La collection de cet ouvrage donne le ton : l’Anthopocène, c’est l’ère ( sans doute fort brève ) dans laquelle l’humanité semble s’être engagée : une progression rapide et mortifère dans beaucoup de domaines : croissance incontrôlée, économie libérale sans frein, surpopulation, utilisation immodérée de toutes les énergies non renouvelables, pollution, destruction des milieux naturels… la liste est longue. Le sous-titre est également éloquent : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes.
L’objectif avoué : montrer et démontrer que sur notre planète, tous les voyants sont au rouge. Comme ne cesse de le répéter Nicolas Hulot : nous fonçons droit dans le mur avec, dans un avenir proche, de nombreuses catastrophes annoncées : cracks financiers, famines, conflits… puis avant la fin du siècle la disparition du pétrole, trop coûteux à exploiter.
Et dans quelques générations la fin de l’humanité, en raison d’un réchauffement climatique désormais incontrôlable.
On va me rétorquer : et il faut lire cet essai catastrophiste ?
Oui. Ne serait-ce que pour comprendre comment on en est arrivé là.
Les signes annonciateurs étaient pourtant là depuis très longtemps !
Certains les avaient supputés dès le XIXe siècle.
Mais en 1972, avec le Rapport du club de Rome ( Halte à la croissance ! ), les experts du MIT ( Massachusetts Institute of Technology ) affirmaient, au vu de la diminution des ressources et de la dégradation de l’environnement, donner soixante ans au système économique mondial pour s’effondrer.
C’était écrit noir sur blanc.
Ce qui suit n’est pas un extrait de l’ouvrage Comment tout peut s’effondrer, mais de Médiapart, dont les conclusions sont identiques au pronostic des deux auteurs de cet essai.
Je n’en change pas une virgule
(https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/080412/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-la-date-de-la-catastrophe)
« L'effondrement pourrait se produire bien avant 2030.
Autrement dit tous les projets envisagés pour le moyen terme de 10 ans seraient impactés, voire rendus inopérants. Les rapporteurs font cependant preuve d'optimisme, en écrivant que si des mesures radicales étaient prises pour réformer le Système, la date buttoir pourrait être repoussée. Rien ne sera fait mais nous devons pour notre part considérer, y compris en ce qui concerne nos propres projets, collectifs ou individuels, qu'aucune de ces mesures radicales ne seront prises. Le système économico-politique, selon nous, ne peut se réformer. Ce sont en effet les décisions des gouvernements, des entreprises et des médias qui convergent pour que tout continue comme avant, business as usual, ceci jusqu'au désastre. Une petite preuve peut en être fournie par le fait que pratiquement aucune publicité n'a été donnée par aucun des acteurs que nous venons d'énumérer à la publication de cette seconde version du Rapport.
Insistons sur le fait que ce n'est pas seulement le réchauffement global qui est incriminé par les rapporteurs, mais plus généralement l’épuisement des ressources et, au-delà, d’une façon plus générale, le saccage catastrophique de l’environnement sous toutes ses formes, autrement dit “la destruction du monde”.
Pour l'empêcher, il ne faudrait pas seulement réduire notre production de gaz à effets de serre, mais s'imposer une décroissance radicale, à commencer par celle qui devrait être mise en oeuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs. »
On peut toujours affirmer : ces avertissements sont ceux d’amateurs pessimistes, de gens peu dignes de confiance ! Que risquons-nous à continuer comme avant ? Avec les progrès de la science, on finira par trouver une solution.
Hélas, ces avertissements sont ceux, répétés par l’appel des 15 000 : des scientifiques précisément, qui affirment qu’aucune solution n’existe – sinon celle de prendre au plus vite des mesures planétaires ( stopper net la production et la consommation d’énergies fossiles, p. 129 ) sans commune mesure avec des revendications concernant la baisse des taxes ou la hausse de notre pouvoir d’achat !
Il n’est plus question de « sortir de la crise », ni même de nous accommoder d’un « déclin ».
Sans action immédiate et efficace, c’est à un effondrement qu’il faut s’attendre.
Ce qui a provoqué cet état de fait ?
Sans doute les inégalités ( cf Comment les riches détruisent la planète, essai d’Hervé Kempf ), la consommation ostentatoire ( page 162 ) dénoncée par le sociologue Thorstein Veblen. Ou, pour résumer : la structure même du capitalisme ( p. 164 ), comme l’affirme l’économiste Thomas Piketty,
CG