soient suivies d’effet. Ne parlons pas de la COP 24…
Et cette alerte ne concerne pas 67 millions de Français mais 7,5 milliards d’humains.
Allons ! allez-vous rétorquer. La fin du monde, ce n’est pas pour demain.
Non. Mais pour après-demain. Dans cinq ou six générations - les scientifiques les plus compétents la prévoient.
Désormais, on connaît le bout du chemin. Mais voilà : on préfère ne pas y penser.
Revenir sur la hausse des taxes sur le carburant ?
Bon, c’est vrai : cette hausse était ridicule, provocatrice et improductive.
D’autant plus qu’une part dérisoire de ces taxes devait ( théoriquement ) être consacrée à la « transition écologique ». Mais bloquer le pays pour augmenter le pouvoir d’achat, ça me fait sourire ( jaune ).
Eh oui, chers amis gilets jaunes, chers citoyens du monde, le problème est ailleurs. Quitte à être provocateur jusqu’au bout, je rappellerai qu’il y a 40 ans, le carburant coûtait plus cher qu’aujourd’hui, avec des véhicules qui consommaient deux fois plus. Et l’on commençait à peine à prendre conscience du réchauffement climatique provoqué ( entre autres ) par la consommation du pétrole. Une énergie fossile qui, en réalité, n’a pas de prix.
Parce qu’il faudra des millions d’années pour la renouveler.
Pour la première fois ( enfin ! ), le 22/11/2018, Nicolas Hulot a évoqué la fin du monde. « Peut-être pas la mort de la planète Terre ( encore que… ») mais celle de l’humanité.
Une métaphore ?
Une vue de l’esprit ?
Hélas non : une fois franchi un point de non retour ( dans deux ans, comme le dit Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU ? Plus vraisemblablement avant le milieu du siècle, soit vers 2040 comme le calculent déjà certains climatologues ), l’emballement climatique sera irréversible.
Avec, dans moins de deux cents ans, une survie impossible sur notre planète.
Difficile d’y croire, n’est-ce pas ? Et surtout, trop gênant d’y penser.
Donc… on oublie ! Et on remet le problème à demain.
Sauf qu’on le remet à demain depuis… 1972, c'est-à-dire le premier Rapport du club de Rome.
Parce que gérer le quotidien ( et sauvegarder l’économie, merci, les banques ! ) est bien plus important que penser à l’avenir de nos descendants.
Le défi est pourtant majeur : si des mesures drastiques ne sont pas prises, c’est l’humanité qui va disparaître. Dans des conditions que les collapsologues jugent désastreuses : sécheresses, conflits, pandémies… un futur qui relègue les vieux Mad Max au rang de conte de fées.
On va me rétorquer : vous êtes sûr de ça ? Qu’est-ce qui nous le prouve ?
Oui : la plupart des gens préfèrent ne pas y croire. Ou plutôt prendre ce risque. Parce que c’est plus facile que de changer notre façon de vivre et de consommer.
La fin du mois, c’est le problème des pays industrialisés, riches et nantis.
Pour des milliards d’autres humains, c’est la survie au quotidien : maladies, guerre, manque d’eau potable …
Autrefois, on pouvait dire : « c’est leur problème ! »
Aujourd’hui, c’est plus délicat parce que c’est notre système économique qui les a mis dans cet état ! Nos sociétés industrielles vivent, on le sait, au-dessus de leurs moyens. Au détriment de pays dont les habitants survivent en travaillant pour des salaires de misère et en traitant les déchets de nos belles technologies (comme le font les enfants indiens ).
Pour fêter la coupe du monde de foot, on peut se rassembler à 500 000 sur les Champs Elysées. Pour faire baisser les taxes, on peut bloquer la circulation, les commerces, brûler les préfectures et obliger l’Etat à plier.
Mais combien sont prêts à manifester pour contraindre nos dirigeants à prendre les mesures propres à assurer… la survie de l’humanité ?
Là, il n’y a plus personne. Si : le 8 décembre, 5 000 manifestants dans la « manif pour le climat ».
On laisse faire.
Parce que, pour agir, on ne devrait pas parler de transition mais de dictature écologique. Avec l’arrêt impératif, immédiat, de production de CO2.
Donc l’interdiction absolue de produire ( et de consommer ) du pétrole. Donc celle d’utiliser les voitures, les camions, les avions, les tankers…
Je vous entends éclater de rire :
- Mais ce serait la mort de toute l’économie ! Une régression sans précédent ! Et le risque de produire des révolutions, des émeutes, des famines !
Exact.
Ce serait surtout le prix à payer pour que survivent la Terre et les êtres vivants qui la peuplent. Ne rien faire ( c'est-à-dire laisser faire ), c’est reculer le problème. Parce qu’une fois le point de non retour atteint, les mêmes problèmes ( conflits, famines…. ) se produiront.
Avec, et cette fois sans retour, la disparition de toutes les espèces.
Pessimiste, catastrophiste, cette prophétie ?
J’ai peur de ne pas me tromper.
Et je sais pourquoi Nicolas Hulot a pleuré.
CG
1 De Vincent CAILLIEZ -
Merci Christian pour cette analyse crue, voire brutale, mais nécessaire.
J'espère simplement ne pas être le seul à y réagir.
Vincent.
2 De christian grenier -
Merci, Vincent,
d'être le premier à réagir.
J'espère que ce cri d'alerte aura un écho... et que notre essai trouvera preneur !
Christian
3 De Le cédéïste -
Lire Christian, c’est à chaque fois prendre le risque de se régaler de son style, de son intelligence et de sa culture. Lire Christian, c’est apprendre. C’est aussi devenir plus humain, plus ouvert, plus juste, plus tolérant. Bref… meilleur ! Lire Christian devrait être… obligatoire ! Merci, encore, cher Christian ! Amitiés à vous deux. Christophe
4 De Anne-Marie -
Tout à fait d'accord avec Vincent et Christophe. Avec Christian, bien sûr ! Combien de collègues (ex collègues pour moi mais avec 1 fille prof.doc et une autre prof. d'anglais, je suis au courant de ce qui se passe au collège et au lycée) abordent le problème de la planète avec leurs élèves ? On peut y réfléchir dans toutes les disciplines mais l'Education nationale ne veut pas voir et préfère mettre des drapeaux dans les classes ou faire étudier les paroles de la Marseillaise. Justement ne pourrait-on pas la faire re-écrire par les élèves en changeant les paroles de haine contre des mots de paix et de sauvegarde de la terre ?
Mais Christian, comment vas-tu aller à Chateaurenard, Villeneuve-sur-Lot, au Lavandou… en voiture, bien sûr ! et j'ai aussi mauvaise conscience à prendre la mienne presque tous les jours pour transporter les courses, les petits-enfants, les amies etc. … Je sais bien que tu es vélocipédiste et que les distances ne te font pas peur mais Annette ?
Je suis un peu honteuse de réagir si tard à cette "minute" mais je manque de plus en plus de temps. A y réfléchir, c'est en polluant que je gagne un peu de temps ! Ah ! ce serait un bon sujet de philo. pour les Terminales !
Bravo pour toutes tes analyses de lecture … Tu donnes envie de lire !
Je vous embrasse tous les deux bien fort
Anne-Marie
5 De Alain MICHEL -
Je viens de découvrir votre site et ce texte alarmant et juste. J'y suis arrivé en cherchant les derniers ouvrages publiés pour adolescents, ouvrages d'anticipation tels que celui que vous avez publié il y a longtemps et devenu l'actualité: dans la collection Travelling sur le futur," Le complot ordrien." J'avais participé avec Christiane Germain (Lapp) à la constitution de cette collection et j'avais rencontré quelques conflits avec le secteur commercial pour le choix des couvertures, l'isolement de ces titres dans une collection séparée et même une modification de titre dans le cas de mon roman, "L'énergie d'un fol espoir" étant devenu "L'énergie du désespoir". Malgré cela (!) ces romans permettaient d'intéressantes rencontres avec les jeunes et le débat sur les questions traitées. J'ai regretté que Duculot arrête la collection et disparaisse.
Aujourd'hui plus que jamais, pousser la réflexion au sein des classes ou ailleurs plus loin que la (relativement) simple marche dans les rues me semble indispensable. La lecture de bons romans d'anticipation par tous avant d'en débattre ne serait-elle pas une approche efficace, entraînant les moins motivés ? Qu'en pensez vous ?